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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 6.1911

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Nr. 4
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Reymond, Marcel: Une "Madone" du Bernin à Paris
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https://doi.org/10.11588/diglit.24876#0333

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UNE « MADONE » DU BERNIN A PARIS

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en a assumé toute la responsabilité. Ce n’est pas toujours ce que
l’on fait, et plusieurs grands chefs-d’œuvre du Bernin sont ainsi
méconnus. C’est le cas pour la Madone de Paris, et je puis encore
citer un autre exemple non moins significatif : l’admirable bas-relief
de San Pietro in Montorio représentant Saint François recevant les
stigmates, qui a été exécuté par Baratta, et dont on ne parle presque
jamais parce qu’on y voit l’œuvre d’un artiste qui est vraiment assez
insignifiant, tandis que ce bas-relief doit, au contraire, être considéré
comme une des belles œuvres du Bernin. De même je crois avoir
été le premier à publier Le Christ apparaissant à la Madeleine de
l’église SS. Domenico e Sisto à Rome, cette merveille qu’on passe sous
silence, sans doute parce qu’elle a été exécutée par un élève, et pré-
cisément par cet Antonio Raggi qui a sculpté la Madone de Paris.

Raggi fut un des plus habiles élèves du Bernin. Dès 1540 il tra-
vaille dans son atelier et y reste jusqu’à sa mort. Ce fut un exé-
cutant très expérimenté, mais qui ne se signala jamais par une
très belle œuvre personnelle. Après la mort du Bernin, il continua à
travailler sous la direction d’autres maîtres. Son dernier ouvrage est
le décor de la voûte du Gesù, qu’il fit d’après les dessins du Bac-
ciccio, l’admirable artiste qui peignit la voûte de l’église et en
ordonna toute la décoration.

De tout ceci nous conclurons que la Madone de Notre-Dame est
une œuvre qu’il faut regarder comme appartenant tout entière au
Bernin, une œuvre dont il fit une maquette très précise, œuvre
très belle par sa conception première, et non moins [belle par son
exécution, pour laquelle le Bernin eut recours à l’un de ses meil-
leurs élèves, et où sans doute il mit lui-même la main.

Cette œuvre acquiert en outre un prix tout spécial du fait
qu’elle est la seule Madone que nous possédions du Bernin, et nous
espérons que désormais l’attention du public sera particulièrement
attirée sur cette statue qui, venant s’ajouter aux autres sculptures-
du Bernin existant à Paris, fait de cette ville le centre le plus impor-
tant, en dehors de Rome, pour l’étude de ce grand génie.

MARCEL REYMOND
 
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