JEAN DAMPT
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décerna une médaille de lrc classe et l’État l’acheta Il est si candide
et si vrai! Peu importe son nom : c’est avant tout un enfant en
prière; il répète avec la conscience de son âge ce geste que les siens
lui ont appris et s’applique à bien tenir la pose; formes, mine et
posture, tout indique une observation scrupuleusement exacte.
Moins connue à cause de l’emplacement qu’elle occupe, la figure
de Houlle dénote aussi un vif désir de rester véridique2; elle ne sent
point la reconstitution laborieuse du personnage entrevu à travers
quelques textes; loin de là. Le maître ès meubles, évoqué dans
son costume de travail, attire
comme un portrait bien venu
et l’on s’attarderait volontiers à
lire dans son visage alertement
fouillé.
Grâce à ces derniers travaux,
M. Dampt allait pouvoir voya-
ger; il part pour l’Italie en
octobre 1882 et à peine en a-t-il
étudié les chefs-d’œuvre qu’il
se remet au travail3. Installé
dans Naples, aux Gradini San-
Francesco, il élabore, sur ce
thème toujours actuel : Le Cœur
s’éveille, une attachante fantai-
sie, et crée cette douce Mignon
qui rêve, maintenant, au musée de Dijon. Au printemps de 1883, il
rentre en France avec sa statue entièrement sortie du marbre;
malheureusement, il a pris la voie maritime et, à Gênes, une grève
de débardeurs le contraint de modifier ses projets; il lui faut recourir
au chemin de fer, d’où un retard funeste. Lorsque sa chère Mignon,
fruit de tant de labeurs, arrive enfin à sa destination, la limite
fixée pour les envois au Salon est dépassée depuis deux jours et
rien ne peut fléchir ou suborner le formaliste cerbère du palais des
Champs-Élysées; au nom de l’intangible règlement, il refuse d’en-
tr’ouvrir les portes à l’infortunée statue; tant pis si ce retard doit être
1. V. reprod. dans la Gazette des Beaux-Arts, 1881, t. II, p. 210. Ce Saint Jean
fut taillé dans le marbre par M. Dampt lui-même au moyen d’outils de son
invention.
2. Cette statue habite la troisième niche, à gauche, sur la Façade de la rue de
Rivoli.
3. Au Salon de 1882, il ne figure que par un buste, celui du sénateur Mazeau.
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décerna une médaille de lrc classe et l’État l’acheta Il est si candide
et si vrai! Peu importe son nom : c’est avant tout un enfant en
prière; il répète avec la conscience de son âge ce geste que les siens
lui ont appris et s’applique à bien tenir la pose; formes, mine et
posture, tout indique une observation scrupuleusement exacte.
Moins connue à cause de l’emplacement qu’elle occupe, la figure
de Houlle dénote aussi un vif désir de rester véridique2; elle ne sent
point la reconstitution laborieuse du personnage entrevu à travers
quelques textes; loin de là. Le maître ès meubles, évoqué dans
son costume de travail, attire
comme un portrait bien venu
et l’on s’attarderait volontiers à
lire dans son visage alertement
fouillé.
Grâce à ces derniers travaux,
M. Dampt allait pouvoir voya-
ger; il part pour l’Italie en
octobre 1882 et à peine en a-t-il
étudié les chefs-d’œuvre qu’il
se remet au travail3. Installé
dans Naples, aux Gradini San-
Francesco, il élabore, sur ce
thème toujours actuel : Le Cœur
s’éveille, une attachante fantai-
sie, et crée cette douce Mignon
qui rêve, maintenant, au musée de Dijon. Au printemps de 1883, il
rentre en France avec sa statue entièrement sortie du marbre;
malheureusement, il a pris la voie maritime et, à Gênes, une grève
de débardeurs le contraint de modifier ses projets; il lui faut recourir
au chemin de fer, d’où un retard funeste. Lorsque sa chère Mignon,
fruit de tant de labeurs, arrive enfin à sa destination, la limite
fixée pour les envois au Salon est dépassée depuis deux jours et
rien ne peut fléchir ou suborner le formaliste cerbère du palais des
Champs-Élysées; au nom de l’intangible règlement, il refuse d’en-
tr’ouvrir les portes à l’infortunée statue; tant pis si ce retard doit être
1. V. reprod. dans la Gazette des Beaux-Arts, 1881, t. II, p. 210. Ce Saint Jean
fut taillé dans le marbre par M. Dampt lui-même au moyen d’outils de son
invention.
2. Cette statue habite la troisième niche, à gauche, sur la Façade de la rue de
Rivoli.
3. Au Salon de 1882, il ne figure que par un buste, celui du sénateur Mazeau.