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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 9.1913

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Nr. 2
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Reinach, Salomon: Courrier de l'art antique, [22]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24886#0189
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COURRIER DE L’ART ANTIQUE

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vivant, elle reçut les honneurs divins. Devenue
veuve vers 1375, morte dix-huit ans plus tard,
c’est au cours de ce long veuvage qu’elle a dû
« poser » pour le portrait retrouvé. Par un
hasard singulier, nous connaissons non seule-
ment le nom, mais le profil de son sculpteur
favori. Huia, le grand écuyer de la reine, se fit
élever, à Tel el Arnarna, une tombe dont les
sculptures sont l’œuvre d’Iuto, « sculpteur en
chef de la grande épouse royale Taïa»; l’artiste
s’est représenté lui-même dans un coin de
son atelier, travaillant à modeler l’image d’une
fille de la reine. Ainsi nous avons ici un por-
trait daté et presque signé, une des pierres
angulaires de cette histoire de l’art égyptien
dont M. Maspero, dans la collection An unn,
vient de nous présenter, pour la première fois,
une image complète. M. Borchardt, l’éditeur
du portrait de Taïa, remarque avec raison que
l’on fait tort à l’art de l’Egypte en le jugeant
trop volontiers d’après les grandes statues de
granit. La difficulté du travail, la dureté de la

FIÙUBE DE NIKE
SUR UN VASE GREC
TROUVÉ A A M P U RI A S

(catalogne)

PORTRAIT EN BOIS DE LA REINE TAÏA
VERS 1360 AV. J.-c.

(tolleciion de M. James Simon, Berlin.)

matière rendaient inévitables, dans
ces œuvres d’apparat, une certaine
froideur, une stylisation conven-
tionnelle ; les maquettes des artistes
devaient être autrement vivantes
que les colosses qu’ils sculptaient
en s’en inspirant. A défaut de ces
maquettes d’argile, nous avons les
sculptures en bois, où le génie
égyptien, son goût pour l’observa-
tion pénétrante, se révèlent en
toute liberté. Dans la riche collec-
tion égyptienne du Louvre, les gros
morceaux sont au rez-de-chaussée,
les moyens et les petits au premier
étage; c’est bien par ces derniers,
si bien disposés aujourd’hui pour
l’étude, qu’il faut commencer à
s’instruire si l’on veut juger équi-
tablement un art dont la froideur
hiératique et solennelle tient beau-
coup moins à la psychologie des
hommes qu’à la dureté des maté-
riaux qu’ils employaient.
 
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