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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 9.1913

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Nr. 2
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Reinach, Salomon: Courrier de l'art antique, [22]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24886#0188

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

depuis trois ans des fouilles de la plus haute importance dans la station pré-
historique de Torralba—désormais classique — et dans des nécropoles ibériques
d’une richesse insoupçonnée. Mais le centre local le plus actif est la Catalogne et
surtout Barcelone, où parait, depuis 1907, VAnuaride l’Institut d'Estudrs Catalans,

une des publications les plus sévèrement
scientifiques de notre temps. C’est là qu’on
trouvera, entre autres, les comptes rendus des
fouilles d’Ampurias, ville fondée vers S50 par
les Phocéens, qu’explore la Junta de Museos de
Barcelone1. De ces fouilles proviennent une
statue d’Esculape de fort bon style, écho d’une
excellente œuvre grecque du ive siècle, et sur-
tout les fragments d’une admirable pélikc à
figures rouges, dont le sujet principal est le
banquet des noces de Pirithoüs. Nous don-
nons ici, comme spécimen de cette charmante
peinture, qui rappelle la manière de Midias,
une délicieuse figure de Niké, où l’élégance
souveraine du dessin s’allie à un sentiment
non moins exquis du mouvement expressif.
C’est en présence de tels fragments qu’il faut
placer, quand on veut les convaincre, ceux qui
contestent la supériorité de l’art grec, appliqué
à la figure humaine, sur tous les arts anciens
et modernes de l’Orient.

Pourtant, s’il ne s’agit plus de l’élégance
idéale des formes, mais de l’acuité de l’expres-
sion individuelle, de ce que nous entendons
par le réalisme, je ne sais si Part classique a
produit une œuvre qui puisse soutenir la com-
paraison avec le portrait de la reine Taïa,
femme d’Aménophis III, morte vers 1330 avant
notre ère2. Ce chef-d’œuvre, aujourd’hui
chez M. James Simon, à Berlin, a été décou-
vert en 1905 près d’Illahun. Haut de 0m107

seulement, il est sculpté en bois, relevé de

couleurs, enrichi d’incrustations d’or et de
diverses matières; la chevelure se composait de perles de verre bleu. Le
type, très singulier, fait penser à la Nubie plus qu’à l’Egypte. Nous pos-
sédons des portraits d’Aménophis IV, fils de Taïa, ou le même type se recon-

naît, un peu atténué. Montée sur le trône vers 1411, Taïa fut la première
reine égyptienne qui ait occupé une haute situation auprès du roi; dès son

V111

1. Voir Anuari, 1908, p. 150-194, et Anzeiger, 1912, p. 437 et suiv.

2. L. Borchardt, Der Portriitkopf der Konigin Teje. Leipzig, 1911, pl. 4.
 
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