DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:Verhaeren, Emile: Influence séculaire de l'art flamand sur l'art français
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24886#0452
INFLUENCE SÉCULAIRE DE L’ART FLAMAND
SUR L’ART FRANÇAIS
e Flamand qui étudie l’évolution de l’art français
se réjouit d’y surprendre du xive au xix° siècle
la régulière influence des maîtres de son pays.
Certes les leçons des peintres d’Italie furent
autant suivies que celles des peintres de
Flandre. Toutefois jamais l’exemple de ceux-là
ne fît oublier le prestige de ceux-ci. Au cours de ces dernières
années, certains critiques, aveuglés par le rayonnement actuel de la
peinture et de la sculpture françaises, se sont efforcés de limiter le
plus possible et de nier parfois Tune de ces dépendances séculaires.
Fasse encore que Rome, Florence, Venise aient été dans le passé les
éducatrices de Paris, mais que les Pays-Ras, petit coin de terre, mais
qu’Anvers et que Rruges l’aient formé à leur tour, voilà ce qu’ils
répugnent d’admettre et surtout de proclamer. Henri Rouchot s’y
refuse presque toujours. On ne sait quel amour-propre chauvin
l’exalte en ses affirmations.
A. de Laborde et Courajod ne l’eussent certes point approuvé. Ils
s’étaient fait de la force originale flamande une idée très haute. Ils
démontraient qu’au xive siècle, c’était elle qui avait, en réaction
contre les maîtres italiens, frayé à l’art sa voie moderne.
La vision directe des choses, l’émotion devant la réalité, le scru-
pule qui porte l’être humain à respecter et à aimer ce que Dieu
lit, se constatent sans peine dans l’art septentrional, autant que la
recherche des dogmes, des lois et des idéalisations se remarque dans
l’art méditerranéen. Or, dès le xive siècle, c’est le premier point de
vue qui prime le second; ce sont les Flamands qui, en France, le
font prévaloir. Qu’avant ce xive siècle on ne rencontre dans les
Pays-Bas que peu d’œuvres réalistes et que ce soit l’art byzantin,
SUR L’ART FRANÇAIS
e Flamand qui étudie l’évolution de l’art français
se réjouit d’y surprendre du xive au xix° siècle
la régulière influence des maîtres de son pays.
Certes les leçons des peintres d’Italie furent
autant suivies que celles des peintres de
Flandre. Toutefois jamais l’exemple de ceux-là
ne fît oublier le prestige de ceux-ci. Au cours de ces dernières
années, certains critiques, aveuglés par le rayonnement actuel de la
peinture et de la sculpture françaises, se sont efforcés de limiter le
plus possible et de nier parfois Tune de ces dépendances séculaires.
Fasse encore que Rome, Florence, Venise aient été dans le passé les
éducatrices de Paris, mais que les Pays-Ras, petit coin de terre, mais
qu’Anvers et que Rruges l’aient formé à leur tour, voilà ce qu’ils
répugnent d’admettre et surtout de proclamer. Henri Rouchot s’y
refuse presque toujours. On ne sait quel amour-propre chauvin
l’exalte en ses affirmations.
A. de Laborde et Courajod ne l’eussent certes point approuvé. Ils
s’étaient fait de la force originale flamande une idée très haute. Ils
démontraient qu’au xive siècle, c’était elle qui avait, en réaction
contre les maîtres italiens, frayé à l’art sa voie moderne.
La vision directe des choses, l’émotion devant la réalité, le scru-
pule qui porte l’être humain à respecter et à aimer ce que Dieu
lit, se constatent sans peine dans l’art septentrional, autant que la
recherche des dogmes, des lois et des idéalisations se remarque dans
l’art méditerranéen. Or, dès le xive siècle, c’est le premier point de
vue qui prime le second; ce sont les Flamands qui, en France, le
font prévaloir. Qu’avant ce xive siècle on ne rencontre dans les
Pays-Bas que peu d’œuvres réalistes et que ce soit l’art byzantin,