L’ART EN ESPAGNE AU XVIIP SIÈCLE
Le xvme siècle, si brillant en France,
fut une époque de complète décadence
en Espagne. 11 est presque impossible de
s’imaginer dans quel abandon les lettres
et les arts tombèrent alors dans la pénin-
sule. La vie intellectuelle sembla com-
plètement éteinte dans la patrie de Cer-
vantes et de Velâzquez.
Quelque bien intentionnés qu’aient
été les princes de la maison de Bourbon,
ils ne purent relever et ressusciter l’art,
qui se mourait lentement de consomp-
tion. Le premier d’entre eux, le duc
d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, devenu
Philippe V d’Espagne, après les longues
luttes de la guerre de Succession, s’ef-
força, une fois le calme revenu, de res-
taurer le culte du beau dans ses Etats,
mais ce fut en vain. Plus tard, en 1751,
Ferdinand VI crut y remédier en créant
l’Académie San Fernando, qu’il dota
généreusement; les résultats, loin de répondre aux espérances du
souverain, furent piteux au point de vue de la peinture, médiocres
au point de vue de la sculpture, un peu meilleurs, et c’est tout, au
point de vue de l’architecture.
Dès le xviie siècle, l’architecture, en décadence, témoigne, dans
ses manifestations, d’une tendance malheureuse vers l’exagération
et même le maniérisme, qui ne feront que s’accentuer au xvme.
Les architectes cherchent leurs modèles en Italie, s’éprennent des
ouvrages de l’Algarde, de Borromini, du Bernin. Leurs constructions
FONTAINE DE LATONE
PAR R. FRÉMIN,
A. ET H. DUM ANDRÉ
(Jardins de la Granja.)
PERIODE.
IX.
43
Le xvme siècle, si brillant en France,
fut une époque de complète décadence
en Espagne. 11 est presque impossible de
s’imaginer dans quel abandon les lettres
et les arts tombèrent alors dans la pénin-
sule. La vie intellectuelle sembla com-
plètement éteinte dans la patrie de Cer-
vantes et de Velâzquez.
Quelque bien intentionnés qu’aient
été les princes de la maison de Bourbon,
ils ne purent relever et ressusciter l’art,
qui se mourait lentement de consomp-
tion. Le premier d’entre eux, le duc
d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, devenu
Philippe V d’Espagne, après les longues
luttes de la guerre de Succession, s’ef-
força, une fois le calme revenu, de res-
taurer le culte du beau dans ses Etats,
mais ce fut en vain. Plus tard, en 1751,
Ferdinand VI crut y remédier en créant
l’Académie San Fernando, qu’il dota
généreusement; les résultats, loin de répondre aux espérances du
souverain, furent piteux au point de vue de la peinture, médiocres
au point de vue de la sculpture, un peu meilleurs, et c’est tout, au
point de vue de l’architecture.
Dès le xviie siècle, l’architecture, en décadence, témoigne, dans
ses manifestations, d’une tendance malheureuse vers l’exagération
et même le maniérisme, qui ne feront que s’accentuer au xvme.
Les architectes cherchent leurs modèles en Italie, s’éprennent des
ouvrages de l’Algarde, de Borromini, du Bernin. Leurs constructions
FONTAINE DE LATONE
PAR R. FRÉMIN,
A. ET H. DUM ANDRÉ
(Jardins de la Granja.)
PERIODE.
IX.
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