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Nr. 6
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L’OEUVRE GRAVÉ D’ADRIEN VAN OSTADE, par Dmitri Rovinski
et Nicolas Tchetchotjline 1
epuis le Peintre-graveur de Bartsch2 jusqu’au Manuel de l’amateur
d’estampes de Dutuit3, l’œuvre gravé d’Adrien van Ostade n’a
pas cessé de s’imposer à l’étude des iconographes. La persis-
tance de cette attention tient à de doubles raisons ; d’une part
l’intérêt même des sujets empruntés à la vie paysanne, rustique,
où revit, sous ses formes diverses, toute l’inspiration du
maître ; de l’autre, l’exécution même de ces planches qui proposent, en quelque
sorte, à l’esprit l’énigme d’un problème. Loin d’être simple curiosité d’ama-
teur, l’examen et le rapprochement des états donne à penser en l’occurrence,
comme Faucheux4 l’a remarqué, que si le griffonis initial et les premières
tailles indicatrices des ombres sont d’Adrien van Ostade, ces travaux ont été
suivis de retouches indiscrètes, dépourvues de légèreté et attribuables à des
mains étrangères ; à telles enseignes que les estampes du maître apparaissent,
d’ordinaire, dépouillées de leur harmonie et de leur signification primitives.
Reproduire dans leurs états successifs les estampes d’Adrien van Ostade, c’est
donc s’élèvera une leçon d’ordre esthétique et technique. Remercions M. Tchet-
chouline de nous la fournir. 11 a repris et conduit à bonne fin l’entreprise du
regretté Dmitri Rovinski. Si nous ne retrouvons pas dans son catalogue les
259 pièces enregistrées par Dutuit, il est juste de reconnaître 'que les 221 planches
décrites et reproduites offrent plusieurs états que Dutuit a ignorés et qui l’em-
portent souvent par la valeur démonstrative. Les phototypies ont été exécutées
avec soin; la fidélité en est telle que chacun pourra comparer, statuer, juger,
en toute connaissance de cause, comme s’il avait par devers lui, sous les yeux,
les épreuves originales des estampes d’Adrien van Ostade.
s.
1. Leipzig, Karl-VV. Hiersemaim, éditeur. Un volume iu-folio de 122 pages, dont
20 pages de texte, avec 221 reproductions en pliototypie.
2. T. I, p. 349-388.
3. École flamande et hollandaise, t. Il, p. 207-269. — Dans la préface de ce volume,
M. Eugène Dutuit dit de notre.peintre-graveur (p. i) : « Si Ostade n’a qu’une corde à son
instrument, avec quelle supériorité il s’en sert ! Ses paysans, avec leur douce bonhomie,
leur franche gaieté à laquelle se mêle une pointe de malice, ne craignent sous ce rapport
aucune rivalité. »
4. Catalogue raisonné de toutes les estampes... d’Adrien van Ostade...., par L.-E. Fau-
cheux, 1862, in-8 (voir p. xi-xm.)
et Nicolas Tchetchotjline 1
epuis le Peintre-graveur de Bartsch2 jusqu’au Manuel de l’amateur
d’estampes de Dutuit3, l’œuvre gravé d’Adrien van Ostade n’a
pas cessé de s’imposer à l’étude des iconographes. La persis-
tance de cette attention tient à de doubles raisons ; d’une part
l’intérêt même des sujets empruntés à la vie paysanne, rustique,
où revit, sous ses formes diverses, toute l’inspiration du
maître ; de l’autre, l’exécution même de ces planches qui proposent, en quelque
sorte, à l’esprit l’énigme d’un problème. Loin d’être simple curiosité d’ama-
teur, l’examen et le rapprochement des états donne à penser en l’occurrence,
comme Faucheux4 l’a remarqué, que si le griffonis initial et les premières
tailles indicatrices des ombres sont d’Adrien van Ostade, ces travaux ont été
suivis de retouches indiscrètes, dépourvues de légèreté et attribuables à des
mains étrangères ; à telles enseignes que les estampes du maître apparaissent,
d’ordinaire, dépouillées de leur harmonie et de leur signification primitives.
Reproduire dans leurs états successifs les estampes d’Adrien van Ostade, c’est
donc s’élèvera une leçon d’ordre esthétique et technique. Remercions M. Tchet-
chouline de nous la fournir. 11 a repris et conduit à bonne fin l’entreprise du
regretté Dmitri Rovinski. Si nous ne retrouvons pas dans son catalogue les
259 pièces enregistrées par Dutuit, il est juste de reconnaître 'que les 221 planches
décrites et reproduites offrent plusieurs états que Dutuit a ignorés et qui l’em-
portent souvent par la valeur démonstrative. Les phototypies ont été exécutées
avec soin; la fidélité en est telle que chacun pourra comparer, statuer, juger,
en toute connaissance de cause, comme s’il avait par devers lui, sous les yeux,
les épreuves originales des estampes d’Adrien van Ostade.
s.
1. Leipzig, Karl-VV. Hiersemaim, éditeur. Un volume iu-folio de 122 pages, dont
20 pages de texte, avec 221 reproductions en pliototypie.
2. T. I, p. 349-388.
3. École flamande et hollandaise, t. Il, p. 207-269. — Dans la préface de ce volume,
M. Eugène Dutuit dit de notre.peintre-graveur (p. i) : « Si Ostade n’a qu’une corde à son
instrument, avec quelle supériorité il s’en sert ! Ses paysans, avec leur douce bonhomie,
leur franche gaieté à laquelle se mêle une pointe de malice, ne craignent sous ce rapport
aucune rivalité. »
4. Catalogue raisonné de toutes les estampes... d’Adrien van Ostade...., par L.-E. Fau-
cheux, 1862, in-8 (voir p. xi-xm.)