VITRAUX ET TABLEAUX DES ÉGLISES PARISIENNES
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de pleine décadence. Le travail d’éclairage n’existe plus : grisaille et émaux
y sont aquarellés ensemble, formant une peinture sombre et brouillée.
Un cartouche provenant d’une vitrerie blanche de Saint-Gervais et datant
de la seconde moitié du xviV siècle, Le Baptême du Christ, nous montre la
fadeur d’un carton académiquê traduit dans une technique dégénérée. Désor-
mais, le vitrail n’a plus sa raison d’être : les temples du Seigneur, sem-
blables aux palais des rois, auront besoin de toute la clarté du jour pour
mettre en valeur les dorures de leurs lambris et les peintures de leurs coupoles.
* *
L exposition du Petit-Palais ne comprenait pas que des vitraux. De 1 église
Saint-Étienne-du-Mont on avait retiré deux grands tableaux qui nous
montrent une partie de la fameuse série d’ex-voto offerts par la municipalité
de Paris à l’église Sainte-Geneviève, peints par Largillière, François de iroy,
Jean-François de Troy et Tournières. Ce sont les œuvres du premier et du
troisième de ces artistes que nous admirons ici.
Le tableau de Largillière date de 1696; il commémore le succès dune
procession faite par les édiles parisiens pour demander à la sainte la lin d une
sécheresse affreuse. Cette toile, de très grande taille, réunit le prévôt et les
échevins, figurés dans le bas du tableau, au premier rang de la foule des
Parisiens, avec la sainte en oraison parmi les anges. L’œuvre fit sensation a
1 époque : le Mercure galant du mois d août 1696 nous donne sur elle mille
détails et vante en particulier son cadre de bois sculpte, placé au-dessus de
grandes tables gravées d’inscriptions. Les reliefs en figuraient des festons
d’épis et de raisins, avec l’écu de France dans le haut entre deux cornes
d’abondance ; dans le bas, les armes de Paris et celles du prévôt des mai-
cbands, Claude Pose d’Ivrv, des échevins et autres officiers avec 1 insciip-
tion : « Oravit et cœlum dédit pluviam et terra dédit fructum saum. » Cadre
et armes ont disparu, mais l’identification des personnages reste lacilegiace
à une chanson satirique du temps : Sur MM. de la Ville de Paris, à propos
de leur don à Sainte-Geneviève.
Ali ! la rare nouvelle
Que l’on dit dans Paris,
Qui n’eut point de pareille
Dedans le temps jadis ;
Le prévost de la ville
El les quatre échevins
Vont tous en souquenille
Au pays des latins.
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de pleine décadence. Le travail d’éclairage n’existe plus : grisaille et émaux
y sont aquarellés ensemble, formant une peinture sombre et brouillée.
Un cartouche provenant d’une vitrerie blanche de Saint-Gervais et datant
de la seconde moitié du xviV siècle, Le Baptême du Christ, nous montre la
fadeur d’un carton académiquê traduit dans une technique dégénérée. Désor-
mais, le vitrail n’a plus sa raison d’être : les temples du Seigneur, sem-
blables aux palais des rois, auront besoin de toute la clarté du jour pour
mettre en valeur les dorures de leurs lambris et les peintures de leurs coupoles.
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L exposition du Petit-Palais ne comprenait pas que des vitraux. De 1 église
Saint-Étienne-du-Mont on avait retiré deux grands tableaux qui nous
montrent une partie de la fameuse série d’ex-voto offerts par la municipalité
de Paris à l’église Sainte-Geneviève, peints par Largillière, François de iroy,
Jean-François de Troy et Tournières. Ce sont les œuvres du premier et du
troisième de ces artistes que nous admirons ici.
Le tableau de Largillière date de 1696; il commémore le succès dune
procession faite par les édiles parisiens pour demander à la sainte la lin d une
sécheresse affreuse. Cette toile, de très grande taille, réunit le prévôt et les
échevins, figurés dans le bas du tableau, au premier rang de la foule des
Parisiens, avec la sainte en oraison parmi les anges. L’œuvre fit sensation a
1 époque : le Mercure galant du mois d août 1696 nous donne sur elle mille
détails et vante en particulier son cadre de bois sculpte, placé au-dessus de
grandes tables gravées d’inscriptions. Les reliefs en figuraient des festons
d’épis et de raisins, avec l’écu de France dans le haut entre deux cornes
d’abondance ; dans le bas, les armes de Paris et celles du prévôt des mai-
cbands, Claude Pose d’Ivrv, des échevins et autres officiers avec 1 insciip-
tion : « Oravit et cœlum dédit pluviam et terra dédit fructum saum. » Cadre
et armes ont disparu, mais l’identification des personnages reste lacilegiace
à une chanson satirique du temps : Sur MM. de la Ville de Paris, à propos
de leur don à Sainte-Geneviève.
Ali ! la rare nouvelle
Que l’on dit dans Paris,
Qui n’eut point de pareille
Dedans le temps jadis ;
Le prévost de la ville
El les quatre échevins
Vont tous en souquenille
Au pays des latins.