COURRIER DE L’ART ANTIQUE 299
ce sanctuaire même, dissimulée ou ensevelie à nouveau, au moment de la fouille,
par une équipe d’ouvriers trop intelligents.
*
* fc
J’ai déjà raconté1 qu’on avait exhumé en 1902, dans un parc anglais du comté d’Essex,
un très beau fragment de la frise Nord du Parthénon, entré depuis au Rritish Muséum.
Rapporté par un touriste, il
avait été oublié là, comme l’a
été à Londres même le puteal
de Corinthe, dont nous ne pos-
sédons plus qu’un moulage,
l’original se dissimulant, croit-
on, dans les fondations d’une
maison récente. Une aventure
du même genre s’est produite
en 191 t . Dans une ferme ap-
partenant à M. Arthur Rull,
à Coltenham près de Cam-
bridge, on a vu apparaître un
bas-relief archaïque de beau
style, représentant un épbèbe
qui retient un cheval 1 2 3. Il est
probable que ce fragment fut
autrefois possédé par l’anti-
quaire Roger Gale, mort en
1744, qui vécut à Cottcnham
depuis 1728. Or, l imporlance
de ce relief de marbre allique
ne lient pas seulement à sa
beauté intrinsèque et à sa
date, voisine de celle de la bataille de Marathon (490) : peut-être la stèle funéraire dont
il faisait partie a-t-elle orné la tombe d’un des combattants de cette journée. Il existe, en
effet, au British Muséum un relief presque pareil, non mutilé, que Gavin Hamilton décou-
vrit en 1769 dans la villa d’Hadrien à TivoliL On a reconnu depuis longtemps que ce
relief était archaïsant, que c’était une imitation ou une copie, exécutée vers 1 an 100 de
notre ère, d’une œuvre antérieure de six siècles. Voici la preuve faite par la découverte
d un morceau del original. Mais les fournisseurs de l’empereur Hadrien, quand ils ornaient
de sculptures sa villa et ses jardins, durent placer, à côté d originaux, des copies d origi-
naux grecs célèbres ; le fait de l'existence d une copie un peu modernisée du relief de Cot-
tenham, dans un endroit comme la villa impériale de Tibur, doit accroître le respect que
nous inspire cette sculpture. Elle n’est pas seulement l’œuvre d’un habile homme ; elle
est celle d un homme qui dut être fameux en son temps.
1. Gazette îles Beaux-Arts, 1906, t. t, p. 34i.
2. A.-B. Cook, Journal of Hellenic Studies, 1917, t. XXXVII, p. 116, pl. 1.
3. S. Reinach, Répertoire de reliefs, t. II, p. 5o8, ti.
ce sanctuaire même, dissimulée ou ensevelie à nouveau, au moment de la fouille,
par une équipe d’ouvriers trop intelligents.
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* fc
J’ai déjà raconté1 qu’on avait exhumé en 1902, dans un parc anglais du comté d’Essex,
un très beau fragment de la frise Nord du Parthénon, entré depuis au Rritish Muséum.
Rapporté par un touriste, il
avait été oublié là, comme l’a
été à Londres même le puteal
de Corinthe, dont nous ne pos-
sédons plus qu’un moulage,
l’original se dissimulant, croit-
on, dans les fondations d’une
maison récente. Une aventure
du même genre s’est produite
en 191 t . Dans une ferme ap-
partenant à M. Arthur Rull,
à Coltenham près de Cam-
bridge, on a vu apparaître un
bas-relief archaïque de beau
style, représentant un épbèbe
qui retient un cheval 1 2 3. Il est
probable que ce fragment fut
autrefois possédé par l’anti-
quaire Roger Gale, mort en
1744, qui vécut à Cottcnham
depuis 1728. Or, l imporlance
de ce relief de marbre allique
ne lient pas seulement à sa
beauté intrinsèque et à sa
date, voisine de celle de la bataille de Marathon (490) : peut-être la stèle funéraire dont
il faisait partie a-t-elle orné la tombe d’un des combattants de cette journée. Il existe, en
effet, au British Muséum un relief presque pareil, non mutilé, que Gavin Hamilton décou-
vrit en 1769 dans la villa d’Hadrien à TivoliL On a reconnu depuis longtemps que ce
relief était archaïsant, que c’était une imitation ou une copie, exécutée vers 1 an 100 de
notre ère, d’une œuvre antérieure de six siècles. Voici la preuve faite par la découverte
d un morceau del original. Mais les fournisseurs de l’empereur Hadrien, quand ils ornaient
de sculptures sa villa et ses jardins, durent placer, à côté d originaux, des copies d origi-
naux grecs célèbres ; le fait de l'existence d une copie un peu modernisée du relief de Cot-
tenham, dans un endroit comme la villa impériale de Tibur, doit accroître le respect que
nous inspire cette sculpture. Elle n’est pas seulement l’œuvre d’un habile homme ; elle
est celle d un homme qui dut être fameux en son temps.
1. Gazette îles Beaux-Arts, 1906, t. t, p. 34i.
2. A.-B. Cook, Journal of Hellenic Studies, 1917, t. XXXVII, p. 116, pl. 1.
3. S. Reinach, Répertoire de reliefs, t. II, p. 5o8, ti.