Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (5. Pér. 8.1923)

MATÉRIAUX

POUR L’HISTOIRE DE L’ART ASIATIQUE

(première série)

ans les notes que je me propose de publier sous ce
titre, les mots « Asie, asiatique » se rapportent à
l’Asie centrale, aux Indes et à l’Extrême-Orient,
c’est-à-dire à l'Asie entière, à l’exception de l’Asie
antérieure, de l’Arabie, de la Mésopotamie et des
steppes du Nord. Il est regrettable de devoir res-
treindre ainsi la signification de mots usuels, mais
l’absence d’autres termes et la nécessité de m’expri-
mer avec une suffisante brièveté m'y obligent.
D’ailleurs si l’Asie ainsi définie ne correspond pas
à nos habitudes géographiques, elle correspond fort bien, au contraire, aux
réalités artistiques et intellectuelles. L’Asie dont je parlerai est, en effet,
toute l’Asie, moins les parties essentiellement chrétiennes et musulmanes.
L’Asie occidentale est un monde à part qui est plus étroitement lié à l’Europe
et à l’Afrique du Nord qu’au reste du continent. Il n’est pas possible de parler
de l’unité artistique de l’Asie, si l’on n’en retranche pas ces parties que toute
leur évolution en sépare.

Mon but suprême est de démontrer l'évolution et l’unité de l’art asiatique,
et de préparer dans la mesure de mes forces l’élaboration d’une histoire qui
soit vraiment complète et synthétique : notre connaissance de cet art ne sera
du tout comparable à notre connaissance de l’art chrétien que lorsque nous
serons à même de retracer son évolution globale — c’est-à-dire l’évolution
de toutes ses branches — siècle par siècle, à travers toute l’Asie. Une his-
toire de l’art bouddhique vraiment compréhensive contiendrait des parties
essentielles de l’histoire générale à l’édification de laquelle je travaille, mais

- 5e PÉRIODE . I

VIII.