Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 8.1923

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Sarton, George: Matériaux pour l'histoire de l'art asiatique, [1]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24940#0012

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
2

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

elle ne suffirait point. L’étude des traditions chrétiennes qui l’ont inspiré
nous permettrait de comprendre dans une large mesure l'évolution de l’art
européen, car cet art ne fut jamais vivifié par des traditions plus hautes.
Depuis la chute de la civilisation antique, l’Europe n’a pas connu d’autre
idéal religieux que le christianisme (l’Islam n’a guère influencé l’art occiden-
tal). Au contraire, si prépondérante que soit l’influence du bouddhisme sur
la pensée asiatique, on ne peut comprendre l’évolution de celle-ci sans tenir
compte d’autres influences religieuses et philosophiques. Les dieux de la Grèce
et de Rome se sont effondrés pour toujours devant le Christ, tandis que le
Bouddha n’a fait qu’interrompre l’évolution des vieilles traditions religieuses
de l’Inde et de 1 Iran. Et parallèlement aux influences bouddhiques se sont
développées aussi des traditions confucéennes, taoïstes et, plus tard au Japon,
shintoïstes. L’influence du bouddhisme a été immense, et, tout compte fait,
c’est à elle que l’art asiatique doit son unité fondamentale : mais le bouddhisme
n’a jamais constitué un monopole religieux et moral en Asie au même titre
que le christianisme en Europe.

I

UNE FRESQUE CHINOISE DU VIe SIÈCLE (?)

AU MUSÉE MÉTROPOLITAIN DE NEW-YORK

Vers le ive siècle, s’étaient développées en Asie deux traditions picturales
tout à fait divergentes: l’une, la plus forte et celle que nous connaissons le
mieux, est la tradition hindoue, admirablement représentée par les fresques
d'Ajanta, dans l’Etat d'Hyderabad; l'autre est une tradition plus purement
chinoise, représentée par les peintures de Ku K’ai-chih au British Muséum et
dans la collection Tuan-fang. Ces peintures sont singulièrement originales,
quoique certains éléments nous y rappellent les bas-reliefs de la dynastie des
Han. Je ne veux pas discuter ici leur authenticité, car je n’ai pas pu les exa-
miner à loisir : d’après Taki1, le savant japonais qui l’a publiée, celle de la
collection Tuan-fang serait une copie du début des Sung; quant à celle du
British Muséum, les critiques les plus éminents persistent à la considérer
comme une œuvre originale. Quoi qu'il en soit ces œuvres nous permettent
tout au moins de deviner ce qu’était le style de Ku K’ai-chih. La tradition
d'Ajanta est plus tangible : on a pu l’étudier en détail non seulement dans
les nombreuses fresques d'Ajanta qui datent du ive au vu® siècle de notre ère

i. Pétrucci, Encyclopédie de la peinture chinoise, 1918, p. 345 ; traduction française avec
commentaires du Chieh-Tzü-Yiian Hua Chuan. J’ai discuté la signification de cet impor-
tant ouvrage dans Isis, t. IV, 345-347- Dans la suite de cet article, je le citerai ainsi:
Pétrucci, Chieh Tzu Yuan.
 
Annotationen