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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 8.1923

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https://doi.org/10.11588/diglit.24940#0143

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BIBLIOGRAPHIE

Louis Réau. —Étienne-Maurice Falconet (1716-
1791). Paris, Demotte (1922). 2 vol. gr. in-4,
538 p. av. 47 pl-

Au cours des recherches qu’il avait entre-
prises pendant son séjour à Saint-Péters-
bourg sur le monument de Pierre le
Grand par Falconet, M. Louis Réau constata
que nous étions très mal documentés sur l’his-
toire et les œuvres du sculpteur français. Les
erreurs pullulaient, que ses biographes se trans-
mettaient pieusement ; la moins mauvaise des
monographies qui lui avaient été consacrées
était un livre allemand fort insuffisant encore. Il
résolut de combler cette fâcheuse et humiliante
lacune et il se mit au travail, comme il sait
travailler. Deux beaux volumes in-4° nous
apportent le résultat de ses recherches. 11 n’est
pas vraisemblable que, de longtemps, personne
ait envie de revenir sur ce sujet, qui paraît vrai-
ment épuisé. Tout ce que le dépouillement des
Archives Nationales et des archives notariales a
pu fournir — après ce que lui avaient déjà
révélé celles de l’Académie des Beaux-Arts de
Pétersbourg, du ministère des Affaires étrangères
à Moscou, du Musée lorrain de Nancy, pro-
priétaire depuis i865 de tous les papiers de
famille, de la liste autographe des œuvres et de
la correspondance du sculpteur, — M. Louis
Réau l’a mis en œuvre avec cette méthode,
cette pénétration d’une claire intelligence qui ne
se noie jamais dans le débordement de ses fiches
comme il arriva parfois à des érudits moins
maîtres de leur sujet. Et le livre, écrit de ce
style simple et transparent qui ne s’essouffle
jamais à la recherche du couplet de facture et
redoute l’accumulation des épithètes et des
superlatifs, se lit avec un plaisir que ne vient

alourdir aucune fatigue et avec beaucoup de
profit.

Dans la famille si vivante et charmante de nos
sculpteurs du xvme siècle, la figure de Falconet
s’enlève en un relief qui n’est pas sans aspérités.
« Un homme qui a du génie et toutes sortes de
qualités compatibles et incompatibles avec le
génie », écrivait Diderot en 1765 ; « de la finesse,
du goût, de l’esprit, de la délicatesse et de la
gentillesse, de la grâce tout plein,... rustre et
poli, affable et brusque, tendre et dur, caustique,
sérieux et plaisant,... il pétrit la terre et le mar-
bre; il lit et médite... ». Et le portrait, in fine,
s’assombrit, fait allusion à des drames de famille
et constate que le modèle est devenu « triste,
sombre et mélancolique ». Or on n’était encore
qu’en 1765; Falconet avait quarante-neuf ans
et devait vivre jusqu’en 1791... Le panégyriste
qui, au lendemain de sa mort, résumait sa car-
rière, écrivait : « Son heureux naturel l’entraî-
nait vers les beautés du grand genre; il n’en a
été détourné que par l’impulsion dominante de
ce goût facile et agréable uniquement recherché
de son temps. » Et il y a déjà dans ces réserves
d’un « homme de goût » un écho de la réac-
tion classique, qui, depuis Winckelmann, sévis-
sait dans les ateliers et allait imposer aux sta-
tuaires le culte de la forme « idéale ».

Au début du siècle, Watteau avait représenté
la sculpture sous les espèces d’un petit singe
gouailleur, fort occupé autour d’un bloc de
marbre. Le marbre ne « tremble » pas, comme
devant Puget, à l’attaque de ce sculpteur
imprévu ; mais il se transforme en un buste
épanoui de jeune femme, souriant de toutes ses
fossettes..., et Falconet lui-même recommandait
au sculpteur « l’imitation passionnée » du corps
humain, des « surfaces du corps humain »; il
 
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