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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 8.1923

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https://doi.org/10.11588/diglit.24940#0144

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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reprochait à l’art antique d’avoir « négligé les
plis et les mouvements de la peau dans les
endroits où elle s’étend et se replie selon le
mouvement des membres... ». Au moment de sa
mort, le « bon goût », dès lors plein de respect
pour « le grand art, sévère et antique » que
Diderot avait opposé à ce pauvre Boucher et au
« goût français », préparera les voies à ceux
qui n’auront plus d’yeux que pour le torse de
l'Apollon du Belvédère et « la rotule des
Atrides ».

Ces « beautés du grand genre » queFalconet,
au grand regret de l’auteur de l'article nécro-
logique publié au lendemain de sa mort, aurait
trop aisément sacrifiées au « goût facile et
agréable de son temps », son œuvre, tel qu’il
nous est parvenu, n’en a conservé d’autre trace
que la statue équestre de Pétersbourg. Mais il
en existait, dans le Paris d’avant la Révolution,
à Saint-Rocb, un monument renommé. Dans
une lettre que j’ai copiée jadis (Arch. Nat. O'
1909) et que M. Réau n’a pas ignorée, Falconet
écrivait : « J’ai bientôt cinquante ans (4 juin 1765)
et je n’ai rien fait encore qui mérite un nom. Je
ne compte pas l’ouvrage de Saint-Rocb ; cette
besogne, faite pour un prêtre adroit, ne m’a
rapporté que du pain et des messes pendant
mon travail ; faibles secours pour étudier une
grande machine de sculpture. Sans un peu
d’honneur, l’ouvrage eût été plus mal qu’il
n’est ; j’étais payé pour cela. Je ne me plains
pas de ma fortune; je dis seulement qu’elle
ne suffit pas pour les premiers frais d’une
figure de marbre... », et il s’agit en l’espèce
d’un travail projeté pour Mme de Pompadour,
qui fut de ces « Mécènes de Falconet » à qui
M. Réau a consacré un intéressant chapitre de
son livre.

Les travaux de Saint-Rocb l’avaient occupé
près de sept ans — de 1753 à 1760 — et il est
déplorable qu’ils aient été détruits. Le rôle de
Falconet dans la transformation du Saint-Rocb
de Lemercier avait été comparable à celui de
Bouchardon à Saint-Sulpice. 11 y avait sculpté,
de l’Annonciation au Calvaire, tous les grands
épisodes du drame chrétien et il ne se cachait pas

de s’être inspiré — au moins pour la « gloire «
qui, dans une perspective théâtrale, achevait et
magnifiait le décor de l’église — de « cet ingé-
nieux Bernin » à qui, écrivait-il dans sa Lettre
sur la Gloire de Saint-Roch, « à qui je voudrais
ressembler ». Une amusante gravure de l’Ency-
clopédie, que M. Réau a reproduiie, représente
le transporta Saint-Roch du groupe monumental
del’A nnonciation qui faisait partie de cet ensemble.
On y distingue très bien la silhouette mouve-
mentée des figures et principalement de l’ange,
de grande envergure, impétueux et pathétique.
La chapelle, mutilée par la Révolution, remaniée
sous la Restauration par Descine, a été complè-
tement sacrifiée — et c’est grand’pitié.

Le Falconet qui avait exécuté de tels morceaux
était assurément capable d’un lyrisme dont la
fameuse pendule des Trois Grâces, et même son
Pyrjmalion et Galathée ne sauraient donner l’ex-
pression. Mais cette pendule est-elle bien de sa
façon? Par réaction contre une popularité peut-
être excessive, en effet, il s’est trouvé des cri-
tiques grincheux qui ont mis en doute l’attri-
bution à Falconet. M. Louis Réau se montre, sur
ce point litigieux, d’une grande prudence. Pas
plus que Maurice Tourneux, en tout cas, il n’a
pu retrouver le texte qui authentiquerait le
mot prétendu de Diderot si souvent cité — au
moins chez le baron Double — sur les Grâces
de la fameuse pendule « qui montrent tout,
excepté l’heure », quoique l’une d’elles d’ail-
leurs tende l’index vers le cadran... Mais aucun
document contemporain connu à l’heure actuelle
ne mentionne cette pendule, — et l’on ne sait
rien de son état civil ni des conditions dans
lesquelles elle entra chez le baron Double.

Sur ce point, comme sur tous les moments de
la vie et de l’œuvre de Falconet, M. Louis Réau a
réuni tous les documents certains et éclaircisse-
ments que peut souhaiter la curiosité du lecteur;
mais sa critique est trop prudente et son éru-
dition trop sérieuse pour jamais admettre l’in-
tervention, si commode, de cette auxiliaire des
historiens à court de documents qui s’appelle
l’hypothèse gratuite.

ANDRÉ MICHEL

Le Gérant : Ch. Petit.

CHARTRES .

IMPRIMERIE DURAND, RUE FULBERT.
 
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