CHRONIQUE MUSICALE
ACADÉMIE NATIONALE DE MUSIQUE : Le Jardin du Paradis, conte lyrique en quatre
actes d’après Andersen, poème de M. Robert de Fiers et G.-A. de Caillavet, musique
de M. Alfred Bruneau.
TRIANON-LYRIQUE : L’Armurier de Tolède, opérette en trois actes de MM. Quinel et
Foi’talis, musique de M. Henri Bresles.
e Jardin du Paradis est l’un des plus charmants parmi les charmants
contes d’Andersen. On sait que cet enchanteur s’enchantait lui-
même, et que pour lui la vie n’était qu’une continuelle féerie. « Si
vous aimez mes récits », disait-il à ceux qui venaient le voir, « vous
m’aimerez aussi. Mes récits, c’est moi-même. » Poète lyrique et
dramatique, il est avant tout conteur, et les jeunes princes danois,
à l’imitation de la sœur de Scheherazade dans les Mille et une nuits, lui disaient
souvent, en lui apportant des fleurs : « Cher Andersen, raconte-nous quelque chose. »
En vérité l’on peut dire de son œuvre ce qu’QElenschlager disait d’une de ses pièces :
« C’est un beau rêve et une heureuse fête. » Or M. Robert de Fiers et son collabora-
teur habituel feu Armand de Caillavet, bien qu’assez peu naïfs et aussi loin de
l’esthétique du Perrault danois qu’Elseneur peut l’être du Vaudeville, se sentirent
apparemment touchés de la grâce enfantine de ces poétiques récits, et considérèrent,
après mûr examen sans doute, que le Jardin du Paradis, dûment cultivé par eux,
pourrait donner matière à un séduisant poème lyrique. En quoi ils ne se trompaient
nullement.
Ils commencèrent par préparer le chemin qui devait conduire à l’Eden, et premiè-
rement par assurer une individualité précise au prince du conte bleu. Il s’appellera
donc Assur — comme le biblique fils de Sem — et reviendra victorieux d’une
guerre entreprise contre de brutaux voisins qui ravageaient sans pitié des champs
de roses — les fleurs particulièrement aimées de la belle princesse Arabella. — Con-
venez que cette guerre des roses est plus poétique que celle dont l’Angleterre fut le
théâtre auxve siècle. — Inutile de vous apprendre qu’Assur est épris de la princesse,
laquelle d’ailleurs le lui rend bien. Toutefois elle lui avoue avoir reçu le baiser d’un
VIII.
5e PÉRIODE.
4o
ACADÉMIE NATIONALE DE MUSIQUE : Le Jardin du Paradis, conte lyrique en quatre
actes d’après Andersen, poème de M. Robert de Fiers et G.-A. de Caillavet, musique
de M. Alfred Bruneau.
TRIANON-LYRIQUE : L’Armurier de Tolède, opérette en trois actes de MM. Quinel et
Foi’talis, musique de M. Henri Bresles.
e Jardin du Paradis est l’un des plus charmants parmi les charmants
contes d’Andersen. On sait que cet enchanteur s’enchantait lui-
même, et que pour lui la vie n’était qu’une continuelle féerie. « Si
vous aimez mes récits », disait-il à ceux qui venaient le voir, « vous
m’aimerez aussi. Mes récits, c’est moi-même. » Poète lyrique et
dramatique, il est avant tout conteur, et les jeunes princes danois,
à l’imitation de la sœur de Scheherazade dans les Mille et une nuits, lui disaient
souvent, en lui apportant des fleurs : « Cher Andersen, raconte-nous quelque chose. »
En vérité l’on peut dire de son œuvre ce qu’QElenschlager disait d’une de ses pièces :
« C’est un beau rêve et une heureuse fête. » Or M. Robert de Fiers et son collabora-
teur habituel feu Armand de Caillavet, bien qu’assez peu naïfs et aussi loin de
l’esthétique du Perrault danois qu’Elseneur peut l’être du Vaudeville, se sentirent
apparemment touchés de la grâce enfantine de ces poétiques récits, et considérèrent,
après mûr examen sans doute, que le Jardin du Paradis, dûment cultivé par eux,
pourrait donner matière à un séduisant poème lyrique. En quoi ils ne se trompaient
nullement.
Ils commencèrent par préparer le chemin qui devait conduire à l’Eden, et premiè-
rement par assurer une individualité précise au prince du conte bleu. Il s’appellera
donc Assur — comme le biblique fils de Sem — et reviendra victorieux d’une
guerre entreprise contre de brutaux voisins qui ravageaient sans pitié des champs
de roses — les fleurs particulièrement aimées de la belle princesse Arabella. — Con-
venez que cette guerre des roses est plus poétique que celle dont l’Angleterre fut le
théâtre auxve siècle. — Inutile de vous apprendre qu’Assur est épris de la princesse,
laquelle d’ailleurs le lui rend bien. Toutefois elle lui avoue avoir reçu le baiser d’un
VIII.
5e PÉRIODE.
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