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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 8.1923

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Brancour, Félix René: Chronique musicale
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https://doi.org/10.11588/diglit.24940#0125

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CHRONIQUE MUSICALE

ACADÉMIE NATIONALE DE MUSIQUE : Padmâvad, opéra-ballet en deux actes,
poème de M. Louis Laloy, musique de M. Albert Roussel. — Phædre, tragédie en trois
actes de M. Gabriele d’Annunzio, traduction de M. Doderet, musique de M. Ildebrando
Pizzetti.

OPÉRA-COMIQUE : Nausicaa, opéra en deux actes, poème de M. René Fauchois,
musique de M. Reynaldo Hahn. — Pépita Jimenez, comédie lyrique en deux actes
(trois tableaux), d’après la nouvelle de M. Juan Valera, par M. F.-B. Money Coutts,
version française de J. de Marliave, musique d’Isaac Albeniz.

e dieu de notre esthétique se reconnaît à ce qu’il est un dieu
inconnu. » Ainsi s’exprime M. Laloy dans le remarquable ouvrage
par lui consacré à Rameau. Et je crois qu’en ce qui est de Padmâ-
vat'i, c’est bien une déité inconnue qui en inspira l’esthétique. Car
il ne sert de rien d’aller rappeler, ainsi que l’ont fait certains de nos
confrères, que 1’ « opéra-ballet » n’est point chose nouvelle et nous
reporte au xvme siècle! Assurément Les Fêtes de Polymnie et La Guirlande ou les
Fleurs enchantées sont des opéras-ballets ; mais ces ouvrages n’ont que cette appella-
tion de commun avec l’œuvre nouvelle, laquelle, selon nous, s’apparenterait bien
davantage aux anciens mistères, ou encore, si l’on veut, au « Biihnenweihfestpiel »
qu’est le Parsifal de Wagner. C’est, en somme, une conception très personnelle,
sinon absolument neuve, du drame lyrique, dans laquelle le verbe, la musique et
l’eurythmie des attitudes et des gestes se combinent en une harmonieuse synthèse. Il
sied de louer M. Laloy de sa langue sobre et précise d’où sont totalement exclues la
sécheresse et l’emphase, la soi-disant « écriture artiste » qui nous valut tant de sté-
riles préciosités, et aussi la prétendue « prose rythmée » aux enfantines assonances et
aux niaises allitérations. Nous y goûtons ce « style littéraire » qui consiste, selon
Joubert, « à donner un corps et une configuration à la pensée par la phrase. »
L’affabulation du drame est simple et tragique. Le sultan mogol Alaouddin a
entendu vanter par un brahmane l’indicible beauté de Padmâvati, épouse de Ratan-
Sen, roi de Tchitor. Alaouddin, séduit par d’enivrants récits, vient, suivi d’une
faible escorte, offrir une douteuse alliance au mari de celle « vers qui s’élancent les
 
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