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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 8.1923

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Blum, André: Une interprétation de la "Descente de Croix" de Roger van der Weyden au XVe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24940#0124

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I IO

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

tandis que dans la gravure cette partie de la croix est placée bien plus haut et s’étend
davantage en largeur. Le bras droit du personnage, au lieu d’être au-dessus de l’écri-
teau, se trouve à un montant de l’échelle au-dessous de la tablette. Dans le bas de
l’œuvre de l’Escurial, le sol, couvert de quelques plantes, occupe peu de place, alors
que dans la pièce du « Maître aux banderoles » le terrain a plus d’importance. Il
laisse apercevoir un crâne, un os, une tenaille, un clou et est orné de gazon, de
fleurs et de plantes représentées avec cette facture plumeuse qui a fait appeler l’artiste
« le maître aux chairs emplumées1 ». Le crâne, qui est placé à la gauche de saint
Jean dans le tableau, se trouve dans l’estampe presque sous le pied droit de Nico-
dème. Il faut noter aussi que dans la gravure les barbes de Nicodème et de Joseph
d’Arimathie ont été supprimées et que le personnage situé entre Nicodème et Made-
leine est également imberbe.

Par le style, la technique, cette estampe peut bien être considérée comme l’œuvre
du « Maître aux banderoles » 2.et doit dater environ du milieu du xve siècle. Mais le
peintre graveur, que M. Hymans3 regardait comme Flamand et Lehrs, plus juste-
ment, comme Allemand, a-t-il fait son travail d’après la Descente de croix exécutée
une vingtaine d’années auparavant et exposée quelque temps dans l’église Notre-
Dame de Louvain avant d’être transportée en Espagne? Dans cette hypothèse, on
ne s’explique pas les diverses modifications introduites par le « Maître aux banderoles »,
d’autant plus qu’il reproduit en général assez exactement les œuvres qu’il a vues.

Il faudrait donc supposer que la planche a été gravée non d’après le tableau de
l’Escurial, mais d’après quelque copie encore inconnue. Laquelle? Une peinture
antérieure a-t-elle pu inspirer Van der Weyden? Le graveur a-t-il inventé ces
variantes? L’auteur d’une monographie sur Roger van der Weyden4 a cru résoudre
le problème en signalant que la pièce du « Maître aux banderoles » a été exécutée
d’après une copie de Michel Coxcie, mais il ajoute qu’elle a pu l’être d’après une
copie d’un autre artiste. Il serait intéressant de retrouver l’œuvre originale qui a
servi de modèle à cette gravure d’un style assez fruste, mais qui n’en constitue pas
moins un précieux document du xve siècle.

ANDRÉ BLUM

1. Zani, Enciclopedia dette belle arli; Parma, 1817-1822, t. II, p. 173.

2. André Blum, Le Maître aux banderoles (Revue de l'art ancien et moderne, 1012,

t. II, p. 335).

3. H. Hymans, Bulletin des commissions royales d’art et d’archéologie, t. XX (1881),
p. 261.

4- P. La fond, Roger van der Weyden ; Paris et Bruxelles, 1912, p. 45.
 
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