RENOIR
(1841-1919)
(premier article)
Entre le 2 5 février i84i, date de sa nais-
sance à Limoges, et ce matin du 2 décembre
1919 où il s’éteignit à Cagnes, soixante-dix-
huit ans de vie furent accordés à Pierre-Au-
guste Renoir, sur lesquels il donna bien
soixante à la peinture. Il n’est même pas
abusif de faire commencer un peu plus tôt
sa carrière de peintre. Peu après sa nais-
sance, ses parents, modestes artisans, s’ins-
tallèrent à Paris. Il ne connut donc pas
Limoges, où il vint au monde, et il eut l’en-
fance d’un petit Parisien, d’un de ces
gamins à la mine éveillée qui, musant et
s’amusant, s’instruisent à toutes les ren-
contres de la rue. Cependant les souvenirs
de Limoges et de l’industrie d’art qui fait la
réputation de cette ville furent sans doute ce qui décida ses parents, voyant
ses dispositions au dessin, à le mettre, lorsqu’il eut treize ans, en apprentis-
sage chez un fabricant de céramique. A treize ans, il gagnait sa vie et bientôt
ses camarades moqueurs trahissaient leur admiration secrète en lui donnant
le sobriquet de « Rubens ». Puis, il décora, avec non moins de succès,
des stores de calicot qu’un industriel vendait à des missionnaires et que
ceux-ci plaçaient, en guise de vitraux, dans des églises du Paraguay. Il était
déjà peintre dans ces deux métiers et c’est insensiblement que l’artisan se
PORTRAIT DE RENOIR
PAR LUI-MÊME (iQIo)
(1841-1919)
(premier article)
Entre le 2 5 février i84i, date de sa nais-
sance à Limoges, et ce matin du 2 décembre
1919 où il s’éteignit à Cagnes, soixante-dix-
huit ans de vie furent accordés à Pierre-Au-
guste Renoir, sur lesquels il donna bien
soixante à la peinture. Il n’est même pas
abusif de faire commencer un peu plus tôt
sa carrière de peintre. Peu après sa nais-
sance, ses parents, modestes artisans, s’ins-
tallèrent à Paris. Il ne connut donc pas
Limoges, où il vint au monde, et il eut l’en-
fance d’un petit Parisien, d’un de ces
gamins à la mine éveillée qui, musant et
s’amusant, s’instruisent à toutes les ren-
contres de la rue. Cependant les souvenirs
de Limoges et de l’industrie d’art qui fait la
réputation de cette ville furent sans doute ce qui décida ses parents, voyant
ses dispositions au dessin, à le mettre, lorsqu’il eut treize ans, en apprentis-
sage chez un fabricant de céramique. A treize ans, il gagnait sa vie et bientôt
ses camarades moqueurs trahissaient leur admiration secrète en lui donnant
le sobriquet de « Rubens ». Puis, il décora, avec non moins de succès,
des stores de calicot qu’un industriel vendait à des missionnaires et que
ceux-ci plaçaient, en guise de vitraux, dans des églises du Paraguay. Il était
déjà peintre dans ces deux métiers et c’est insensiblement que l’artisan se
PORTRAIT DE RENOIR
PAR LUI-MÊME (iQIo)