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Grand-Carteret, John
Les moeurs et la caricature en Allemagne - en Autriche - en Suisse: ouvrage illustré — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.8052#0076
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LA CARICATURE ALLEMANDE

Traqué et caricaturé, Filluminatisme ne devait pas en rester là : Mira-
beau l'importa en France, et beaucoup le considérèrent avec raison comme
l'initiateur du Jacobinisme. Ce qui est certain, c'est que les représentants
de cette école littéraire prêchaient le cosmopolitisme, la guerre à l'es-
clavage, la destruction du despotisme. Leurs deux centres principaux
étaient Berlin et Maycnce. A Berlin, où tant que vécut Frédéric II, la
censure fut bien rarement appliquée, les rationalistes avaient fondé en 1783
un recueil, la Revue Mensuelle, auquel collaboraient Kant, Mendelsohn,
Nicolaï, Ramier, Glcim, les Humboldt, Schlegel, Fichte. Liberté de la
presse, mariage civil, instruction laïque, toutes les grandes questions
d'émancipation sociale étaient agitées, des le commencement, par ce journal
qui contenait, en 1785 et 1786, des articles comme on n'en verra pas
en France, avant 1791. C'est ainsi qu'à la mort de Frédéric II, il décla-
rait que tout ce qu'un roi pourrait faire désormais, en vue de s'immorta-
liser, serait de transformer la royauté en une République. A Mayence,
grâce à la protection de PArchevêque-Electeur Dalberg, les illuminés
étaient en possession de toutes les hautes fonctions universitaires ; Georges
Forster, le savant naturaliste, compagnon de Cook lors de son voyage
autour du monde, était bibliothécaire, Heinsc le philosophe qui s'est plu
à l'apothéose des choses sensuelles, lecteur du prince.

Lorsque vint 1789 et la prise de la Bastille, ils applaudirent cha-
leureusement à ces actes d'émancipation. Et ils ne furent pas les seuls.
Schlœzcr qui professe l'histoire et la politique à Gocttingen, Fichte, à
Jena, qui dans un mémoire, prendra la défense de la Révolution contre
les préjugés et les calomnies dont elle est victime, Mauvillon à Brunswick
qui somma les Allemands de faire cause commune avec les révolutionnaires
français, Kant qui publiera, en 1795, le projet philosophique d'un traité
de paix perpétuelle, Campe, le philosophe de Hambourg qui, clans ses
Lettres de Paris (1790), écrit qu'en mettant le pied sur le territoire fran-
çais, il s'est, pour la première fois, senti membre de la société humaine,
tous les savants, tous les érudits, en un mot, éprouvèrent pour la
nation française, les plus vives sympathies. Leur tort, à beaucoup, il
est vrai — de ce nombre devaient être Goethe et Schiller .— fut
de croire qu'une révolution de cette importance pouvait s'accomplir
d'un seul coup, sans violentes catastrophes. Un groupe se constitua qui
eut pour chef le philosophe Jacobi, s'intitula lui-même F école des belles
 
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