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Grand-Carteret, John
Les moeurs et la caricature en Allemagne - en Autriche - en Suisse: ouvrage illustré — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.8052#0077
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LA RÉVOLUTION ET LE PREMIER EMPIRE (1789 — 1815) 49

et grandes âmes et, en blasé, détourna ses regards de la scène politique
et sociale.

Malgré cela, l'enthousiasme pour le mouvement français était tel en
Allemagne que Imand, l'auteur dramatique, ami de Schiller, écrivait en
1791 sous le titre de: Les Cocardes, une pièce de théâtre destinée à peindre
les tristes conséquences du vertige de la liberté. Il expliquait ainsi
à Schlœzer ses raisons : „Si vous étiez présent dans certains endroits
,,de l'Allemagne quand les voyageurs allemands arrivent de Paris, vous
„seriez sans doute frappé aussi de la manière furibonde dont ces beaux
„esprits, ces esprits forts, excitent à l'insurrection nos hommes, nos femmes,
„nos enfants, en préchant l'éloge de la révolution telle qu'elle existe
„aujourd'hui en France; eh bien! j'ai écrit les Cocardes pour dire un mot
„en faveur du parti honni et tracassé."

Au milieu de telles dispositions, les émigrés qui apportaient en
Allemagne leurs grâces surannées, leur prodigalité, leur esprit de dissi-
pation, étaient reçus par les habitants avec une sympathie très-modérée.
Plusieurs estampes satiriques de l'époque en font foi.

Bien au contraire, lorsque, après la déclaration de guerre du 20 Avril
1792, les Français marchèrent sur le Rhin, les Illuminés n'eurent pas de
peine à ouvrir à Custine les portes de Mayence.

Dès lors, la rupture va être complète entre ces premiers partisans
d-e la démocratie allemande et tous les hobereaux, tous les représentants
des vieilleries archéologiques, des usages surannés. Les premiers seront
du côté des Français, parce qu'ils voient en eux les représentants des idées
nouvelles. S'ils subissent avec une certaine patience le despotisme de
Napoléon, c'est parce que, derrière l'homme, il reste encore les institutions,
les principes de la Révolution, tandis que du côté de leurs souverains,
grands ou petits, il n'y a que l'avilissement et l'inquisition, qu'elles se
présentent sous l'aspect du bâton du caporal prussien, des verges du caporal
autrichien, des marchands d'hommes de la Hesse-Cassel, des piétistes de
Berlin ou des jésuites de Vienne. Cette lutte entre les débris de l'an-
cienne société féodale et les principes de la société moderne constituera
désormais le fond de la politique allemande: en 1848, comme en 1830, comme
après 1815, c'est elle surtout, que va traduire le pamphlet, écrit ou dessiné.

Du reste, la séparation n'existait pas seulement au point de vue des
idées, elle se manifesta dans les formes de la vie extérieure. A Mayence

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