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Grand-Carteret, John
Les moeurs et la caricature en Allemagne - en Autriche - en Suisse: ouvrage illustré — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.8052#0078
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LA CARICATURE ALLEMANDE

les Jacobins adoptent le costume français, laissent pousser leur moustache
à la Custine, tandis qu_, de 1793 à 1800, tous les landgraves, markgraves
et autres hobereaux rendent arrête sur arrêté pour défendre à leurs sujets
le port de certains habillements par lesquels on pouvait se rendre suspect
de tendances jacobines (sic). Les vêtements ainsi visés étaient le chapeau
rond, les pantalons, le bâton noueux, les cheveux coupés droits, les
souliers à cordons, les demi-bottes. Dès lors donc, dans les alma-
nachs et dans les planches isolées, apparut la caricature de modes :
de part et d'autre, on cherche à se ridiculiser, en exagérant, en
outrant le costume. C'est surtout la fameuse armée du banc de Vempire
avec sa foule incohérente de petits contingents de toutes sortes, variée
dans ses uniformes et dans son armement au point que les dessinateurs
proposeront pour elle l'habit d'arlequin, qui excite la bonne humeur des
caricaturistes.

Un fait à remarquer est l'impression à peu près identique que
produisit la vue des Français sur une population habituée aux soldats
de parade, bien brossés, bien poudrés, bien sanglés dans leurs habits à
la française. Amis comme ennemis, furent frappés de leur dénûment.
C'est pourquoi, caricatures ou reproductions plus ou moins exactes mais
sincères dans leur naïveté, toutes les gravures du temps, les représentent
un bidon à la main, avec une immense giberne et un sac rond tombant
sur les reins, un quartier de viande ou des pains enfilés dans la baïonnette
du fusil. Souvent on voit sur le chapeau, une cuiller et une fourchette à
deux pointes, croisées derrière la cocarde, de chaque côté du pompon;
souvent aussi, ils ont une pipe à la bouche.

Plus on va, plus la recherche du grotesque s'accentue. — Tel est le
cas, par exemple, pour une série d'estampes en couleur sur les milices de
ce fameux banc de Peinpirë, de joyeuse mémoire, représentant unifor-
mément un soldat auquel un caporal quelconque fait faire l'exercice. Ces
deux personnages ont toujours des jambes d'une maigreur effrayante
dont les pieds se perdent dans d'immenses souliers à boucle, éculés et
bourrés de foin. Il est telle de ces gravures où la giberne finit par
devenir une caisse à victuailles de laquelle émergent des saucisses, un
romage de Hollande, des légumes, des bouteilles de doppel Ktimmel ou
autres liqueurs du même genre. Et le tout est à l'avenant : pipe alle-
mande à la bouche ou en sautoir, pistolet au chapeau en guise de cocarde,
 
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