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Grand-Carteret, John
Les moeurs et la caricature en Allemagne - en Autriche - en Suisse: ouvrage illustré — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.8052#0202
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LA CARICATURE ALLEMANDE

la représentent-ils toujours, avide de gloire, prête à chercher dans de loin-
taines aventures une compensation à ses défaites. Le procès Bazaine
devient un prétexte pour caricaturer à nouveau l'armée vaincue, et comme
il faut quand même à ces Franzosenfresser, encore vivants malgré le
ridicule dont Bcerne les avait couverts, quelqu'un sur qui ils puissent
faire tomber leurs sarcasmes, ils se rejettent sur le jeune prince Im-
périal, sur Mac-Mahon, sur Thiers, sur Grévy, sur Gambetta. Les deux
premiers surtout sont chargés sous toutes les faces: l'Allemagne entière
répète après le Kladderadatsch les prouesses de Lulu et les mic-macho-
nades de Mac Farlane. La France elle-même n'est pas épargnée:
lors des affaires de Tunis, on la transforme en enfant pleurant sur les
genoux de sa mère et demandant de la gloire; les illustrations qui la con-
cernent, sont uniformément qualifiées de: nouvelles du pays de la revanche.
Et, pour ne pas perdre les, bonnes habitudes, les jeux de mots à la fran-
çaise continuent comme par le passé.

En 1881, le Kladderadatsch représente Grévy en cocon, à ses côtés
Thiers et Mac-Mahon en chenilles, Gambetta sortant de sa chrysalide à
l'état de papillon, et il intitule cela gravement: Noctua-Gamma-betta, plai-
santerie qui a dû provoquer de fous rires chez ses lecteurs.

Mais, quoique ne perdant pas de vue la France, celle-ci n'est plus l'objet
de ses préoccupations constantes. Dès le mois de Mars 1871, il se faisait,
en quelque sorte, le moniteur illustré de la guerre religieuse que devait
inaugurer l'ordonnance royale portant suppression en Prusse de la division
catholique au ministère des cultes, et depuis ce moment, il n'a cessé de
défendre par le crayon les mesures du ministère Falck, caricaturant
impitoyablement tous les ennemis de ce Kulturkampf dont on fera, en un
moment de joyeuse humeur, le Culturcamphre. Cette âpreté, cette violence
de la polémique illustrée, ne devaient pas plaire à l'Allemagne du Sud,
à la Bavière surtout, où le parti libéral allemand s'efforçait en vain de sou-
lever les mêmes discussions religieuses; aussi le Kladderadatscli perdit-il
beaucoup de sa popularité et de ses abonnés dans cette partie du pays.
Il n'en fut pas de même, il est vrai, en Prusse, où ces questions devaient
pendant si longtemps, occuper l'attention publique.

Populaire à Berlin, il l'est, avec l'éternelle figure de son bonhomme
montrant du doigt, en riant lui aussi, les caricatures qui excitent par
avance son hilarité, avec les éternels dialogues de ses deux bourgeois,
 
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