Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 3.1873

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.6812#0191

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LE^GRELOT

Prenons garde aux extinctions de voix.

N'oublions pas qu'au moment où la majorité
ne tient qu'à cinq ou six votes, il est urgent et
loyal de convoquer les neuf collèges électo-
raux qui ont en ce moment neuf députés à
élire.

Le maréchal de Mac-Mahon est trop loyal
pour laisser s'opérer autour de lui certains
tripotages politiques...

Si Chambord revient, je suis prêt à crier :
au miracle.

Et pourtant je ne crois pas au merveilleux...

Au Merveilleux... Duvignaux, veux-je dire.

Toujours est-il que déjà les marchands de
bimbeloterie spéculent sur la fleur de lis :

Boutons de manchettes fleurdelisés,

Boucles d'oreilles fleurdelisées,

Clysopompes fleurdelisées...

On fait môme de la fausse monnaie à l'effigie
d'Henry VI

Veinard, va!

*

Si l'on autorise les fleurs de lis, on fait en
revanche une guerre acharnée aux couleurs
nationales.

Ces excellents censeurs font à leur manière
la cour an soleil levant : ils nous ont refusé
sept dessins cette semaine !!!!!! !

La censure des ceintures de flanelle (car il
y a une censure des ceintures de flanelle!) est
encore plus féroce 1

Voici ce que raconte l'Ordre social de Nice
qui garantit le fait authentique :

t Un marchand du boulevard du Pont-Vieux
avait reçu ces jours-ci un assortiment de cein-
tures de flanelle qui présentaient les trois cou-
leurs nationales.

« Le marchand, afin de faire la vente, avait
exposé sa nouvelle marchandise hors de son
magasin.

« Hier, dans la matinée, un individu assez
bien mis, un inconnu, s'est présenté chez lui
et a pris, sans se gêner le moins du monde,
un*; de ces ceintures en disant :

« — N'ayez aucune crainte, monsieur, je
dois la porter à la mairie; car je ne sais pas si
le chef de notre municipalité vous autorisera
à faire celte vente.

« Le marchand a été fort surpris, ii a re-
tiré les autres ceintures, et, à l'heure qu'il
est, il ne sait pas encore la délibération de nos
édiles. »

Flanelle et politique mêlées I

Eh bien! à la bonne heure, j'aime cela.

Vous verrez qu'un de ces jours ils poursui-
vront les myopes comme ïhiersistes et les bor-
gnes comme Gambetlistes I

*

• *

Malgré tout cela , il est une chose qui me
fait plaisir : c'est de voir les orléanistes et les
légitimistes, en dépit de l'accord de leurs pa-
trons, s'engueuler à qui mieux mieux.

C'est très-joli de dire :

La fusion est faite;

Mais il faut s'entendre.

Je suppose que demain le Roy de France
fusionne avec le Roy de Prusse, son bon frère.

Croyez-vous donc que nous, Français, nous
aurions par ce fait même fusionné avec la ver-
mine prussienne?

Que nenni, da!

Du reste, afin que nul n'ignore la véritable
signification du mot Fusion, j'ai rédigé, à l'in-
tention des académiciens de l'avenir, le petit
travail que voici :
Pour les légitimistes, Fusion veut dire...

après nous s'il en reste.
Pour les orléanistes — Passez-
nous la rhubarbe.
Pour les impérialistes — Ah! s'ils
pouvaient s'entre-dévorer !
Pour les républicains — J'ai du
bon tabac dans ma taba Thiers ...
Pour les lorettes — 5, 10,15

et 20 francs.

Pour les curés — eau bé-

nite... de cour.

* *

Quant au citoyen comte de Rémusat, que
Veuillot appelait hier :

« Le vieux marmiton de cette vieille Adol-
phine » proh;pudorI

Quant au citoyen comte de Rémusat, nous
ignorons encore s'il votera pour la monarchie
qui l'a fait comte, ou pour la République qui
l a fait député.

Le centre gauche est si tiède !

Si... centre gauche!

Mimi Saint-Epistolaire, lui, est en train de
traduire Boileau en grec moderne.

Nous serions curieux de savoir comment il
a rendu ces deux vers :

Paris est une ville aimant peu les Chamboids;
On n'y peut plus rentrer quand on en est dehors.

*

Vite, dépétrons-nous de la politique et lâ
chons le mot de la fin.
Dans un restaurant du boulevard :
Le chef-chef au garçon. — Enlevez le ma-
quereau !

Monsieur K... (bondissant sur sa.chaise).—
Le premier qui me touche!!!...

quiquenguogne!

Sous presse : L'ALMANACH DE M. THIERS, ou

LE TRIPLE ALMANACH BOURGEOIS pOUr 1874. — Texte :

George Petilleau. Dessins : Cliam, Bertall, Grévin
Hadol, Pernay, Humbert, etc.

BALIVERNES

La publication du procès Bazaine est inter-
dite en Prusse ; parbleu, la belle affaire !...

Si vous croyez que c'est malin , vous avez
joliment tort, messieurs les Prussiens; il est
toujours glorieux pour un peuple d'apprendre
que ses généraux, que les de Moltke ordinai-
res de Sa Majesté sont de rudes lapins, et le
procès Bazaine aurait évidemment redoublé
l'enthousiasme des populations pour le génie
de vos grands hommes de guerre.

Ainsi Mttz, cette ville imprenable, prise par
vous, cela constituait un beau fait d'armes;
pourquoi ne pas laisser apprendre au peuple
tout ce qu'il vous a fallu de science, de savoir
et de courage?

Est-ce que, par hasard, vous n'auriez pas
eu de tactique et d'intrépidité?

Ah! j'y suis, Metz ne fut pas pris, c'est
juste; mais enfin Metz a capitulé.

Allons, je vois ce que c'est, vous craignez que
vos admirateurs ne lisent, dans ce bulletin de
victoire, que quelque chose comme ceci ou
approchant :

Nos vaillants généraux, après avoir sou-
tenu une lutte brillante contre... personne,
s'emparèrent après... pas de combats sérieux,
de celte ville défendue énergiquement par...
un homme qui s'est rendu.

Les drapeaux furent enlevés d'assaut... dans
la voiture chargée de nous les apporter; les
armes, les canons et les munitions de guerre
tombèrent entre nos mains, quoique nous
n'ayions eu que la peine de les accepter, et
nous entrâmes enfin dans la ville, dont nous
devînmes définitivement maîtres, quand on
nous en a eu ouvert les portes.

Nos savantes combinaisons consistèrent à
laisser faire, et nous eûmes Ja gloire et l'hon-
neur de conquérir, par la force des armes, ce
dont un monsieur voulait à tout3 force nous
faire cadeau.

Quelle admirable stratégie tout de même
chez ces Prussiens!!! Quel grand peuple et
quels soldats !... Jamais plus de huit contre
un!!!... Une paille, quoi !

Charles Lerot.

LE MUSÉE DES GROTESQUES

AIMÉ-THÉODCLE CHANGARNIER

Né à Autun en 1793, Théodule à ses qua-
tre-vingts printemps. A cet âge, Anacréon
se couronnait de roses, lui s'inonde de par-
fums.

Comme Monck, il veut faire un roi; qu'il
soit de la branche aînée ou cadette, clérical
ou libre penseur, voltairien ou veuillotin, peu
lui importe; pourvu que la France ait un roi,
il mourra content. Cet homme ne marchande
pas les désastres à son pays.

*

* *

II a été l'un des négociateurs de la capitu-
lation de Bazaine; cela ne lui suffit pas. La
France se relevait sous la République; elle
reprenait son rang parmi les nations; il ne
faut pas que cela soit : Théodule va y met-
tre bon ordre : il va nous doter d'une mo-
narchie.

Comme M. Prudhomme, il sème ses rares
harangues de mots sentencieux et burlesques :
il a qualifié M. Thiers, « son ami de vingt
ans, » « d'ambitieux sénile; » il a appelé le
héios de Bclfort « un officier de casemate. »
Quant à lui, il se nomme « MODESTEMENT
Changarnier. »

Soyons juste ; il a commandé son bataillon,
à la retraite de Constantine (1836), avec beau-
coup de bravoure. Mais quel est l'officier fran-

çais qui n'en eût fait autant? Et puis, s'il se
laissait entamer, il s'agissait de la vie : les
Arabes n'admettaient pas les capitulations.

En 1848, il offrit « son dévouement » au gou-
vernement provisoire, dans une lettre où se
trouve cette phrase, qui justifie si bien ce litre
de modeste qu'il s'est" donné :

« Je sollicite le commandement de la fron-
tière la plus menacée. L'habitude de manier
les troupes, la confiance qu'elles m'accordent,
une expérience éclairée par des études sé-
rieuses, l'amour passionné de la gloire, la vo-
lonté et l'habitude de vaincre, me permettent
sans doute de remplir avec succès tous les
devoirs qui pourront m'être imposés. »

L'habitude de vaincre nous peint ce modeste
homme. Il paraît n'avoir pas usé de son habi-
tude à Metz.

Elu représentant de la Seine, il fut nommé
général en chef de la garde nationale, et plus
tard commandant de la lre division militaire
par Louis Bonaparte. La Législative rogna
30,000 francs sur ses riches traitements, ce
qui lui fit dire à M. Jacques Brives, son voisin
à la Chambre :

— Citoyen, cela ne change rien à la situa-
lion; si l'occasion se présente, je brosserai vos
amis gratis ; voilà tout.

C'était charmant, n'est-ce pas?
L'occasion se présenta au 13 juin 1849. A la
tôle d'un corps d'armée , il vainquit une poi-
gnée de citoyens sans armes qui protestaient
contre le siège de Rome. Ce fait héroïque
acheva d'enivrer cet homme, qui avait « i'a-
mour passionné de la gloire. »

Entre temps, les mots «historiques et pro-
phétiques » sont curieux à collectionner pour
les Plularques de la boulfonnerie.

Le 20 décembre 1848, en allant, à la tête
de son état-major, installer an palais de l'E-
lysée le président de la République, M.Théo-
dule Changarnier disait :

— Il me serait aussi facile de faire un em-
pereur que d'acheter une livra de pralines.

L'engouement du moment pour le futur
héros de Sedan aurait pu donner des inquié-
tudes aux amis de la République; mais ce
qui les rassurait, c'est que Théodule avait dit
la veille :

— Si un empereur veut entrer aux Tuile-
ries, je lui f... des coups de fusil.

Le président de la République recevait un
traitement de 1,200,000 fr. ; cette somme était
trop modique pour M. Bonaparte. Il fit de-
mander par son ministre des finances, M.
Fould, que ce traitement fût porté à 3 Ail-
lions.

Républicains, légitimistes, orléanistes, lous
hésitaient. Le modeste Changarnier monte à
la tribune, et, de sa voix la plus stridente, il
s'écrie :

— Messieurs , qu'une misérable question
d'argent ne nous divise pas. Je vous adjure de
voter le subside. Un relus ferait vaciller le pou-
voir sur sa base.

Où eût été le mal que'ce pouvoir vacillât ou
même tombât? Nous aurions économisé une
dizaine de millicrds, et surtout le sang de nos
enfants tombés en Crimée, en Syrie, en Chine,
au Mexique, en France, et précédemment ce-
lui des citoyens massacrés au 2 décembre.

Six mois après, le président de la Républi-
que destituait Théodule, qui se consolait de sa
disgrâce par une phrase de mélodrame.

— J'ai préféré mon devoir aux oripeaux
d'une vaine grandeur!

On n'a jamais su ce qu'étaient ces oripeaux.

Six autFes mois après, — car il ne montait
aux rostres que tous les semestres, — il s'é-
criait, après le toast de Dijon :

« L'armée ne désire pas plus que vous, voir
infliger à la France les misères et les hontes
du gouvernement des Césars, alternativement
imposé et renversé par des prétoriens en dé-
bauche... Personne n'obligerait nos soldats à
marcher contre la loi et à marcher contre l'As-
semblée. Dans cette voie fatale, on n'entraî-
nerait pas un bataillon, pas une compagnie,
pas une escouade, et on trouverait devant soi
es chefs que nos soldats sont accoutumés à
suivre sur les chemins du devoir et de l'hon-
neur.

« Mandataires de la France, délibérez en
ix. »

Quel prévis
qui se passait

paix. »

Quel prévision et quel tact pour juger de ce

•_______:. a

*
* *

* *

Peu de temps après, au coup d'Etat, le gé-
néral Changarnier, — dit Bergamotte, — fut
empaqueté, jeté à Mazas, puis expédié en
Belgique.

A tous ces litres de gloire et de sens poli-
tique, il faut ajouter la part prépondérante
qu'il prit à la journée du 24 mai, où il ren-
versa du pouvoir son « ami de vingt ans, »
M. Thiers.

Depuis, il continue sa tâche, et c'est au mi-
lieu de son laboratoire à parfums, — essen-
ces et pommades da toutes espèces, — que
siègent les Larcy, les Pasquier, les Daru, sans
oublier 1 illustre Combier, que nul ne connaît,
toute la réaction qui va nous dater malgré
nous d'une royauté que tout le monde déteste.

* *

Au physique, Théodule Changarnier res-
semble à une vieille femme costumée en
dandy de l'ère constitutionnelle: redingote ser-
rée à la taille, cravate bleue, pantalon et ganls
de couleur claire, bottines vernies, un gom-
meux de 1840, le tout surmonté d'une tête
qui ressemble à une pomme ayant séjourné
six mois sous la gîace.

Quand de pareils hommes président aux
destinées d'un pays et peuvent y. imposer leur
volonté, on peut Je croire bien malade; mais
cela ne sera pas : cette noble France ne peut
être gouvernée par des grotesques.

PICHENETTE.

DE THÉÂTRE EN THÉÂTRE

Odéon. — Encore une reprise!
Ne nous en plaignons pas trop pourtant,
car, cette fois, M. Duquesnel l'intelligent...
voir les feuilletons des lundistes depuis cin-
quante ans) M. Duquesnel, dis-je, a eu du nez.

Cendrillon est une charmante pièce, bour-
rée d'esprit. L'intrigue est simplette, mignon-
nette au possible : c'est le conte de Perrault
disloqué et sensibilisé.

Ce petit drame de famille est de Barrière
seul.
Autre curiosité :

Madame Doche, comme Laferrière, se dé-
cide enfin à ne plus jouer les jeunes filles.

Mademoiselle Hélène Petit (une vraie fillette
à la cruche cassée) a eu un vrai succès de
charme. La blonde enfant a une paire d'yeux

bleus longs comme ça (----—), et je vous

réponds qu'elle sait s'en servir.

Georges Richard (qui n'a pas eu de chance
comme librettiste aux Menus-Plaisirs) a joué
le gros fermier avec sa rondeur habituelle.

*

* *

Gymnase. — L'Enquête de Cadol et de ma-
dame Hiks de Trois-Etoiles (1).

Ces trois actes sont tellement dénués de
vraisemblance que je me demande encore
comment j'ai pu me laisser empoigner.

C'est qu'en vérité on s'intéresse malgré soi
à ce fait divers dramatique.

Un vieux serviteur Ecossais, portant le nom
Irlandais de Patrick, noie une vieille fille pour
lui apprendre à battre les petits garçons !...

Et voilà !

Va comme je te pousse !

Cadul a fait là un tour de force, mais qu'il y
prenne garde; les logogriphes sont dangereux
à la scène!

Francès (Patrick) a eu les honneurs de la
soirée »

Imposssible d'être plus agréablement désa-
gréable que madame Chéri-Lesueur.

Ne quittons pas le Gymnase sans adresser
nos sincères félicitations à M. Derval à qui la
société des auteurs et compositeurs vient de
donner une médaille d'or bien justement mé-
ritée.

*

* »

Opéra - Comique. — Restauration de
Chambord Cœur-de-Lion.
1785-1873 !
14 gouvernements!!
10 révolutions ! ! !
Au grand désespoir du peup'e souv'rain de la
Viilelle, papa du Locle et son ennemi intime
de Leuven ne donnent plus que des pièces
royalistes.

Après le Roi l'a dit, Chambord Cœur-de-
Lion.

Dame 1 c'est que les intelligents... (voir plus
haut) tiennent à se mettre bien en cour.

On ne sait pas ce qui peut arriver...

Et cette vieille subvention...

La musique de Grévy est idéale. Le poème
de Bazaine est pourri d'ehic (pardon !).

M. Veuillot, secundum ordinem Melchisedec,
chante avec âme et expression :

O Chambord 1 ô mon roy, l'Univers t'abandonne...

M. de Villemessant est inimitable dans

Une fièvre brûlante...

La mise en scène est très-réussie. Je vous
recommande l'acte du balcon...
Un roy au balcon !

(1) Est-ce madame Olympe Audouard?
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen