LE GRSLOT
PRIME GRATUITE
Toute personne de la province qui s'abonnera à
un des journaux ci-après, par l'entremise de M.
Madré, directeur-gérant du Grelot, 77, rue Neuve-
des-Petit» champs ,à Paris, aura droit â un abon-
nement gratuit au journal le GRELOT, savoir :
Pour un abonnement d'un an : 6 mois au grelot.
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Charivari.............
Constitutionnel.......
XIX' Siècle...........
Qroit..................
Événement............
Estafette. ...........
Etrille, de Bruxelles..
Figaro.................
Français..............
France .................
Gazette de France____
Gaulois................
Journal des Débats..
Illustration.........,
Liberté................
Moniteur universel..
Monde................
Monde illustré.......
Paris-Journal........
Patrie.................
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Presse................
Rappel.................
République française.
Réveil..................
Revue desDeux-Mond.
Siècle.................
Soir...................
Temps ................
Times, de Londres.....
Les piix qu précèdent sont, bien entendu, les
prix fixés par les administrations de chacun de
ces journaux.
L'Administration du Grelot se charge également
de l'abonnement sajis frais, à tous les autres
journaux de Paris. '
LA SEMAINE
Le salon de M. Dumrne.au, rôtisseur retiré
des affaires. Amiubleme.nl remarquable par
son mauvais qoùt Fla->!beaux en simili-
bronze, pendule en simili-marbre, tableaux
pemts par de simili-peintres, tapis en
■ simili-laine, etc., etc. Cela fait beaucoup
d'effet et... est hideux
m. ducorneau, entrant avec agitation. Il jette
un gros paquet sur un canapé.
Ah !... c'est charmaut !... délicieux !... que
de grâce!.., de cachet!... d'originalité!...
Comment diab e se fait-il qu'on n'ait pas
songé à les prier de venir plutôt égayer par
leur présence notre triste et lugubre carna-
val ?. . Enfin, vaut mieux tard que jamais !...
et si chacun suit mon exemple, nous retrou-
verons bientôt les éclats de cette vieille gaîté
gauloise ! .. je crois que j'ai eu une fameuse
idée tout de môme ! .. c'est Joséphine qui va
être contente !.. elle qui est si romanesque!...
Vite !... pré venons-la.. Joséphine !... José-
phine!...
(Entre Mme Ducorneau, belle blonde à l'œil
langoureux )
madame ducorneau,
Vous m'avez appelé, petit ami ?
m. ducorneau.
Oui, ma chérie... Je veux t'apprendre une
bonne nouvelle...
madame ducorneau, d'un ton mélancolique.
Ah!... vraiment?...
m. dccorneau.
C'est aujourd'hui l'anniversaire de notre
mariage...
madame ducorneau, soupirant.
C'est tout de même vrai... je n'y pensais
pas du iout.
m. ducorneau.
J'ai voulu te faire pour ce jour-là une petite
surprise.
madame ducorneau, sans enthousiasme aucun.
Ah! vous êtes bien gentil!... (on voit
qu'elle n'en pense pas un mot).
m. ducorneau.
Je donne ici, ce soir, une soirée épatante...
pour nous deux... et j'ai invité... devinez un
peu !...
madame ducorneau.
Mais vous savez bien que je ne devine
jamais rien, moi.
m. ducorneau.
J'ai invité... les Espagnols »!
madame ducorneau, vivement.
La Estudiantina ?...
m. ducorreau.
Juste !...
madame ducorneau, sautant et frappant dans
ses mains.
Ah!... quelle bonne idée 1... et que çà me
fait plaisir !... Amour de Népomucène, va !.-.
m. ducorneau.
Tu sais maintenant que c'est une rage !...
il n'est plus question que de celai... On se
les arrache, quoi !
madame ducorneau, à part.
Faut-il que ce Ducorneau soit bêle i...
m. ducorneau.
J'ai envoyé Victoire chercher des petits
fours et du sirop d'orgeat... il paraît qu'ils en
raffolent!... et puis c'est plus distingué que
la biùrei... eh! je ne regarde pas à la dé-
pense, moi, quand il s'agit de te faire un
plaisir !...
madame ducorneau.
Et... Ils viendront... tous?
m. ducorneau.
Je l'aurais souhaité!... mais comme Paris
entier se les dispute .. tu comprends?.. Il faut
absolument qu'ils se divisent. Je serai donc
forcé de me contenter seulement, pour ce
soir, du premier guitariste de la compagnie,
le senor Cascadores de las Bretellas.
madame ducorneau, à part.
C'estlui l...
m. ducorneau.
Un homme superbe !..
madame ducorneau, à part.
Je te crois !... (haut,) En effet... il me sem-
ble... l'avoir remarqué... (négligemment) en
passant avant-hier aux Tuileries... par ha-
sard... ils étaient là., et...
m. ducorneau, allant ouvrir le paquet et le
montrant à sa femme.
Regarde !...
madame ducorneau.
, Une culotte de velours... une veste. . des
bas de soie... une résille...
m. ducorneau.
C'est une attenlion dé'icate pour Cascado-
rés... Je veux, pour le recevoir, revêtir son
costume national .. tu permets que je le
passe?...
madame ducorneau.
Ne vous gênez donc pas !...
(Pendant que Ducoiwau se glisse dans sa
culotte, madame •met quelques fleurs dans
ses cheveux. Entre la bonne.)
victoire.
Madame !... monsieur!... madame !
m. ducorneau,
Qu'est-ce qu'il y a ?
victoire.
Tiens !... un singe.
m. ducorneau, avec eolêre.
Victoire !, .
victoire.
Excusez, monsieur... mais j'ai la tête à
l'envers. . Figurez-vous qu'il y a en bas un
masque qui demande monsieur.
m. ducorneau.
C'est Cascadores l
madame ducorneau.
Qu'il monte à l'instant !
victoire, à part, en s'en allant.
En v'ià des toqués ! ..
m. ducorneau, poussant un léger cri.
Aïe !...
madame ducorneau.
Il me semble que ma culotte vient de cra-
quer... dans le dos... Si tu me raccommodais
çà en deux temps, ma petite chatte ?...
madame ducorneau.
Vous n'y songez pas?.-, est-ce que vous
pensez que je veux être surprise par un étu-
diant espagnol dans une position aussi ridi-
cule?
m. ducorneau.
C'est juste... mais il me semble qu'on monte
l'escalier...
madame ducorneau.
Ah ! le cœur me bat d'une force !...
(Entrée de Cascadores )
cascadores.
Senor... senora....y la compania...
(Il fait une pirouette.)
madame ducorneau, à part.
Qu'il est beau !...
m. ducorneau.
Como sta usted, senor estudianto ?
cascadares
May biem.. y usted ?
m. ducorneau.
Ça va assez bien... merci. . (Poussant un
gémissement sourd.) Décidément... elle a cra-
qué... Il faut absolument que Victoire m'ar-
range cela... (Il fait quelques pas à reculons
vers la porte.)
madame ducorneau.
Où allez-vous donc, mon ami ?
m. ducorneau.
Je reviens dans une minute ., senor estu-
diante, veuillez m'excuser... mais un ordre à
donner... Soyez assez bon pour exécuter, pen-
dant mon absence, un petit air de guitare à
ma femme. ~
cascadores.
Je n'y manquerai pas.
(Sort Ducorneau. A peine est-il dehors que Cas-
cadores sort sa guitare, se précipite aux
pieds de Mme Ducorneau et lui exécute une
sérénade si vive et si animée qu'il n'entend
pas la porte se rouvrir, au moment juste où
se casse la dernière corde de sa mandoline.
Il faut croire que le spectacle qu'aperçoit le
malheureux rôtiss-ur ne lui laisse aucun
doute sur sa position, car il s'écrie d'une
voix éteinte:
Ah l misérable ! ah ! gredin ! Espagnol de
carton '... je vais te... m'avoir ainsi !... Oh 1! !
cascadores.
De quoi vous plaignez-vous, seigneur, Du-
cornji ? .. Nous sommes venus ici pour ani-
r*le carnaval? ..
Eh bien?... il me semble que...
moi
m. ducorneau.
Sacripant !...
cascadores.
Vaya Usted con Dios, senor !
ducorneau.
Le diable t'emporte, animal !...
NICOLAS FLAMMÈCHE.
ZIGZAGS
Une disparition mystérieuse
Il y a une chose plus cocasse que la mésa-
venture de Léon XIII, laissé en plan par ses
Suisses, et ne pouvant les faire rentrer à son
service qu'en leur donnant où fr. de gratifica-
tion par tète.
Une chose plus comique que la conduite de
ce pape, chiche comme certain duc, et qui
refuse de rien donner à personne, pas même
sa hénédiction.
Celte chose, c'est la disparition subite d'un
bon frère et d'une bonne sœur.
Frères fouetteurs et sœurs
chauffeuses
Nos lecteurs se rappellent sans doute la
sœur Saint-Léon, qn'on avait accusée de faire
frire à moitié les enfants qui mettaient à bout
sa patience chrétienne.
Le tribunal d'Autuu l'acquitta.
Il fut même démontré que les poêles rouges
placés sous le derrière des enfants sont doués
de propriétés exhilarautes plus vives que
celle du protoxyde d'azote.
Or, dernièrement, il vint aux oreilles de M.
Sarcey — qui sont, d'ailleurs, de première
grandeur, — le bruit que la sœur Saint-Léon
avait Irouvé des émules.
Une autre sœur avait hérité de son procédé,
et nombre de frères fouettaient les petits gar-
çons, au point de leur rendre la peau aussi
noire que l'âme d'un agent de police passé
brigadier au deux Décembre.
Le tout, en chantant le refrain connu :
C'est nous qui fessons
Et qui refessons
Ijes jolis petits, les jolis garçons
Les deux sexes s'unissaient pour faire baiser
la terre aux. élèves inattentifs. Les raffinés
crachaient par terre à l'endroit qu'ils indi-
quaient.
On n'est pas plus Saint-Labre, n'est-ce
pas ?
M. Bardoux, informé de ces faits, cassa les
bons frocards et les succulentes béguines qui
se livraient à ces pratiques.
De plus, il prescrivit, au Parquet, une en-
quête sur ces faits révoltants.
Or, aujourd'hui, l'Univers nie avec aplomb,
— non pas les faits, — mais l'existence de
leurs auteurs.
Ces auteurs, que M. Bardoux avait renvoyés
à leur maison-mère, en' attendant mieux,
Veuillot nous affirme qu'ils n'ont jamais
vécu.
Ce sont des mythes, des chimères !
Sœur X...., frère X.,.., connais pas! N'ai
jamais connu !
îs'ous espérons bien que M Bardoux les con-
naîtra, lui, et qu'il rafraîchira la mémoire a
ces honnêtes cilovens.
Et on les augmente !
Il y a huit jours, on a volé chez un gardien
de la paix de' la rue de Lévis, une montre,
une chaîne et des boutons en or.
Comment ! les gardiens de la paix ont déjà
des montres, des chaînes et des boutons en
or, et on les augmente encore de 13 francs
par mois !
Vont-ils devenir riches, ces gaillards-là !
Je connais d'honnêtes gens à qui cela va
donner envie de se mettre gardien de la pai.\
t,e dernier miracle
On sait que les vins de Bordeaux se boni-
fient dans les longs transports.
Il faut croire que l'eau de Lourdes est dans
ce cas.
En France, elle ne guérit que la migraine.
En Belgique, elle lue déjà le ver solitaire,
supérieure, en cela, au médicament populaire,
« qui fait crever les petits enfants qui ont des
vers. »
Mais en Amérique, elle ressuscite les morts,
Ainsi, une J'emme de Pensylvanie [Etats-
Unis] est morte, et, comme elle l'avait annoncé,
elle est ressucitée une heure après.
J'aime mieux le croire que d'y aller voir.
Mais cette, brave dame se permeltra-t-elle
souvent celte promenade dans les champs
inconnus du trépas.
Si oui, ce sera très-drôle.
Figurez-vous un visiteur se présentant :
— Madame X... s'il vous plait.
— C'est ici, Monsieur.
— Pourrait-on lavoir?
— Pas pour le moment.
— Elle est occupée, ou sortie?
— Non. Elle est morte.
— Ah mon Dieu !... Moi qui arrive d'Europe
pour la voir et régler des aflaires sérieuses. VA
j'arrive trop tard I...
— Oh !... cela ne fait rien Monsieur. Si vous
voulez attendre...
— Attendre quoi?... C'est à elle seule que
je pouvais avoir à parler.
— Justement, dans 33 minutes elle va res-
susciter.
— Hein !
— Oui. Elle meurt comme cela, pour une
heure, de temps en temps..., chaque l'ois
qu'elle oublie de prendre son petit verre d'eau
de Lourdes après son café.
La tète du Monsieur vaudrait la peine d'être
V
Simple Qnestîon
Je me permettrai encore, à ce sujet, une
simple question.
Pendant que cette dame est morte, son âme
est séparée de son corps, naturellement.
• Où va-t-elle ?
Cette âme ne peut pas rester sans domicile,
car les agents de la police céleste l'arrête-
raient certainement sous la prévention du
délit de vagabondage.
Loge-t-elie au ciel, au purgatoire ou en
enfer?
Je serais curieux de le savoir.
I.a voix des Anges
Si l'âme de celte dame va au ciel, dans ses
absences, je lui serai fort reconnaissant de me
donner un petit renseignement.
On parle beaucoup actuellement de Voltaire, !
et par ricochet, de Madame du Châtelet, qui
Êut sa maîtresse.
En cherchant des renseignements sur cette
belle marquise, j'ai trouvé ces mois dans le ,
portrait qu'en trace Mmcde Graffigny, mots qui
m'ont rendu rêveur :
« Elle pa.rle extrêmement vite, elle parle
comme un ange. »
Les anges parlent-ils vile réellement?
Il n'y a que la ressuscitée Pensylvanienue
qui puisse me tirer d'embarras.
Un bel aplomb
Il paraît que le sultan a écrit au khédive
pour lui ordonner de venir se justifier.
Se justifier de quoi
Le khédive a mis dedans ses créanciers, ai1
propre et au figuré, chacun sait ça.
Mais il me semble que du côté de la probité
financière, le sultan n'a pas non plus mérite
le prix Monthyon.
Et le khédive pourrait lui repondre :
— Me justifier, à quoi bon farceur, je saig
bien que les loups ne se mangent pas entrc
eux 1
Connais-toi toi-même
Tous les journaux do Paris se sont occupé
de l'ambassade annamite.
Les journaux réactionnaires ont beaucoup
insisté sur ce point : que les ambassadeur-
ont tous les ongles de la main droite d'u»e
longueur démesurée.
Celle marque de distinction paraît du deJ"
nier cocasse à nos bons réacs.
Pour nous, cela ne nous semble pas beat1
coup plus bèie que la quincaillerie qu'on col'"
en Europe sur la poitrine des grands, et qu^
les plumets multicolores dont on surmonte Ie9
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Charivari.............
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Pays...................
Presse................
Rappel.................
République française.
Réveil..................
Revue desDeux-Mond.
Siècle.................
Soir...................
Temps ................
Times, de Londres.....
Les piix qu précèdent sont, bien entendu, les
prix fixés par les administrations de chacun de
ces journaux.
L'Administration du Grelot se charge également
de l'abonnement sajis frais, à tous les autres
journaux de Paris. '
LA SEMAINE
Le salon de M. Dumrne.au, rôtisseur retiré
des affaires. Amiubleme.nl remarquable par
son mauvais qoùt Fla->!beaux en simili-
bronze, pendule en simili-marbre, tableaux
pemts par de simili-peintres, tapis en
■ simili-laine, etc., etc. Cela fait beaucoup
d'effet et... est hideux
m. ducorneau, entrant avec agitation. Il jette
un gros paquet sur un canapé.
Ah !... c'est charmaut !... délicieux !... que
de grâce!.., de cachet!... d'originalité!...
Comment diab e se fait-il qu'on n'ait pas
songé à les prier de venir plutôt égayer par
leur présence notre triste et lugubre carna-
val ?. . Enfin, vaut mieux tard que jamais !...
et si chacun suit mon exemple, nous retrou-
verons bientôt les éclats de cette vieille gaîté
gauloise ! .. je crois que j'ai eu une fameuse
idée tout de môme ! .. c'est Joséphine qui va
être contente !.. elle qui est si romanesque!...
Vite !... pré venons-la.. Joséphine !... José-
phine!...
(Entre Mme Ducorneau, belle blonde à l'œil
langoureux )
madame ducorneau,
Vous m'avez appelé, petit ami ?
m. ducorneau.
Oui, ma chérie... Je veux t'apprendre une
bonne nouvelle...
madame ducorneau, d'un ton mélancolique.
Ah!... vraiment?...
m. dccorneau.
C'est aujourd'hui l'anniversaire de notre
mariage...
madame ducorneau, soupirant.
C'est tout de même vrai... je n'y pensais
pas du iout.
m. ducorneau.
J'ai voulu te faire pour ce jour-là une petite
surprise.
madame ducorneau, sans enthousiasme aucun.
Ah! vous êtes bien gentil!... (on voit
qu'elle n'en pense pas un mot).
m. ducorneau.
Je donne ici, ce soir, une soirée épatante...
pour nous deux... et j'ai invité... devinez un
peu !...
madame ducorneau.
Mais vous savez bien que je ne devine
jamais rien, moi.
m. ducorneau.
J'ai invité... les Espagnols »!
madame ducorneau, vivement.
La Estudiantina ?...
m. ducorreau.
Juste !...
madame ducorneau, sautant et frappant dans
ses mains.
Ah!... quelle bonne idée 1... et que çà me
fait plaisir !... Amour de Népomucène, va !.-.
m. ducorneau.
Tu sais maintenant que c'est une rage !...
il n'est plus question que de celai... On se
les arrache, quoi !
madame ducorneau, à part.
Faut-il que ce Ducorneau soit bêle i...
m. ducorneau.
J'ai envoyé Victoire chercher des petits
fours et du sirop d'orgeat... il paraît qu'ils en
raffolent!... et puis c'est plus distingué que
la biùrei... eh! je ne regarde pas à la dé-
pense, moi, quand il s'agit de te faire un
plaisir !...
madame ducorneau.
Et... Ils viendront... tous?
m. ducorneau.
Je l'aurais souhaité!... mais comme Paris
entier se les dispute .. tu comprends?.. Il faut
absolument qu'ils se divisent. Je serai donc
forcé de me contenter seulement, pour ce
soir, du premier guitariste de la compagnie,
le senor Cascadores de las Bretellas.
madame ducorneau, à part.
C'estlui l...
m. ducorneau.
Un homme superbe !..
madame ducorneau, à part.
Je te crois !... (haut,) En effet... il me sem-
ble... l'avoir remarqué... (négligemment) en
passant avant-hier aux Tuileries... par ha-
sard... ils étaient là., et...
m. ducorneau, allant ouvrir le paquet et le
montrant à sa femme.
Regarde !...
madame ducorneau.
, Une culotte de velours... une veste. . des
bas de soie... une résille...
m. ducorneau.
C'est une attenlion dé'icate pour Cascado-
rés... Je veux, pour le recevoir, revêtir son
costume national .. tu permets que je le
passe?...
madame ducorneau.
Ne vous gênez donc pas !...
(Pendant que Ducoiwau se glisse dans sa
culotte, madame •met quelques fleurs dans
ses cheveux. Entre la bonne.)
victoire.
Madame !... monsieur!... madame !
m. ducorneau,
Qu'est-ce qu'il y a ?
victoire.
Tiens !... un singe.
m. ducorneau, avec eolêre.
Victoire !, .
victoire.
Excusez, monsieur... mais j'ai la tête à
l'envers. . Figurez-vous qu'il y a en bas un
masque qui demande monsieur.
m. ducorneau.
C'est Cascadores l
madame ducorneau.
Qu'il monte à l'instant !
victoire, à part, en s'en allant.
En v'ià des toqués ! ..
m. ducorneau, poussant un léger cri.
Aïe !...
madame ducorneau.
Il me semble que ma culotte vient de cra-
quer... dans le dos... Si tu me raccommodais
çà en deux temps, ma petite chatte ?...
madame ducorneau.
Vous n'y songez pas?.-, est-ce que vous
pensez que je veux être surprise par un étu-
diant espagnol dans une position aussi ridi-
cule?
m. ducorneau.
C'est juste... mais il me semble qu'on monte
l'escalier...
madame ducorneau.
Ah ! le cœur me bat d'une force !...
(Entrée de Cascadores )
cascadores.
Senor... senora....y la compania...
(Il fait une pirouette.)
madame ducorneau, à part.
Qu'il est beau !...
m. ducorneau.
Como sta usted, senor estudianto ?
cascadares
May biem.. y usted ?
m. ducorneau.
Ça va assez bien... merci. . (Poussant un
gémissement sourd.) Décidément... elle a cra-
qué... Il faut absolument que Victoire m'ar-
range cela... (Il fait quelques pas à reculons
vers la porte.)
madame ducorneau.
Où allez-vous donc, mon ami ?
m. ducorneau.
Je reviens dans une minute ., senor estu-
diante, veuillez m'excuser... mais un ordre à
donner... Soyez assez bon pour exécuter, pen-
dant mon absence, un petit air de guitare à
ma femme. ~
cascadores.
Je n'y manquerai pas.
(Sort Ducorneau. A peine est-il dehors que Cas-
cadores sort sa guitare, se précipite aux
pieds de Mme Ducorneau et lui exécute une
sérénade si vive et si animée qu'il n'entend
pas la porte se rouvrir, au moment juste où
se casse la dernière corde de sa mandoline.
Il faut croire que le spectacle qu'aperçoit le
malheureux rôtiss-ur ne lui laisse aucun
doute sur sa position, car il s'écrie d'une
voix éteinte:
Ah l misérable ! ah ! gredin ! Espagnol de
carton '... je vais te... m'avoir ainsi !... Oh 1! !
cascadores.
De quoi vous plaignez-vous, seigneur, Du-
cornji ? .. Nous sommes venus ici pour ani-
r*le carnaval? ..
Eh bien?... il me semble que...
moi
m. ducorneau.
Sacripant !...
cascadores.
Vaya Usted con Dios, senor !
ducorneau.
Le diable t'emporte, animal !...
NICOLAS FLAMMÈCHE.
ZIGZAGS
Une disparition mystérieuse
Il y a une chose plus cocasse que la mésa-
venture de Léon XIII, laissé en plan par ses
Suisses, et ne pouvant les faire rentrer à son
service qu'en leur donnant où fr. de gratifica-
tion par tète.
Une chose plus comique que la conduite de
ce pape, chiche comme certain duc, et qui
refuse de rien donner à personne, pas même
sa hénédiction.
Celte chose, c'est la disparition subite d'un
bon frère et d'une bonne sœur.
Frères fouetteurs et sœurs
chauffeuses
Nos lecteurs se rappellent sans doute la
sœur Saint-Léon, qn'on avait accusée de faire
frire à moitié les enfants qui mettaient à bout
sa patience chrétienne.
Le tribunal d'Autuu l'acquitta.
Il fut même démontré que les poêles rouges
placés sous le derrière des enfants sont doués
de propriétés exhilarautes plus vives que
celle du protoxyde d'azote.
Or, dernièrement, il vint aux oreilles de M.
Sarcey — qui sont, d'ailleurs, de première
grandeur, — le bruit que la sœur Saint-Léon
avait Irouvé des émules.
Une autre sœur avait hérité de son procédé,
et nombre de frères fouettaient les petits gar-
çons, au point de leur rendre la peau aussi
noire que l'âme d'un agent de police passé
brigadier au deux Décembre.
Le tout, en chantant le refrain connu :
C'est nous qui fessons
Et qui refessons
Ijes jolis petits, les jolis garçons
Les deux sexes s'unissaient pour faire baiser
la terre aux. élèves inattentifs. Les raffinés
crachaient par terre à l'endroit qu'ils indi-
quaient.
On n'est pas plus Saint-Labre, n'est-ce
pas ?
M. Bardoux, informé de ces faits, cassa les
bons frocards et les succulentes béguines qui
se livraient à ces pratiques.
De plus, il prescrivit, au Parquet, une en-
quête sur ces faits révoltants.
Or, aujourd'hui, l'Univers nie avec aplomb,
— non pas les faits, — mais l'existence de
leurs auteurs.
Ces auteurs, que M. Bardoux avait renvoyés
à leur maison-mère, en' attendant mieux,
Veuillot nous affirme qu'ils n'ont jamais
vécu.
Ce sont des mythes, des chimères !
Sœur X...., frère X.,.., connais pas! N'ai
jamais connu !
îs'ous espérons bien que M Bardoux les con-
naîtra, lui, et qu'il rafraîchira la mémoire a
ces honnêtes cilovens.
Et on les augmente !
Il y a huit jours, on a volé chez un gardien
de la paix de' la rue de Lévis, une montre,
une chaîne et des boutons en or.
Comment ! les gardiens de la paix ont déjà
des montres, des chaînes et des boutons en
or, et on les augmente encore de 13 francs
par mois !
Vont-ils devenir riches, ces gaillards-là !
Je connais d'honnêtes gens à qui cela va
donner envie de se mettre gardien de la pai.\
t,e dernier miracle
On sait que les vins de Bordeaux se boni-
fient dans les longs transports.
Il faut croire que l'eau de Lourdes est dans
ce cas.
En France, elle ne guérit que la migraine.
En Belgique, elle lue déjà le ver solitaire,
supérieure, en cela, au médicament populaire,
« qui fait crever les petits enfants qui ont des
vers. »
Mais en Amérique, elle ressuscite les morts,
Ainsi, une J'emme de Pensylvanie [Etats-
Unis] est morte, et, comme elle l'avait annoncé,
elle est ressucitée une heure après.
J'aime mieux le croire que d'y aller voir.
Mais cette, brave dame se permeltra-t-elle
souvent celte promenade dans les champs
inconnus du trépas.
Si oui, ce sera très-drôle.
Figurez-vous un visiteur se présentant :
— Madame X... s'il vous plait.
— C'est ici, Monsieur.
— Pourrait-on lavoir?
— Pas pour le moment.
— Elle est occupée, ou sortie?
— Non. Elle est morte.
— Ah mon Dieu !... Moi qui arrive d'Europe
pour la voir et régler des aflaires sérieuses. VA
j'arrive trop tard I...
— Oh !... cela ne fait rien Monsieur. Si vous
voulez attendre...
— Attendre quoi?... C'est à elle seule que
je pouvais avoir à parler.
— Justement, dans 33 minutes elle va res-
susciter.
— Hein !
— Oui. Elle meurt comme cela, pour une
heure, de temps en temps..., chaque l'ois
qu'elle oublie de prendre son petit verre d'eau
de Lourdes après son café.
La tète du Monsieur vaudrait la peine d'être
V
Simple Qnestîon
Je me permettrai encore, à ce sujet, une
simple question.
Pendant que cette dame est morte, son âme
est séparée de son corps, naturellement.
• Où va-t-elle ?
Cette âme ne peut pas rester sans domicile,
car les agents de la police céleste l'arrête-
raient certainement sous la prévention du
délit de vagabondage.
Loge-t-elie au ciel, au purgatoire ou en
enfer?
Je serais curieux de le savoir.
I.a voix des Anges
Si l'âme de celte dame va au ciel, dans ses
absences, je lui serai fort reconnaissant de me
donner un petit renseignement.
On parle beaucoup actuellement de Voltaire, !
et par ricochet, de Madame du Châtelet, qui
Êut sa maîtresse.
En cherchant des renseignements sur cette
belle marquise, j'ai trouvé ces mois dans le ,
portrait qu'en trace Mmcde Graffigny, mots qui
m'ont rendu rêveur :
« Elle pa.rle extrêmement vite, elle parle
comme un ange. »
Les anges parlent-ils vile réellement?
Il n'y a que la ressuscitée Pensylvanienue
qui puisse me tirer d'embarras.
Un bel aplomb
Il paraît que le sultan a écrit au khédive
pour lui ordonner de venir se justifier.
Se justifier de quoi
Le khédive a mis dedans ses créanciers, ai1
propre et au figuré, chacun sait ça.
Mais il me semble que du côté de la probité
financière, le sultan n'a pas non plus mérite
le prix Monthyon.
Et le khédive pourrait lui repondre :
— Me justifier, à quoi bon farceur, je saig
bien que les loups ne se mangent pas entrc
eux 1
Connais-toi toi-même
Tous les journaux do Paris se sont occupé
de l'ambassade annamite.
Les journaux réactionnaires ont beaucoup
insisté sur ce point : que les ambassadeur-
ont tous les ongles de la main droite d'u»e
longueur démesurée.
Celle marque de distinction paraît du deJ"
nier cocasse à nos bons réacs.
Pour nous, cela ne nous semble pas beat1
coup plus bèie que la quincaillerie qu'on col'"
en Europe sur la poitrine des grands, et qu^
les plumets multicolores dont on surmonte Ie9