DE L’ESPRIT HUMAIN. 245
Ion genre ne vaut rien, & le choix qu il en
a fait, nuit ä sa reputation.
Perrault voudroit faire croire que l’He-
ro'i-Comique est le meme genre, seulement
retourne : or c’est ce que je nie. 11 est vrai
que dans l’un & dans l’autre, il y a con-
traste entre le sujet & le stile: mais dans
le Burlesque ce contraste devient choquant,
parceque l’on y rapproche des extremites
trop eloignees. On y donne aux Dieux &
aux Heros les mceurs & le langage du bas
peuple, & souvent ceux de la plus vile Ca-
naille. Si l’on vouloit retourner ce genre,
il faudroit choisir un sujet austi bas & auiii
vil que le sont les mceurs & le langage dans
le vrai Burlesque, & il faudroit prendre les
Asteurs dans le plus bas etage de la Societe.
Et ce nouveau Burlesque seroit, je l’avoue,,
aussi vicieux que l’autre. Nous aurions ce
Burlesque retourne, en supposant que Po-
pe & Despreaux eusscnt fait la matiere de
leurs Chants d’une querelle de fiacres ou
de harangeres, & qu’ils y eussent applique
le stile lublime de l’Epopee. Mais c’est ce
qu’ils n’avoient garde de faire. Leurs su-
jets sont plaisans, sans bastesse & sans bouf-
sonnerie; ils sont de ce plaisant qui fait
rire les honnetes - gens. Il en est ainsi des
<3 aQeurs