DE L’ESPRIT HUMAIN. 341
bilement les ruses & les sourberies des anciens
Pr£tres, & peint parfaitement la credulite
aveugle du vulgaire. II y a de l’erudition
dans cc Livre: mais eile ne paroit quautant
qu’il convient quelle paroisse dans un ouvra-
ge oü l’csprit domine, & qui eit ecrit pour
les gens du monde 4?. 11 eh vrai qne Mr.
de Fontenelle a pris le fond de l'on ouvra-
ge dans celui de van Dale.
Les Poesies de Mr. de Fontenelle ont ete
sort goütees. Son Opera de Thetis & de
Pelee me paroit charmant: la Ville & la
Cour le revoyent toujours avec un nouveau
plailir. Ses Eglogues ont beaucoup de par-
tisans. j’avoue que je suis de ce nombre:
& je souhaite d’en ötre longtemps 443 parce-
que je suis persuade que, tandis qu’on p'eut
en-
Pere Baltus, ce qui arrive souvent aux grands littera-
teurs: c’est qu’ils regardent une autorite comme une
raison, & une citation comme une demonstration. Le
sentiment du plus grand auteur, quand il ne s’accorde
pas avec l’exadlitude du raisonnement, n’est d’aucun
poids dans un siecle oü l’esprit philosophique qui y regne
est accoutume ä ne se rendre qu’aux demonstrations.
44 J’ecrivois ceci pour la premiere fois il y a trente
ans, & je dis aujourdhui au sujet des Eglogues de Mr.
*de Fontenelle ce qu’il disoit des anciens romans.
Je les lisois etant petit gar^on;
Et je les lis encore ayant la barbe grisc
Y 3
bilement les ruses & les sourberies des anciens
Pr£tres, & peint parfaitement la credulite
aveugle du vulgaire. II y a de l’erudition
dans cc Livre: mais eile ne paroit quautant
qu’il convient quelle paroisse dans un ouvra-
ge oü l’csprit domine, & qui eit ecrit pour
les gens du monde 4?. 11 eh vrai qne Mr.
de Fontenelle a pris le fond de l'on ouvra-
ge dans celui de van Dale.
Les Poesies de Mr. de Fontenelle ont ete
sort goütees. Son Opera de Thetis & de
Pelee me paroit charmant: la Ville & la
Cour le revoyent toujours avec un nouveau
plailir. Ses Eglogues ont beaucoup de par-
tisans. j’avoue que je suis de ce nombre:
& je souhaite d’en ötre longtemps 443 parce-
que je suis persuade que, tandis qu’on p'eut
en-
Pere Baltus, ce qui arrive souvent aux grands littera-
teurs: c’est qu’ils regardent une autorite comme une
raison, & une citation comme une demonstration. Le
sentiment du plus grand auteur, quand il ne s’accorde
pas avec l’exadlitude du raisonnement, n’est d’aucun
poids dans un siecle oü l’esprit philosophique qui y regne
est accoutume ä ne se rendre qu’aux demonstrations.
44 J’ecrivois ceci pour la premiere fois il y a trente
ans, & je dis aujourdhui au sujet des Eglogues de Mr.
*de Fontenelle ce qu’il disoit des anciens romans.
Je les lisois etant petit gar^on;
Et je les lis encore ayant la barbe grisc
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