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LA GUERRE DU TONKIN
deux de ses fds furent gardés comme otages ; et c’étaient naturellement ceux que
le régent redoutait le plus.
L’un est mort de faim dans sa prison, et Tliuong trouva moyen de faire déca-
piter l’autre, en le faisant condamner pour avoir aidé un prisonnier à s’évader.
Ceci n’avait rien de bien surprenant pour qui connaissait le régent, et l’on
pouvait s’attendre à tout d'un ambitieux qui avait déjà tué trois rois pour conser-
ver le pouvoir.
Mais c’est justement pour cela qu’on ne devait pas compter sur lui, et qu’il ne
fallait faire aucun état de ses promesses de fidélité et d’assistance.
Surtout d’assistance; car, toutes les fois qu’il a eu l’air de travailler pour nous,
c’est qu’il nous trahissait.
TROUBLES AU CAMBODGE
Rien n’était moins fini que l’insurrection du Cambodge, où la situation conti-
nuait à être profondément troublée et devenait même un peu plus menaçante de-
puis notre échec de Lang-Son ; d’autant que le mécontentement général, dans
le royaume nouvellement annexé, passait les anciennes frontières et prenait corps
jusqu’aux portes de Saigon.
La cause de ces troubles était multiple : les agissements de la cour de Hué
n'y étaient pas étrangers, pas plus que la mauvaise volonté de Norodom, qui, en
ayant l’air de condamner Si-Votha, lui donnait secrètement son appui moral et
peut-être même effectif.
Car, il était à peu près impossible d’èndouter, le roi régnant et le prétendant
armé avaient l’air de se faire la guerre, mais ils s’entendaient comme larrons en
foire.
1 Le gouverneur de la Cochinchine devait bien savoir cela; autrement il eût été
le seul à l’ignorer; mais, pour lui, c’était sans conséquence! Qu’étaient-ce que
pées gens-là? Personnalités négligeables !
Nôs personnages officiels, résidents ou gouverneurs, n’ont jamais voulu ad-
mettre que les chefs cambodgiens ou annamites puissent être doués de quelque
caractère, et les ont toujours considérés comme des abrutis, dont il n’y avait peut-
être pas grand bien à espérer, mais aucun mal à redouter.
k. Cet aveuglement frappa surtout M. Thomson qui, dans la circonstance, n’eût
pas dû hésiter à agir contre Norodom.
Brutal avec lui quand il avait voulu le forcer à signer une espèce d’abdication,
il devait l’être encore pour lui imposer sa volonté et le faire fusiller s’il s’écar-
tait du droit chemin.
LA GUERRE DU TONKIN
deux de ses fds furent gardés comme otages ; et c’étaient naturellement ceux que
le régent redoutait le plus.
L’un est mort de faim dans sa prison, et Tliuong trouva moyen de faire déca-
piter l’autre, en le faisant condamner pour avoir aidé un prisonnier à s’évader.
Ceci n’avait rien de bien surprenant pour qui connaissait le régent, et l’on
pouvait s’attendre à tout d'un ambitieux qui avait déjà tué trois rois pour conser-
ver le pouvoir.
Mais c’est justement pour cela qu’on ne devait pas compter sur lui, et qu’il ne
fallait faire aucun état de ses promesses de fidélité et d’assistance.
Surtout d’assistance; car, toutes les fois qu’il a eu l’air de travailler pour nous,
c’est qu’il nous trahissait.
TROUBLES AU CAMBODGE
Rien n’était moins fini que l’insurrection du Cambodge, où la situation conti-
nuait à être profondément troublée et devenait même un peu plus menaçante de-
puis notre échec de Lang-Son ; d’autant que le mécontentement général, dans
le royaume nouvellement annexé, passait les anciennes frontières et prenait corps
jusqu’aux portes de Saigon.
La cause de ces troubles était multiple : les agissements de la cour de Hué
n'y étaient pas étrangers, pas plus que la mauvaise volonté de Norodom, qui, en
ayant l’air de condamner Si-Votha, lui donnait secrètement son appui moral et
peut-être même effectif.
Car, il était à peu près impossible d’èndouter, le roi régnant et le prétendant
armé avaient l’air de se faire la guerre, mais ils s’entendaient comme larrons en
foire.
1 Le gouverneur de la Cochinchine devait bien savoir cela; autrement il eût été
le seul à l’ignorer; mais, pour lui, c’était sans conséquence! Qu’étaient-ce que
pées gens-là? Personnalités négligeables !
Nôs personnages officiels, résidents ou gouverneurs, n’ont jamais voulu ad-
mettre que les chefs cambodgiens ou annamites puissent être doués de quelque
caractère, et les ont toujours considérés comme des abrutis, dont il n’y avait peut-
être pas grand bien à espérer, mais aucun mal à redouter.
k. Cet aveuglement frappa surtout M. Thomson qui, dans la circonstance, n’eût
pas dû hésiter à agir contre Norodom.
Brutal avec lui quand il avait voulu le forcer à signer une espèce d’abdication,
il devait l’être encore pour lui imposer sa volonté et le faire fusiller s’il s’écar-
tait du droit chemin.