LA GUERRE DU TONKIN
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de Prey-Veng; tout cela réussit, et celui-ci vint implorer son pardon le 18 juin.
Cela ne prouvait point que l’insurection était finie au Cambodge, mais cela
indiquait au moins que si l’on veut gouverner et régénérer ce pays, ce sera surtout
en se servant des Cambodgiens qu’on y réussira.
Cela démontrait bien aussi qu’on aurait dû montrer un peu plus de circons-
pection le jour où on lui a imposé la convention cause de tout le mal ; car, avec
de la patience et un peu de complaisance pour le roi, la France aurait pu faire
au Cambodge tout ce qu’elle aurait voulu, sans avoir besoin de tirer un coup
de fusil.
LA PAIX AVEC LA CHINE
Tout vient à point à qui sait attendre, dit le proverbe.
Ainsi vint la nouvelle que le traité de paix avec la Chine avait été signé à
Tien-Tsin le 9 juin.
Elle fut accueillie avec satisfaction par la chambre et par le public.
Et surtout par le gouvernement, qui ne perdit pas un jour à se féliciter d’avoir
fait acte de sagesse en montrant au Céleste Empire le désir de nouer avec lui des
relations de bon voisinage.
On ne fut pas plutôt sûr que le traité était signé que M. de Freycinet, ministre
des affaires étrangères, en proposait la ratification aux Chambres par l’exposé des
motifs suivant :
« Messieurs, le protocole signé à Paris le 4 avril dernier consacrait, comme
vous vous le rappelez, une suspension d’armes entre la France et la Chine. La
Chine s’engageait à rappeler ses troupes du Tonkin, et la France, tout en main-
tenant les mesures destinées à empêcher la contrebande de guerre, promettait
de lever le blocus de Formose. Les deux gouvernements devaient, en outre,
ouvrir immédiatement des conférences pour préparer un traité de paix sur les
bases de la convention préliminaire signée le 11 mai de l’année dernière à Tien-
Tsin.
« Les dispositions du protocole du 4 avril ont été exécutées de part et d’autre
avec un sincère désir d’arriver à une solution satisfaisante du conflit. Si le
Tonkin n’a pas encore été complètement évacué à l’heure actuelle, bien que les
délais fixés soient expirés, il faut reconnaître que les parties encore occupées par
les Chinois et les Pavillons-Noirs sont des régions montagneuses, d’un accès
difficile, où les mouvements de troupes sont particulièrement malaisés en cette
saison. Il appartient aux autorités militaires françaises de se concerter sur
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de Prey-Veng; tout cela réussit, et celui-ci vint implorer son pardon le 18 juin.
Cela ne prouvait point que l’insurection était finie au Cambodge, mais cela
indiquait au moins que si l’on veut gouverner et régénérer ce pays, ce sera surtout
en se servant des Cambodgiens qu’on y réussira.
Cela démontrait bien aussi qu’on aurait dû montrer un peu plus de circons-
pection le jour où on lui a imposé la convention cause de tout le mal ; car, avec
de la patience et un peu de complaisance pour le roi, la France aurait pu faire
au Cambodge tout ce qu’elle aurait voulu, sans avoir besoin de tirer un coup
de fusil.
LA PAIX AVEC LA CHINE
Tout vient à point à qui sait attendre, dit le proverbe.
Ainsi vint la nouvelle que le traité de paix avec la Chine avait été signé à
Tien-Tsin le 9 juin.
Elle fut accueillie avec satisfaction par la chambre et par le public.
Et surtout par le gouvernement, qui ne perdit pas un jour à se féliciter d’avoir
fait acte de sagesse en montrant au Céleste Empire le désir de nouer avec lui des
relations de bon voisinage.
On ne fut pas plutôt sûr que le traité était signé que M. de Freycinet, ministre
des affaires étrangères, en proposait la ratification aux Chambres par l’exposé des
motifs suivant :
« Messieurs, le protocole signé à Paris le 4 avril dernier consacrait, comme
vous vous le rappelez, une suspension d’armes entre la France et la Chine. La
Chine s’engageait à rappeler ses troupes du Tonkin, et la France, tout en main-
tenant les mesures destinées à empêcher la contrebande de guerre, promettait
de lever le blocus de Formose. Les deux gouvernements devaient, en outre,
ouvrir immédiatement des conférences pour préparer un traité de paix sur les
bases de la convention préliminaire signée le 11 mai de l’année dernière à Tien-
Tsin.
« Les dispositions du protocole du 4 avril ont été exécutées de part et d’autre
avec un sincère désir d’arriver à une solution satisfaisante du conflit. Si le
Tonkin n’a pas encore été complètement évacué à l’heure actuelle, bien que les
délais fixés soient expirés, il faut reconnaître que les parties encore occupées par
les Chinois et les Pavillons-Noirs sont des régions montagneuses, d’un accès
difficile, où les mouvements de troupes sont particulièrement malaisés en cette
saison. Il appartient aux autorités militaires françaises de se concerter sur