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LA GUERRE DU TONKIN
de Chine, et les Annamites prétendent que la poudre lui vient de Lang-Son. Il res-
sort d’une lettre adressée à un rebelle, lettre tombée entre nos mains, que de
nombreuses bandes chinoises sont cachées dans les forêts de la région monta-
gneuse, où elles attendent le résultat de l’insurrection tonkinoise.
« On signale toujours des Pavillons-Noirs dans la région des Muongs. Une
petite colonne de tirailleurs tonkinois, commandée par le capitaine Fournier,
■est partie du Ninh-Binh à leur poursuite; elle les a mis en déroute, après leur
avoir infligé des pertes sérieuses.
« Dans Hanoï même, où nous n’avons plus de garnison, des émissaires ont
tenté d’allumer des incendies ; le feu s’est déclaré le 27 septembre, en plein jour
dans un des quartiers excentriques. Dans la nuit du 28, trois villages ont été
brûlés et saccagés en face de la douane, sur la rive gauche du fleuve, à
500 mètres à peine du blockhaus qui commande le canal des Rapides.
« Quel que soit le résultat des opérations militaires, il faudra en arriver au
système des petits postes disséminés partout et reliés entre eux : c’est le seul
moyen d’assurer la surveillance d’une façon efficace et d’arrêter les tentatives
des pillards. »
Tout cela commençait à devenir inquiétant et il était vraiment temps de com-
mencer, sinon cette fameuse campagne de pacification qu’on nous faisait espérer
depuis si longtemps, au moins une répression, qui permît aux malheureux Ton-
kinois, toujours placés entre l’enclume et le marteau, de prendre une attitude pour
vivre à peu près tranquille, soit Français, soit Annamites, mais pas toujours pillés,
car c’est un état social auquel il est impossible de s’habituer.
AU CAMBODGE'
La saison chaude avait amené une accalmie dans l’insurrection du Cambodge,
mais il ne fallait pas encore chanter victoire; si l’œuvre de pacification avait fait
quelque progrès, par suite de l’intervention du second roi, homme fort intelligent
qui nous avait secondé avec un dévouement d’autant plus intéressé qu’il est
l’héritier présomptif du Norodom, rien n’était encore terminé, et les rebelles ne
tenaient plus la campagne, surtout à cause de l’inondation annuelle qui couvrait
le pays.
On fit cependant quelque petites opérations en juillet, et la crue des eaux, qui
permettait à nos canonnières d’exercer une active surveillance entre Chaudes et
Kampot, les rendit plus faciles.
LA GUERRE DU TONKIN
de Chine, et les Annamites prétendent que la poudre lui vient de Lang-Son. Il res-
sort d’une lettre adressée à un rebelle, lettre tombée entre nos mains, que de
nombreuses bandes chinoises sont cachées dans les forêts de la région monta-
gneuse, où elles attendent le résultat de l’insurrection tonkinoise.
« On signale toujours des Pavillons-Noirs dans la région des Muongs. Une
petite colonne de tirailleurs tonkinois, commandée par le capitaine Fournier,
■est partie du Ninh-Binh à leur poursuite; elle les a mis en déroute, après leur
avoir infligé des pertes sérieuses.
« Dans Hanoï même, où nous n’avons plus de garnison, des émissaires ont
tenté d’allumer des incendies ; le feu s’est déclaré le 27 septembre, en plein jour
dans un des quartiers excentriques. Dans la nuit du 28, trois villages ont été
brûlés et saccagés en face de la douane, sur la rive gauche du fleuve, à
500 mètres à peine du blockhaus qui commande le canal des Rapides.
« Quel que soit le résultat des opérations militaires, il faudra en arriver au
système des petits postes disséminés partout et reliés entre eux : c’est le seul
moyen d’assurer la surveillance d’une façon efficace et d’arrêter les tentatives
des pillards. »
Tout cela commençait à devenir inquiétant et il était vraiment temps de com-
mencer, sinon cette fameuse campagne de pacification qu’on nous faisait espérer
depuis si longtemps, au moins une répression, qui permît aux malheureux Ton-
kinois, toujours placés entre l’enclume et le marteau, de prendre une attitude pour
vivre à peu près tranquille, soit Français, soit Annamites, mais pas toujours pillés,
car c’est un état social auquel il est impossible de s’habituer.
AU CAMBODGE'
La saison chaude avait amené une accalmie dans l’insurrection du Cambodge,
mais il ne fallait pas encore chanter victoire; si l’œuvre de pacification avait fait
quelque progrès, par suite de l’intervention du second roi, homme fort intelligent
qui nous avait secondé avec un dévouement d’autant plus intéressé qu’il est
l’héritier présomptif du Norodom, rien n’était encore terminé, et les rebelles ne
tenaient plus la campagne, surtout à cause de l’inondation annuelle qui couvrait
le pays.
On fit cependant quelque petites opérations en juillet, et la crue des eaux, qui
permettait à nos canonnières d’exercer une active surveillance entre Chaudes et
Kampot, les rendit plus faciles.