LA GUERRE DU TONKIN
771
C’était le seul moyen de s’assurer la fidélité intéressée de son successeur et
peut-être de mettre fin à la rébellion.
Mais voilà. Représentant d’un gouvernement irrésolu, irrésolu lui-même,
M. Thomson n’osait pas ; il laissait tout aller, et tout allait mal.
Il demandait des renforts au Tonkin pour réprimer les émeutes, recevait jus-
qu’à deux et trois bataillons d'infanterie de marine, les lançait par paquets dans
toutes les directions où la piraterie s’exerçait, c’est-à-dire dans tout le Cam-
bodge, mais se gardait bien d’en aviser Paris.
Et ce n’est qu’au mois de juillet qu’une dépêche de lui nous apprit que nos
soldats se battaient là-bas depuis trois mois.
Il est vrai que ces combats étaient sans importance au point de vue militaire;
mais l’insurrection qui les nécessitait avait une très grande gravité au point de
vue de la sécurité et de l’avenir de la colonie; car elle faisait tache d’huile et ga-
gnait de proche en proche jusqu’aux portes delà capitale, plus loin même, si l’on
en croit le correspondant du Moniteur des Consulats, qui disait fin avril :
« Les Annamites, que le gouverneur couvre de sa paternelle protection, se
sont presque mis en état d’insurrection à Saïgon même. Il n’en pouvait être au-
trement. Nous les avons fait marcher contre les Chinois ; nous leur avons répété
que nos soldats ne feraient qu’une bouchée des Célestes. Et ils apprennent nos
revers au Tonkin ! Et en même temps ils voient le gouvernement local accorder
aux maisons chinoises de Saigon, sans adjudication publique, les fournitures de
toute espèce que nécessite l’installation des nombreux fonctionnaires dont
M. Thomson a peuplé le Cambodge. Ils ont cru que les fables racontées par les
Chinois, dans les fumeries d’opium, étaient une réalité, que la France était battue
et qu’une armée de 500,000 impériaux allait nous balayer du Tonkin et de la
Cochinchine. »
Sans doute, c’était le contrecoup de la reculade de Lang-Son.
Avec les Orientaux, il faut toujours être vainqueur ou du moins, car on ne
peut pourtant pas décréter la victoire, toujours énergique.
Toute concession étant considérée comme une preuve de faiblesse, il n’en faut
jamais faire, et par conséquent ne jamais menacer si l’on n’est pas décidé à
sévir.
Résumons maintenant les opérations militaires jusqu’à l’attaque de Pnum-
Penh et depuis celles dont nous avons déjà parlé.
Chassés de Kampot, comme nous l’avons vu, et même de leur camp retranché
du voisinage, Kompouz-Rai, les Cambodgiens revinrent à la charge le 25 avril
et attaquèrent à nouveau le poste de la douane qui, d’ailleurs, les repoussa avec
perte.
Le lendemain, une reconnaissance commandée par l’enseigne de vaisseau
Sauvaire piqua une pointe jusqu’au camp des insurgés, qu’elle détruisit de fond
en comble, sans y trouver personne du reste.
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C’était le seul moyen de s’assurer la fidélité intéressée de son successeur et
peut-être de mettre fin à la rébellion.
Mais voilà. Représentant d’un gouvernement irrésolu, irrésolu lui-même,
M. Thomson n’osait pas ; il laissait tout aller, et tout allait mal.
Il demandait des renforts au Tonkin pour réprimer les émeutes, recevait jus-
qu’à deux et trois bataillons d'infanterie de marine, les lançait par paquets dans
toutes les directions où la piraterie s’exerçait, c’est-à-dire dans tout le Cam-
bodge, mais se gardait bien d’en aviser Paris.
Et ce n’est qu’au mois de juillet qu’une dépêche de lui nous apprit que nos
soldats se battaient là-bas depuis trois mois.
Il est vrai que ces combats étaient sans importance au point de vue militaire;
mais l’insurrection qui les nécessitait avait une très grande gravité au point de
vue de la sécurité et de l’avenir de la colonie; car elle faisait tache d’huile et ga-
gnait de proche en proche jusqu’aux portes delà capitale, plus loin même, si l’on
en croit le correspondant du Moniteur des Consulats, qui disait fin avril :
« Les Annamites, que le gouverneur couvre de sa paternelle protection, se
sont presque mis en état d’insurrection à Saïgon même. Il n’en pouvait être au-
trement. Nous les avons fait marcher contre les Chinois ; nous leur avons répété
que nos soldats ne feraient qu’une bouchée des Célestes. Et ils apprennent nos
revers au Tonkin ! Et en même temps ils voient le gouvernement local accorder
aux maisons chinoises de Saigon, sans adjudication publique, les fournitures de
toute espèce que nécessite l’installation des nombreux fonctionnaires dont
M. Thomson a peuplé le Cambodge. Ils ont cru que les fables racontées par les
Chinois, dans les fumeries d’opium, étaient une réalité, que la France était battue
et qu’une armée de 500,000 impériaux allait nous balayer du Tonkin et de la
Cochinchine. »
Sans doute, c’était le contrecoup de la reculade de Lang-Son.
Avec les Orientaux, il faut toujours être vainqueur ou du moins, car on ne
peut pourtant pas décréter la victoire, toujours énergique.
Toute concession étant considérée comme une preuve de faiblesse, il n’en faut
jamais faire, et par conséquent ne jamais menacer si l’on n’est pas décidé à
sévir.
Résumons maintenant les opérations militaires jusqu’à l’attaque de Pnum-
Penh et depuis celles dont nous avons déjà parlé.
Chassés de Kampot, comme nous l’avons vu, et même de leur camp retranché
du voisinage, Kompouz-Rai, les Cambodgiens revinrent à la charge le 25 avril
et attaquèrent à nouveau le poste de la douane qui, d’ailleurs, les repoussa avec
perte.
Le lendemain, une reconnaissance commandée par l’enseigne de vaisseau
Sauvaire piqua une pointe jusqu’au camp des insurgés, qu’elle détruisit de fond
en comble, sans y trouver personne du reste.