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Huard, Lucien
Chine, Tonkin, Annam: la guerre illustrée (2): [Lieferung 76 - 152] — Paris, 1885/​86

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https://doi.org/10.11588/diglit.45402#0603
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LA GUERRE DU TONKIN

H99

mouvement insurrectionnel. Dès que les riz ont été coupés, les provinces qui
paraissaient disposées à faire leur soumission sont redevenues franchement hos-
tiles, et il serait imprudent de s’aventurer aujourd’hui sans une bonne escorte en
des points où, il y a trois mois, deux Français pouvaient circuler sans le moindre
danger. Du Khane-Hoa, l’insurrection s’est propagée dans le Binh-Ding et dans
le Kouang-Nam, c’est-à-dire jusqu’aux confins de la province de Hué. L’assassi-
nat^ près de Tourane, du capitaine Besson et de ses cinq hommes a été le pre-
mier succès des rebelles ; les lettrés se sont emparés de cet événement pour les
commenter, l’enfler à leur gré et l’exploiter; leur manœuvre a pleinement réussi.
« Si les Annamites sont des ennemis méprisables., ils sont en tout cas des assas-
sins très dangereux». Celui qui les définissait ainsi les connaissait bien. Nous
nous sentons ici dans une atmosphère d’hostilité. Après la mort du capitaine Bes-
son, on a envoyé de Tourane des colonnes du côté de Nam-Teneng et de Bamo,
elles ont battu le pays sans grands résultats. Comme toujours, les Annamites ont
déguerpi dès qu’ils ont vu nos soldats, et ils les voient de loin avec leur système
des miradors.
« Du côté de Qui-Nhone, la situation est très précaire, on se garde comme
au mois d’août dernier. A chaque instant il y a des alertes. Ces jours-ci, une
section d’infanterie de marine qui battait le pays à quatre heures de Qui-Nhone,
a été attaquée par les rebelles, qui ont subi des pertes sérieuses; depuis lors ils
nous laissent un peu plus de repos.
« A Binh-Dinh, la situation est la même. La garnison sort souvent, inflige des
échecs aux lettrés, mais ceux-ci ne se découragent pas, malgré les pertes consi-
dérables qu’ils subissent. Cette province de Binh-Dinh nous donne du fil à
retordre, car elle a toujours été la plus remuante de l’Annam, et c’est là que la
cour de Hué recrutait ses meilleurs soldats et ses meilleurs marins. Toutefois, je
dois ajouter qu’on dit que le chef de la rébellion de cette province est d’un grade
peu élevé, qu’il n’a pas d’influence sur les mandarins et que, grâce aux démarches
de la cour d’Annam, on compte sur ceux-ci pour pacifier la province.
« Le Khane-Hoa est fort troublé. Le chef de la révolte est toujours maître de
la citadelle, qu’il eût été très aisé d’occuper, il y a six mois, si on avait opéré
judicieusement dans cette province. On rapporte que la majorité des habitants
voudrait se soumettre ; mais les villages sont sous le couteau des rebelles, qui
leur enlèvent leur riz et les forcent à leur fournir des recrues. »
En résumé et pour mettre les choses au point, la situation pour être précaire
était loin d’être désespérée.
Affligeante sans doute, parce que, de temps en temps, elle prenait le sang de
nos soldats, mais pour décourageante, non, et la pacification apparaissait comme
une affaire de temps.
 
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