Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Hulin de Loo, Georges
Heures de Milan: troisième partie des Très-Belles Heures de Notre-Dame enluminées par les peintres de Jean de France, Duc de Berry et par ceux du Duc Guillaume de Bavière ...; vingt-huit feuillets historiés reproduits d'après les originaux de la Biblioteca Trivulziana a Milan — Bruxelles [u.a.], 1911

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.42561#0060
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
l’identification est moins sûre que pour des peintres de génie. Néanmoins, les
rapports entre les peintures du groupe J et la miniature à laquelle je fais allusion
sont extrêmement étroits.
Il s’agit de la page du titre de la Cité de Dieu, de saint Augustin (version
faite pour le roi Charles V, par « Raoul de Praelles »), conservée à la Bibliothèque
Royale de Bruxelles (manuscrit nos 9015 et 9016), et provenant de la Bibliothèque
de Bourgogne.
Dans cette miniature, le paysage (terrains, rochers, arbres, nuages), les
types et toutes les particularités du style se rattachent directement et exclusi-
vement à l’art des frères van Eyck.
Mais les ressemblances avec I et J sont encore plus intimes : Voyez la
façon de faire les plis (par exemple dans la robe du moine lisant, etc.).
Voyez aussi les rochers, la manière d’indiquer la bouche, signalée tantôt
(visages de Clovis et de l’ange dans le coin supérieur dextre).
J’appelle spécialement l’attention sur l’arbrisseau fleuri qui se voit au second
plan, tout juste au-dessus du groupe des auditeurs de saint Augustin. Cet arbrisseau
se retrouve, identique, mais coupé par le bord dextre du cadre, dans le tableau
de la planche XLI de Turin (main J). L’un et l’autre sont copiés de celui qui figure
dans le bas-de-page de la planche XXXVI de Turin : Les vierges bienheureuses
adorant l'Agneau mystique, à l’avant-plan, à dextre (par le présumé Hubrecht
van Eyck). Voilà une preuve indiscutable que l’enlumineur de la Cité de Dieu
connaissait les «Très belles Heures», ou les études qui ont servi à les peindre,
et qu’il copiait, d’après G, les mêmes détails qu’imitait J, d’où une forte présomp-
tion de plus en faveur de son identité avec ce dernier.
Ce fait n’est pas isolé : l’arbre qui, dans la miniature de la Cité de Dieu,
s’élève au-dessus de l’horizon, tout près du premier, semble bien être le même
qu’on trouve près du bord senestre du bas-de-page de la même planche XLI
de Turin (aussi main J). L’un et l’autre dérivent probablement de celui que le
présumé Hubrecht van Eyck a peint à l’extrémité senestre du bas-de-page de la
planche XXXVII de Turin. Enfin le troisième arbre, à tronc blanc, près de la
hampe de l’oriflamme, est peut-être inspiré par celui qui s’élève au milieu du
bas-de-page de la pl. XXXVI de Turin. Il en reproduit au moins les dispositions
essentielles.
De tout cela ressort un nouvel argument en faveur de l’attribution aux
frères van Eyck d’une partie des peintures des «Très belles Heures», car nous
avons, d'autre part, la prettve certaine des rapports entre l'enlumineur en question
et Johannes van Eyck ; en effet, la vue de ville qui occupe l’arrière-plan de la
miniature est exactement la même que l’on trouve dans le tableau de la Vierge
au chartreux, de la collection Gustave de Rothschild. Elle doit avoir été copiée
soit d’après ce tableau lui-même, soit d’après un dessin de Johannes fait en vue
de ce tableau (1).
(1) Le second volume est orné, en tête, d’un grand tableau représentant Raoul de Presles présentant
son œuvre à Charles V. Cette peinture est en partie effacée, mais révèle la même main; les vignettes du second
volume sont de tout autre style, mais celles du premier volume, exécutées par un aide, sont dans le style de
l’enlumineur des grandes pages. L’une d’entre elles (f° 388) semble même être entièrement de sa main.

42
 
Annotationen