MÉLANGES HULIN DE LOO
117
C’est le texte de la Genèse (C. II, 7). Au verset 21, nous
lisons que le Seigneur, ayant envoyé à Adam un profond
sommeil, tira de la côte de l’Homme, la Femme, à laquelle
il devait s’attacher : ce fut Eve. Et l’on voit, toujours,
Adam étendu et le Seigneur tirant de son côté, la Femme
dont on aperçoit seulement le haut du corps.
Le texte original est cependant assez différent. Dieu
ne crée pas l’Homme, mâle et femelle, comme le dit la
version française, mais l’Homme mâle-femelle; il n’y a
qu’un seul être : et plus loin, au lieu de tirer Eve de la
côte de l’Homme, Dieu sépara ce premier être. De ce texte,
nous ne connaissons aucune représentation; la suite cepen-
dant ne manque pas de piquant.
La scène de la Tentation n’a pas varié. Telle nous la
voyons sur les sarcophages, sur les verres dorés du
IIIe siècle, telle nous la retrouvons au XXe siècle, aux
Salons de peinture.
Nos premiers parents, nus, debout, sont de chaque côté
de l’Arbre de la Science du Bien et du Mal, autour duquel
est enroulé le Serpent, tantôt à tête d’animal, tantôt à
corps de sirène, qui tend à la Femme le fruit qui doit
perdre l’Humanité. Au IIIe 'àièclie cependant, quelques
sculpteurs représenteront Eve avec un riche collier et des
bracelets ; mais Tertullien combat cette représentation qui
ne tarde pas à disparaître. Au cours des âges, au début
du XVe siècle, nous allons voir dans une miniature célèbre,
une technique des plus délicieuses qui en fait une des
œuvres d’art les plus admirables du Moyen Age : une des
pages des Très Riches Heures du duc Jean de Berry,
aujourd’hui à la Bibliothèque de Chantilly. L’artiste, —
faut-il dire un des frères Limbourg, quoique nous ne soyons
en réalité nullement fixés sur leur identité — va grouper
dans un ensemble idéalement gracieux, les diverses scènes
du séjour d’Adam et d’Eve dans le Paradis terrestre, de
telle sorte, que de la conversation de la Femme avec le
Serpent, de la Tentation, de l’Appel du Seigneur, de la
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C’est le texte de la Genèse (C. II, 7). Au verset 21, nous
lisons que le Seigneur, ayant envoyé à Adam un profond
sommeil, tira de la côte de l’Homme, la Femme, à laquelle
il devait s’attacher : ce fut Eve. Et l’on voit, toujours,
Adam étendu et le Seigneur tirant de son côté, la Femme
dont on aperçoit seulement le haut du corps.
Le texte original est cependant assez différent. Dieu
ne crée pas l’Homme, mâle et femelle, comme le dit la
version française, mais l’Homme mâle-femelle; il n’y a
qu’un seul être : et plus loin, au lieu de tirer Eve de la
côte de l’Homme, Dieu sépara ce premier être. De ce texte,
nous ne connaissons aucune représentation; la suite cepen-
dant ne manque pas de piquant.
La scène de la Tentation n’a pas varié. Telle nous la
voyons sur les sarcophages, sur les verres dorés du
IIIe siècle, telle nous la retrouvons au XXe siècle, aux
Salons de peinture.
Nos premiers parents, nus, debout, sont de chaque côté
de l’Arbre de la Science du Bien et du Mal, autour duquel
est enroulé le Serpent, tantôt à tête d’animal, tantôt à
corps de sirène, qui tend à la Femme le fruit qui doit
perdre l’Humanité. Au IIIe 'àièclie cependant, quelques
sculpteurs représenteront Eve avec un riche collier et des
bracelets ; mais Tertullien combat cette représentation qui
ne tarde pas à disparaître. Au cours des âges, au début
du XVe siècle, nous allons voir dans une miniature célèbre,
une technique des plus délicieuses qui en fait une des
œuvres d’art les plus admirables du Moyen Age : une des
pages des Très Riches Heures du duc Jean de Berry,
aujourd’hui à la Bibliothèque de Chantilly. L’artiste, —
faut-il dire un des frères Limbourg, quoique nous ne soyons
en réalité nullement fixés sur leur identité — va grouper
dans un ensemble idéalement gracieux, les diverses scènes
du séjour d’Adam et d’Eve dans le Paradis terrestre, de
telle sorte, que de la conversation de la Femme avec le
Serpent, de la Tentation, de l’Appel du Seigneur, de la