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^litterature^
PEINTURE, SCULPTURE, GRAVURE, ARCHITECTURE, MUSIQUE, ARCHÉOLOGIE, BIBLIOGRAPHIE, BELLES-LETTRES, ETC
publié sols la direction de m. a. siret, membre correspondant de l'académie royale de belgique.
Paraissant deux fois par mois.
N° 5. Belgique. — 6 Mars 1864. Sixième Année.
On s'abonne : à Anvers, chez De Coninck, éditeur;
à Bruxelles, chez Decq et Muquarut; à Gand, chez
Hoste; a Liège, chez De Soer et Decq; les autres vil-
les, chez tous les libraires. Pour l'Allemagne : R.Weigel,
Leipzig. Heberle, Cologne. Pour la France : Ve Renouard,
Paris. Pour la Hollande : Martinus Nyhoff, à La Haye.
Pour l'Angleterre et l'Irlande : chez Bartiiès et Lowell ,
14 Great Marlborough Street, à Londres. — Prix d'a-
bonnement : pour toute la Belgique, (port compris). —
Par an, 8 fr. — Étranger (port compris). —Allemagne ,
10 fr. — France, i 1 fr. — Hollande, u fl. — Angleterre
et Irlande, 8 s. 6 d. — Prix par numéro 40 c. — Tout
abonnement donne droit à une annonce de 15 lignes,
répétée 2 fois dans l'année. — Annonces 30 e. la ligne.
— Pour tout ce qui regarde l'administration, la rédac-
tion ou les annonces, s'adresser à J. Edom, imprimeur
à St. Nicolas , (Flandre-Orientale. Belgique) (affranchir).
Les lettres et paquets devront porter pour suscription,
après l'adresse principale : « Pour la direction du Jour-
nal des Beaux-Aris. » — Il pourra être rendu compte des
ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.
SOMMAIRE : Ce qui se trouve sur l'histoire de la pein-
ture dans un livre sur l'histoire de la musique, par M.
Anatole de Montaiglon. — Correspondance particulière :
Cologne. — Un mot sur les travaux de M. Burger. — Les
écrivains modernes de l'art en Hollande : Jean Steen, par
T. Van Weslrheene. — Vente Eugène Delacroix. — Con-
cours pour un musée à Amsterdam : projets reçus. —
Nouvelles d'atelier, chronique. — Nécrologie. — Vente
d'argenteries. — Ventes de tableaux. — Annonces.
CE QUI SE TROUVE
sur l'histoire de la peinture
dans un livre sur l'histoire de la musique.
M. Adrien de la Fage, mort l'année der-
nière, était l'un des chercheurs les plus éru-
dits et les plus distingués qui se soient, dans
ces derniers temps, occupés de l'histoire de
la musique. Ses Essais de Diphthérographie
musicale, (Paris, Legouix 1864, in-8° de 568
pages avec un atlas) dont l'impression a été
achevée par les soins d'un ami, ajouteront
encore à sa réputation. Le titre en est bizar-
re : diphthera veut dire parchemin; la diph-
thérographie musicale est donc « la descrip-
» tion des parchemins, par suite des manus-
» crits de la musique et plus particulièrement
» des manuscrits anciens. Si quelqu'un s'a-
» visait de trouver ce titre trop prétentieux
» et d'en rire, qu'il en prenne à son aise; je
» suis homme à faire chorus avec lui. » On
ne saurait d'avance s'exécuter soi-même de
meilleure grâce. Nous avons donc affaire à
un catalogue raisonné de manuscrits, un peu
fantasque et capricieux, mais toujours intel-
ligent; le premier point de départ avait été
la vie et le catalogue de l'abbé Baïni, mort
en 1844 directeur delà Chapelle Sixtine; il
s'y est joint depuis bien des choses et c'est ce
qui fait que le livre a ses Coins intéressants
en dehors de son objet même. Mon ignorance
est absolue en tout ce qui touche aux questins
techniques, anciennes et modernes, qui sont
posées, discutées, résumées ou résolues dans
le livre de M. de la Fage; j'ai sauté, et pour
cause, des pages entières parce qu'il est inu-
tile de ne les lire qu'avec les yeux, et, en lin
de compte, les bords du chemin y offrent de
quoi butiner et faire aussi son bouquet.
Ainsi, au point de vue littéraire, il y aurait
lieu, entre autres, de signaler en détail et le
texte du poëme latin du XIP siècle sur le
chant du rossignol (p. 275-9). qu'il faut rap-
procher de la Philomela imprimée et annotée
par Charles Nodier, et celui du poëme de arte
musica de Berkondre Prudentius, moine de
Charroux, (p. 294-503) que les bibliographes
poitevins seraient vraiment excusables de ne
pas venir dénicher dans la Diphthérographie,
et aussi l'explication (p. p. 354 et 543) de la
42e épigramme deMarot sur un certain maître
Albert, rival d'Orphée, qui n'est autre que
Albert de Ripa, joueur de luth et valet de
chambre de Henri II. J'indique de ce côté his-
torique ce qui s'adressait le plus à moi ; cha-
que lecteur trouverait autre chose à y appren-
dre ou à y faire remarquer.
Tout un article, celui qui traite des livres
de chœur de l'abbaye du Mont-Cassin, (p.
339-42) se rapporte à l'objet de cette revue.
C'est par hasard qu'un historien de la pein-
ture peut toucher au livre de M. de la Fage;
il est, par là, d'autant plus important d'en
extraire ce qui s'y rapporte. Ce sont les reçus
et les marchés d'un miniaturiste, des Bassan
et de Luca Giordano, conservés dans les ar-
chives du couvent; je les trancris ici en les
traduisant :
« Moi, maître Jean, miniaturiste florentin,
» je confesse avoir eu et reçu de Don Ignazio
» de Gênes, cellerier du sacré couvent du
» Mont-Cassin, la somme de 135 ducats, trois
» tari et un grain (575 frs.), pour avoir peint
» en miniature toutes les lettres, petites et
» grandes, dans six volumes, la première
» partie du propre des saints, la dernière
» partie du graduel des dimanches, le gra-
» duel du commun des saints avec celui de
» la Pentecôte, le psautier de communis dans
» le graduel de la Transfiguration et un livre
» de la semaine Sainte ; ce dont je me tiens
» content et satisfait ainsi que mon fils Fran-
» çois. En foi de quoi j'ai écrit de ma main
« ce reçu qui sera aussi signé de mon fils ce
» 16e jour de Juin 1522.
Joannes manu propria.
» Moi Francesco di Giovanni susdit confir-
» me ce qui est écrit ci-dessus, me tiens pour
» content et satisfait, et ai mis ma signature
» de ma propre main. »
Ce sont, je crois, des noms tout à fait nou-
veaux; ils manquent, en tout cas, aux nou-
velles recherches accompagnées de docu-
ments inédits pour servir à l'histoire de l'art
de la miniature en Italie, que MM. Carlo Pini,
Carlo et Gaetano Milanesi ont imprimées en
1850, à la lin du VIe volume de la nouvelle
édition du Vasari de Florence. Il est vrai que
leur travail, quoiqu'il touche à Sienne, à Pra-
to, à Pérouse et à Modène, est particulière-
ment florentin. Les deux pièces suivantes se
rapportent au grand tableau du réfectoire,
^litterature^
PEINTURE, SCULPTURE, GRAVURE, ARCHITECTURE, MUSIQUE, ARCHÉOLOGIE, BIBLIOGRAPHIE, BELLES-LETTRES, ETC
publié sols la direction de m. a. siret, membre correspondant de l'académie royale de belgique.
Paraissant deux fois par mois.
N° 5. Belgique. — 6 Mars 1864. Sixième Année.
On s'abonne : à Anvers, chez De Coninck, éditeur;
à Bruxelles, chez Decq et Muquarut; à Gand, chez
Hoste; a Liège, chez De Soer et Decq; les autres vil-
les, chez tous les libraires. Pour l'Allemagne : R.Weigel,
Leipzig. Heberle, Cologne. Pour la France : Ve Renouard,
Paris. Pour la Hollande : Martinus Nyhoff, à La Haye.
Pour l'Angleterre et l'Irlande : chez Bartiiès et Lowell ,
14 Great Marlborough Street, à Londres. — Prix d'a-
bonnement : pour toute la Belgique, (port compris). —
Par an, 8 fr. — Étranger (port compris). —Allemagne ,
10 fr. — France, i 1 fr. — Hollande, u fl. — Angleterre
et Irlande, 8 s. 6 d. — Prix par numéro 40 c. — Tout
abonnement donne droit à une annonce de 15 lignes,
répétée 2 fois dans l'année. — Annonces 30 e. la ligne.
— Pour tout ce qui regarde l'administration, la rédac-
tion ou les annonces, s'adresser à J. Edom, imprimeur
à St. Nicolas , (Flandre-Orientale. Belgique) (affranchir).
Les lettres et paquets devront porter pour suscription,
après l'adresse principale : « Pour la direction du Jour-
nal des Beaux-Aris. » — Il pourra être rendu compte des
ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.
SOMMAIRE : Ce qui se trouve sur l'histoire de la pein-
ture dans un livre sur l'histoire de la musique, par M.
Anatole de Montaiglon. — Correspondance particulière :
Cologne. — Un mot sur les travaux de M. Burger. — Les
écrivains modernes de l'art en Hollande : Jean Steen, par
T. Van Weslrheene. — Vente Eugène Delacroix. — Con-
cours pour un musée à Amsterdam : projets reçus. —
Nouvelles d'atelier, chronique. — Nécrologie. — Vente
d'argenteries. — Ventes de tableaux. — Annonces.
CE QUI SE TROUVE
sur l'histoire de la peinture
dans un livre sur l'histoire de la musique.
M. Adrien de la Fage, mort l'année der-
nière, était l'un des chercheurs les plus éru-
dits et les plus distingués qui se soient, dans
ces derniers temps, occupés de l'histoire de
la musique. Ses Essais de Diphthérographie
musicale, (Paris, Legouix 1864, in-8° de 568
pages avec un atlas) dont l'impression a été
achevée par les soins d'un ami, ajouteront
encore à sa réputation. Le titre en est bizar-
re : diphthera veut dire parchemin; la diph-
thérographie musicale est donc « la descrip-
» tion des parchemins, par suite des manus-
» crits de la musique et plus particulièrement
» des manuscrits anciens. Si quelqu'un s'a-
» visait de trouver ce titre trop prétentieux
» et d'en rire, qu'il en prenne à son aise; je
» suis homme à faire chorus avec lui. » On
ne saurait d'avance s'exécuter soi-même de
meilleure grâce. Nous avons donc affaire à
un catalogue raisonné de manuscrits, un peu
fantasque et capricieux, mais toujours intel-
ligent; le premier point de départ avait été
la vie et le catalogue de l'abbé Baïni, mort
en 1844 directeur delà Chapelle Sixtine; il
s'y est joint depuis bien des choses et c'est ce
qui fait que le livre a ses Coins intéressants
en dehors de son objet même. Mon ignorance
est absolue en tout ce qui touche aux questins
techniques, anciennes et modernes, qui sont
posées, discutées, résumées ou résolues dans
le livre de M. de la Fage; j'ai sauté, et pour
cause, des pages entières parce qu'il est inu-
tile de ne les lire qu'avec les yeux, et, en lin
de compte, les bords du chemin y offrent de
quoi butiner et faire aussi son bouquet.
Ainsi, au point de vue littéraire, il y aurait
lieu, entre autres, de signaler en détail et le
texte du poëme latin du XIP siècle sur le
chant du rossignol (p. 275-9). qu'il faut rap-
procher de la Philomela imprimée et annotée
par Charles Nodier, et celui du poëme de arte
musica de Berkondre Prudentius, moine de
Charroux, (p. 294-503) que les bibliographes
poitevins seraient vraiment excusables de ne
pas venir dénicher dans la Diphthérographie,
et aussi l'explication (p. p. 354 et 543) de la
42e épigramme deMarot sur un certain maître
Albert, rival d'Orphée, qui n'est autre que
Albert de Ripa, joueur de luth et valet de
chambre de Henri II. J'indique de ce côté his-
torique ce qui s'adressait le plus à moi ; cha-
que lecteur trouverait autre chose à y appren-
dre ou à y faire remarquer.
Tout un article, celui qui traite des livres
de chœur de l'abbaye du Mont-Cassin, (p.
339-42) se rapporte à l'objet de cette revue.
C'est par hasard qu'un historien de la pein-
ture peut toucher au livre de M. de la Fage;
il est, par là, d'autant plus important d'en
extraire ce qui s'y rapporte. Ce sont les reçus
et les marchés d'un miniaturiste, des Bassan
et de Luca Giordano, conservés dans les ar-
chives du couvent; je les trancris ici en les
traduisant :
« Moi, maître Jean, miniaturiste florentin,
» je confesse avoir eu et reçu de Don Ignazio
» de Gênes, cellerier du sacré couvent du
» Mont-Cassin, la somme de 135 ducats, trois
» tari et un grain (575 frs.), pour avoir peint
» en miniature toutes les lettres, petites et
» grandes, dans six volumes, la première
» partie du propre des saints, la dernière
» partie du graduel des dimanches, le gra-
» duel du commun des saints avec celui de
» la Pentecôte, le psautier de communis dans
» le graduel de la Transfiguration et un livre
» de la semaine Sainte ; ce dont je me tiens
» content et satisfait ainsi que mon fils Fran-
» çois. En foi de quoi j'ai écrit de ma main
« ce reçu qui sera aussi signé de mon fils ce
» 16e jour de Juin 1522.
Joannes manu propria.
» Moi Francesco di Giovanni susdit confir-
» me ce qui est écrit ci-dessus, me tiens pour
» content et satisfait, et ai mis ma signature
» de ma propre main. »
Ce sont, je crois, des noms tout à fait nou-
veaux; ils manquent, en tout cas, aux nou-
velles recherches accompagnées de docu-
ments inédits pour servir à l'histoire de l'art
de la miniature en Italie, que MM. Carlo Pini,
Carlo et Gaetano Milanesi ont imprimées en
1850, à la lin du VIe volume de la nouvelle
édition du Vasari de Florence. Il est vrai que
leur travail, quoiqu'il touche à Sienne, à Pra-
to, à Pérouse et à Modène, est particulière-
ment florentin. Les deux pièces suivantes se
rapportent au grand tableau du réfectoire,