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Journal des beaux-arts et de la littérature — 9.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.18493#0100
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— 92 —

contestables, qui nous attirent le plus; nous
leur préférons les peintures bien autrement
curieuses, parceque la personnalité de l'artiste
s'y trouve profondément imprimée , de MM.
Hook, Goodall, Faed, Morgan, Nichol, Or-
chardson, Pickersgill, Wallis et Ward. Chez
M.Poole nous trouvons de singulières tentati-
ves de couleur. Le principal succès de l'école
anglaise est pour M. Burgess. Son tableau
représente quelques gradins d'un amphithéâ-
tre en Espagne pendant une course de tou-
reaux. La variété et l'expression des têtes, la
beauté des types féminins, l'ardeur du soleil,
la violente opposition des tons et môme des
qualités rares dans l'école anglaise, l'habileté
de l'exécution et une harmonie de couleur
remarquable, se trouvent réunies dans la toile
de M. Burgess.

L'Angleterre se montre jalouse de mainte-
nir la réputation de ses aquarellistes. Expo-
sées sur les écrans qui coupent perpendicu-
lairement la galerie, les aquarelles anglaises
sont nombreuses et remarquables ; M. John
Burgess est encore un des artistes qui se
distinguent le plus dans ce genre éminem-
ment national. Il faut citer aussi M. Evans,
l'eu Cox, une marine de M. Hayes, un inté-
rieur de vieille grange de M. Mawley, les vues
intérieures de l'église de St. Etienne, à Vien-
ne et de l'église de St. Gommaire, à Lierre,
par M. Bead , MM. Tayler, Tilt, Hunt; je n'ai
pas la prétention, je le répète, d'êtrecomplet.

Quelques graveurs à l'eau-forte, MM. Hook,
Palnier, Seymour-Haden , Cole et aussi M.
Wistler qui appartient par sa naissance aux
Etals-Unis, mais que sou tempérament d'ar-
tiste rattache à l'école anglaise, ont su très
habilement tirer parti d'un procédé qui se
prête mieux que tout autre à la spontanéité
de l'inspiration et aux capricieuses boutades
de l'imagination.

Un certain nombre d'artistes américains
nous apprennent que si l'art n'a pas encore
eu le temps de faire de grands progrès aux
Etals-Unis, nous ne devons pas afficher pour
cette école au berceau un mépris trop absolu.
Si quelques artistes comme M. Beard dans sa
Danse des ours, M. Church, dans la Chute du
Niagara et La saison pluvieuse sous les tropi-
ques, recherchent une excentricité d'un goût
douteux et des effets naturels insaisissables
pour la peinture, si la grande et laborieuse
composition de M. Huntington, La cour répu-
blicaine du temps de Washington, ne témoigne
que d'un grand effort suivi d'un médiocre ré-
sultat, d'autres artistes, MM. Monter, Leulze,
Lambdin, Johnson, White, rendent avec es-
prit les scènes familières, tandisque M. Baker
et M. Hunt exposent des portraits qui ne man-
quent pas de qualités et que le paysage trouve
des représentants fort estimables chez MM.

Hart et Mac Entée. Symptôme curieux et qui
vient à l'appui de nos observations: dans cette
jeune école, le paysage occupe déjà une place
considérable; sur 7o toiles, nous ne comp-
tons pas moins de 38 paysages ou marines.

Nous passerons sous silence les envois
insignifiants du Brésil, de l'Amérique Cen-
trale et Méridionale, de même que ceux de
la Chine et de l'Egypte. Les sept tableaux en-
voyés par l'Empire Ottoman ne valent même
pas une citation et leurs auteurs paraissent
tous des étrangers. A quel titre les a-t-on donc
rangés dans l'exposition Turque ?

Arrivons de suile aux Italiens sans tenir
compte de la subtile distinction du catalogue
qui classe à part les artistes romains et ceux
du royaume d'Italie.

Ici la confusion du catalogue redouble, il
ne range même plus les noms suivant l'ordre
alphabétique : ses omissions deviennent plus
nombreuses et plus graves; il ne parle pas
d'un M. Stéphano Ussi qui remporte la grande
médaille pour une certaine Chasse du duc d'A-
thènes , que nous avons vainement cherchée
jusqu'ici. L'exposition italienne, en retard
sur toutes les autres, sort à peine du chaos
et augmente singulièrement l'embarras des
visiteurs déjà déroulés par le désordre du
catalogue.

La pauvre Italie est tombée Bien bas dans
les arts plastiques. Assurément, si on voulait
donner un rang aux différentes peuples, il
serait humiliant de voir à quelle place des-
cend la patrie des Léonard, des Michel-Ange j
et des Raphaël. Ses sculpteurs même ne sont
pour la plupart que d'habiles praticiens, fort
exercés à tailler le marbre, mais peu instruits
des lois du dessin et incapables pour la plu-
part de composer et d'exécuter une figure
passable. Cependant tout espoir n'est pas per-
du pour la terre classique.de la Renaissance. J
Les dernières expositions de Paris ont vu
! éclore plus d'un jeune talent riche de pro-
messes; MM. Furuffini, Poggi, Castiglione,
ont été remarqués et encouragés; plusieurs
d'entre eux se sont même fixés à Paris. Quant
à MM. Pasini et Palizzi, la nouvelle exposi- j
tion ne pouvait guère ajouter à leur réputa- j
tion; nous connaissons toutes les toiles qui |
figurent ici sous leur nom. Il n'y a de nouveau j
que le curieux entassement de toutes les ra-
ces d'animaux auquel M. Palizzi a donné pour
prétexte la Sortie de l'arche après le déluge.

Les sujets familiers, les scènes de genre
réussissent mieux aux artistes italiens que les j
grandes machines historiques. Nous ne cite- j
rons les grandes toiles de MM. Gamba et Gas- I
taldi que comme un effort hardi auquel man-
quent le souffle et l'inspiration. Aussi leur
préférons-nous les petits tableaux moins am-
bitieux de MM. Induno, Toma, Tofano, Gian-

netti, Zuccoli et de M. G. Muller qui nous
parait d'origine quelque peu allemande, d'a-
près son nom. Nous' avons particulièrement
remarqué La rencontre du Titien avec Paul
Vèronèse, de M. Zona, un Vénitien qui se
souvient de ses glorieux ancêtres et cherche
à ressaisir la tradition des coloristes. Du ta-
bleau de M. Stéphano Ussi, nous ne pouvons
donner notre opinion, n'ayant pas su le trou-
ver. Dans la sculpture, même iupuissance
que dans la peinture; beaucoup d'adresse,
une grande facilité dans l'exécution; mais
absence complète d'éducation artistique, de
goût et de principes. Si un sculpteur comme
celui qui se cache sous le pseudonyme de
Marcello, est parvenu à faire remarquer ses
bustes par la facilité brillante du travail, par
l'habileté du ciseau , sa faiblesse se trahit
bientôt dès qu'il veut s'attaquer aux grands
morceaux. M. Véla lui-même, le plus distin-
gué des sculpteurs italiens, n'arrive pas à
soustraire son talent à l'influence de la déca-
dence. Il joint cependant à l'habileté si com-
mune dans son pays , un sentiment élevé.
Cette statue de Napoléon 1e', fatigué, acca-
blé par le mal et le désespoir, voyant arriver
sa dernière heure, témoigne d'une recherche
intelligente de l'idée et de la grandeur. Cette
figure assise dit bien autre chose que l'agonie
d'un mourant. On y lit tout le poème d'une vie
grandiose et tragique.

Des steppes glacées, un ciel gris et sinis-
tre, un hiver terrible semblent des obstacles
insurmontables au développement de l'art. A
ce titre la Russie ne posséderait jamais, non-
seulement une école de peinture, mais même
un peintre de mérite. Nous voyons toutefois
dans les 63 tableaux qu'elle expose plus d'une
œuvre fort passable, plus d'une tentative re-
marquable pour se débarrasser des entraves
que le climat et la barbarie semblent opposer
à l'essor d'un art vraiment national. Les dé-
serts de neige présentent aussi leurs beautés,
leurs côtés pittoresques. Nous avons v.u na-
guère à nos expositions parisiennes, un Rus-
se, M.Swertchkoff, attirer l'attention générale
par la singularité d'un effet de soleil sur un
champ tout couvert d'un linceul blanc.

On s'attend bien à rencontrer ici bon nom-
nombre de forêts et de steppes glacées, et
quand on est familiarisé avec cette nature
étrange, on trouve une certaine poésie et
aussi un charme mélancolique aux paysa-
ges de MM. Ducker, Meslchersky, Sokoloff,
Troutowsky, animés parfois de petites figures
assez habiles. Le Clair de lune de M. Ayva-
sovsky, l'effet des pluies d'automne de M. Clodt
1er, la Revue passée à Moscou par le tzar Alexis
Mikhaïlovitch, dans une plaine toute blanche
de neige, en vue des dômes du Kremlin , par
M. Swerlchkoff, nous présentent encore le,
 
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