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Journal des beaux-arts et de la littérature — 13.1871

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https://doi.org/10.11588/diglit.18908#0029
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21

aucun portrait qui réunisse une ressemblan-
ce aussi frappante au détail le plus exact et
à une grande finesse artistique, de manière
que les plâtres de cette œuvre extraordinaire
méritent d’être recommandées comme la
plus digne et la plus parfaite représentation
du fondateur du nouvel empire allemand.

Je pense que feu le président Adolph
Lctte compte parmi les i11ustrationsde notre
ville et même de notre pairie. Son buste,
rappelant toute son intéressante physiono-
mie, son air bienveillant mêlé d’une agréable
vivacité, a pour auteur Alexandre Tondeur,
modeleur-artiste de la fonderie de fer
royale à Berlin.

Je ne sais si vous accordez à une beauté
exceptionnelle assez d’autorité pour faire
admettre sa propriétaire parmi les person-
nages distingués. Pour moi, une belle et
noble tête, sculptée en marbre avec élé-
gance et finesse, a droit à une place parmi
les œuvres de qualité. C’est pourquoi je
vous cite le buste, à la tête légèrement tour-
née vers la droite, de la comtesse Hedwig
Sauerma, née comtesse de SchafTgatsch,
œuvre de Karl Kern. — Deux bustes en
marbre de Karl Moeller se font remarquer
par la perfection du travail et la parfaite
ressemblance.

Un de nos jeunes statuaires, Erdmann
Encke, artiste d’un génie peu commun, mé-
rite de vous être nommé comme donnant
les meilleures espérances. Élève d’Albert
Wolff,il a eu le bonheur d’obtenir le premier
prix au concours ouvert pour le monument
consacré à la mémoire de Friedrich Lud-
wig Tahn par les sociétés gymnastiques
(Turnvereine)allemandesdansla Hasenhaide
(petit bois près de Berlin,) théâtre de ses
travaux. Lastatue colossale dece vénérable
père de notre vigueur nationale, obtenue
au moyen d’une éducation systématique du
corps, a déjà été fondue et va être érigée
sans délai. La conception est pleine de
verve et la figure respire cette énergie brus-
que et austère qui caractérisait l’homme.—
Quelques portraits du même artiste ont eu
un succès mérité, principalement le buste
vraiment classique de notre plus célèbre
cantatrice et actrice dans le style élevé,
Johanna Jackmann-Wagner. — Une jeune
fille avec un papillon, une autre avec un pi-
geon ont très bien posé Encke dans le genre
facile et gentil, pour exécuter plusieurs
œuvres dans la décoration d’édifices publics.
— Ce qui me fournit l’occasion de mention-
ner cet artiste, à propos de l’exposition,
c’est un très gracieux buste de jeune fille
dans lequel il a tâché avec succès d’employer
le costume moderne — naturellement sans

ses extravagances aussi peu esthétiques que
déraisonnables — comme moyen d’effet
dans une œuvre plastique. Je tiens à faire
observer que c’est, à mon avis, le vrai na-
turalisme adapté aux exigences de la sculp-
ture, en opposition à la manière rude et
mécanique de Begas.

Quelques bas-reliefs en marbre ont bien
représenté le portrait plastique en médail-
lon ; ce sont les têtes de Ferdinand Lassale
et de Johan Jacoby, par Melchior zur
Strassen (appelé de Berlin à l’école des
arts et métiers de Nuremberg) et les têtes
naïves de deux petites filles, par Louis Sus-
mann-ÏIelborn. Ces derniers reliefs ont
produit, dans leur encadrement de bronze
doré et émaillé, des échantillons remarqua-
bles de la technique artistement cultivée
par leur auteur.

Dans les figures idéales et les groupes,
l’Amour a joué un grand rôle. Karl Muller
l’a représenté tirant une flèche de son car-
quois, très étudié dans des belles formes
juvéniles, mais un peu académiquement
raide. — Le motif d’une statue de Ferdi-
nand Hartzer, très semblable au Faune de
Muller respire plus de gaiété, mais ne peut
supporter le parallèle évoqué. — Un sin-
gulier petit garçon en Amour, de Johannes
Ohse, a eu l’avantage de sa modestie pro-
portionnée à son mérite et a reçu l’honneur
qui lui était dû. Un Amour en Hercule, d’E-
mileStrecker,portant la peau de lion et la
massue n’était point mauvais d’intention,
mais l’artiste a eu de la peine à donner une
forme à sa pensée et la plaisanterie est de-
venue un peu grossière ; il eût fallu plus
d’élan sans recherche. Je cite encore sa
Loreley et un Ange portant le Christ enfant,
des œuvres bien faites mais pas très re-
marquables.

Deux groupes de Vénus el l'Amour, gran-
deur naturelle, ont encore su tirer parti de
ce thème usé. La Venus de Julius Moser
a désarmé son jeune fils et se divertit de
ses plaintes puériles et véhémentes. La
composition en est bien agencée, les for-
mes ont un style pur et noble, les têtes
sont très belles et expressives. — La déesse
de Robert Diez, essuyant trop réellement
les larmes de son enfant blessé, a, non
moins dans l’exécution que daus le motif,
quelque chose de bourgeois et même de
trivial, ce qui empêciie un travail louable
d’être justement apprécié.

L’allégorie pétrifie, pour ainsi dire l’in-
vention ; c’est ce que prouve un groupe
d’Arnold Selbach intitulé l'Amour exerce son
influence sur la jeunesse. Cette dernière est
représentée sous la forme d’une jeune fille

assise, â qui le garçon séduisant, placé
derrière elle, chuchotte quelques mots.
Mais elle a l’air si sage que le « terrible en-
fant » ne réussira pas, selon toute apparen-
ce, à troubler le calme de son âme. Le
travail pourtant est bon .La fable de l'Amour
et Psyché a trouvé aussi quelques interprè-
tes. Moriz Schulz en a fait un joli petit
groupe : les deux enlanls, tout jeunes,
s’embrassent. — Daus une grande œuvre
d’un aspect un peu étrange, Wilhelm En-
gelhard, de Hanovre, a représenté la curio-
sité de Psyché qui lui cause tant de malheurs.
Sur un lit repose l’Amour, dans un âge ju-
vénile et dormant ; Psyché, une lampe à la
main, aperçoit le beau Dieu, et surprise,
elle laisse tomber le poignard de sa main.
La description seule nous suffira pour voir
que ce n’est pas à la sculpture que convien-
nent ces motifs-là : une jeune fille grimpant
sur un lit, un effet de lumière où il n’y en
a pas, une scène à grand appareil embaras-
sant la composition.— A l’exception d’un
buste très bien fait,les œuvres de cet artiste
démontrent plus de raffinement que d’inven-
tion ; mais il connaît son art el il y a
peu à reprocher à l’exécution de ses pen-
sées ; seulement ses reliefs soûl secs et
durs. Bruno Meyer.

(La fin au prochain n°.)

FRANGE.

DAVID D’ANGERS.

(Suite et fin. — Voir n° 2, page 12.)

David, né sans fortune, avait du s’occuper
par lui-mème de son instruction ; mais Dieu
l’avait merveilleusement doué : l’artiste n’ex-
cluait en lui ni le poète, ni le philosophe,
ni le moraliste. J’ouvre ses notes : « J’ai vu
» ce soir sur la place de la Bourse, dit-il,
» une jeune fille jouant de la harpe. Elle
» était placée juste au milieu du monu-
» ment qui lui servait de fond. La partie
» supérieure de l’architecture se trouvait
» dans l’ombre, le basétait faiblement éclai-
» ré. Aux pieds de la jeune fille, une dou-
» zaine de petites bougies, vues de loin,
? semblaient autant d’étoiles. Les specta-
» teurs étaient obscurs, opaques, tandis que
» cette belle créature était toute lumineuse.
» C’est l’image de la vie, où le commun des
» êtres reste dans l’ombre, le génie seul
» rayonne par sa beauté morale. »

« Le marbre, dit-il ailleurs en parlant de
» son art, le marbre par sa blancheur a
» quelque chose de pur et de céleste. Les
» couleurs sont terrestres. Nous portons sur
» nos traits l’empreinte de la destruction ;
 
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