Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Journal des beaux-arts et de la littérature — 16.1874

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18911#0192
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
— 188 —

cadre relève le tableau et le tableau donne un relief
extraordinaire au cadre.

Les cinq sujets représentent : Thétis plongeant Achille
dans le Styx. — Education d’Achille. — Chryséis rendue
à son père. — Mort d Achille. — La Bordure.

1. Thétis plongeant Achille dans le Styx(4 m.sur 3 m.25).

A gaucbe, Thétis, vue de profil et suivie de la nourrice,
se penche sur le Styx et y plonge le petit Achille dont la
moitié du corps est visible. Au fond, le Styx, la barque de
Caron chargée d’âmes, l’enfer, etc.; à droite Cerbère
couché.

Les deux femmes sont colossales et mesurent plus de
deux mètres, comme du reste tous les personnages de
l’œuvre. Le corps d’Achille est d’un modelé énergique et
remarquable. On dirait un détail dessiné par Michel-Ange.
L’éclat de la tapisserie a été très peu altéré.

2. Education d’Achille (4 m. sur 2 m. 45).

Le futur héros est porté par Chiron, qui galoppe en
pleine campagne. Achille semble écouter avec attention le
discours de son précepteur. La pose du jeune homme est
aisée, Chiron est la figuration exacte du Centaure que l’on
sait. Le paysage est agrémenté de quelques maisons sur
une colline éloignée. A gauche, un arbre aux branches
duquel est suspendu un objet qui fait sans doute partie de
l’arsenal éducateur d’Achille.

3. Colère d’Achille (4 m. sur 3 m. 75).

Agamemnon est assis sur son trône et semble se lever
mû par un grand sentiment de fureur, si l’on en juge par
le froncement de ses sourcils. C’est un type énergique, bien
accusé. A droite, on remarque l’admirable tête de Nestor,
conforme à la description qu’en fait Homère; puis Priam,
se détachant en vigueur et de profil, ressemblant, si l’on
veut, à quelque silhouette un peu exagérée de Rubens. A
gauche, Achille, jeune, vigoureux et superbe, veut tirer son
glaive,mais Minerve est descendue du ciel et passe sa main
dans ses longs cheveaux roux. Comme on le voit, la narra-
tion du poète est respectée et clairement rendue.

Cette page est superbe d’entrain et de crânerie. C’est uüe
fort belle composition qui a conservé un coloris riche et

harmonieux. C’est un des sujets qui rappellent le plus l’école
de Rubens. Les qualités du dessin et du coloris sont surtout
remarquables par la fermeté de l’un et la puissance soute-
nue de l’autre. Le mouvement de tête d’Achille est charmant.

4. Chryséis rendue a son père (4 m. sur 5 m. 80).

Une tradition veut que la belle Hélène soit descendue des
murs de Troie pour faire une visite à ce bouillant et superbe
Achille et peut-être bien aussi pour supplanter, et la char-
mante Briséis et la blonde Chryséis. Quelques-uns ont cru
voir cette démarche d’Hélène dans le sujet qui nous occupe,
mais il n’en est rien. C’est bien Chryséis rendue par Aga-
memnon à son père afin d’obéir aux Dieux dont l’interprète
Calchas explique la volonté. La rétrocession de Chryséis à
son père pouvait seule arrêter le fléau de la peste qui acca-
blait l’armée d’Agamemnon. Au milieu se voit Chryséis,
ravissante création pétrie de lys et de roses, de lumière et
de grâce et dont, en effet, Agamemnon devait éprouver du
regret à se séparer; près d’elle son père qui la prend dans
ses bras; au milieu Calchas, le doigt levé comme pour indi-
quer la volonté divine ; à droite, la suite de Chryséis prête
pour le départ : serviteurs, chevaux, etc., à gauche, au pre-
mier plan, Agamemnon, deux esclaves chargeant des vases
d’or et au fond, à gauche, un pestiféré sous sa tente soigné
par deux personnes éplorées ; au fond, au milieu, des mâts
de vaisseaux. En tout treize personnages.

Ce panneau est le plus grand et aussi le plus beau de tous.
Chryséis est d’une beauté et d’une noblesse qui ne se décri-
vent pas. Son bras droit est posé sur sa poitrine; son bras
gauche, admirablement dessiné, retombe sur le côté. Sa tête
est une chose exquise et dont la séduction est réelle. Elle
est vêtue et drapée avec largeur et élégance. La couleur de
ses vêtements est bleue, jaune et blanche. Des pierreries
blanches constellent sa poitrine et ses bras. En réalité, elle
est au milieu de ce groupe de treize personnes comme une
étoile radieuse qui obscurcit tout autour d’elle.

Rien ne s’oppose à ce que le public y voie un portrait
rappelant plus ou moins la belle Hélène Forment, de même
que dans le grand prêtre Calchas, on pourrait voir le por-
trait d’Adam Van Noort.

On remarquera dans ce panneau, après avoir suffisamment
contemplé Chryséis, certains détails traités avec une maëstria
tout italienne, entre autres le groupe des deux esclaves du
premier plan ainsi que les vases qu’ils emportent. Dans le
groupe de droite, on constatera aussi des réminiscences
italiennes, entre autres le page qui tient le cheval.
 
Annotationen