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Journal des beaux-arts et de la littérature — 17.1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.18912#0199
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Supplément au W 22 du JOURNAL DES BEAUX-ARTS.

L'enquête si impatiemment attendue du Willemsfonds
de Bruges, concernant l'authenticité de l'œuvre du jeune
Fritz, exposé avec succès à Bruxelles, à Anvers, à Liège
et à Gand, a paru enfin. En attendant qu'à notre tour
nous apportions dans le débat qui vient de se rouvrir
de nouvelles lumières et de nouveaux renseignements,
nous nous contenterons d'insérer sans commentaires la
traduction de cette pièce importante, sur laquelle nous
attirons spécialement l'attention de nos lecteurs :

La commission d'enquête du Willemsfonds de Bruges vient
de terminer ses travaux. Le Halletoren publie son rapport,
présenté en séance du 18 octobre.

La commission, pour remplir consciencieusement la mission
dont elle avait été chargée, a cru nécessaire d'établir le débat
entre M. Van de Kerckhove et ses adversaires. M. Van de
Kerckhove a donc été invité à fournir ses preuves et à indiquer
ses témoins, ainsi que M. Jean Rousseau, qui paraît être son
adversaire le plus décidé. Pour procéder avec l'impartialité la
plus complète, on a rédigé un règlement, dont il a été adressé
une traduction françaiseà MM. Van de Kerckhove et Rousseau,
pour servir de guide à ce dernier, qui ne connaît pas le
flamand.

A cet envoi, M Rousseau a répondu par la lettre suivante,
portant la date du 13 avril 1875 :

«• Messieurs,

tous leurs témoignages et leurs moyens de preuve, en dernier lieù
la publicité donnée à toutes les pièces de l'enquête, constituent des
garanties d'impartialité qui imposeraient aux juges les plus prévenus
la nécessité d'être justes.

» Quant à l'opinion de certains de nos confrères consultés par vous,
elle passe par dessus nos têtes et s'adresse à la section brugeoise du
Willemsfonds qui nous a chargés de notre mission. Nous nous
bornons à faire remarquer que, parce que ces Messieurs habitent
Bruxelles, nous ne sachions pas que leur opinion ait plus de poids
que celle du Willemsfonds brugeois.

» Restent vos motifs personnels ; nous croyons que, précisément
parce que nous sommes étrangers à la polémique soulevée entre
vous et M Siret, notre enquête présente des garanties d'impartialité
que ne pouvait présenter la vôtre et que ne pourrait présenter une
enquête dirigée par M. Siret. Notre intervention est justifiée par le
mandat que nous avons reçu du Willemsfonds de rechercher la
vérité; nous avons pensé qu'elle ne pouvait jaillir que d'une
enquête contradictoire et comme le débat a surgi, non-seulement
entre vous et M. Siret, mais entre vous et M. Van de Kerckhove,
nous nous sommes adressés à vous, non pour intervenir dans une
polémique qui nous est étrangère, mais parce que, principal adver-
saire de M. Van de Kerckhove, vous nous paraissiez naturellement
indiqué pour démasquer la fraude, si fraude il y a.

» Nous persistons encore, Monsieur, à espérer que vous changerez
d'avis et que vous ne déclinerez pas notre invitation ; si cependant
vous persévériez dans votre refus, nous vous prierions de nous en
avertir et nous tâcherons,à regret, de trouver un autre adversaire à
M. Van de Kerckhove.

« Agréez, Monsieur, l'assurance de notre parfaite considération.

» Le Président du Comité d'Enquête,
" Le Secrétaire, » GEORGE FERNAU.

« JUL. SABBE. «

y Je n'ai de débat sur l'affaire Van de Kerckhove qu'avec
M. Siret ; je lui ai proposé, dès le début, et il a accepté l'arbitrage,
une enquête d'artistes. Rien ne saurait donc motiver, dans cette
affaire, l'intervention de tiers qui y sont étrangers, et auxquels je ne
pourrais répondre sans m'engager à satisfaire de même toute per-
sonne ou toute société à laquelle il conviendrait de se mêler de ce
différend.

» J'ajouterai, Messieurs, que, professant la plus sincère considéra-
tion pour le Willems-fonds, j'ai eru devoir consulter sur ce point
plusieurs de vos confrères de Bruxelles, et que tous se sont rangés à
mon avis quant au caractère irrégulier de votre intervention qu'ils
déplorent hautement au nom de la Société.

» Je ferai remarquer enfin subsidiairement, que je ne saurais
trouver de garanties sérieuses d'impartialité dans une enquête qui
s'est ouverte avec le désir déclaré de conserver à la ville de Bruges
ce qu'on appelle « la gloire » de Fritz Var. de Kerckhove.

» Agréez etc. — » u était inutile d avoir recours a des experts. Tous les efforts de

Cette lettre fut renvoyée au comité, sans même avoir été
ouverte. On s'adressa ensuite à M. Collinet, statuaire, autre
contradicteur de M. Van de Kerckhove, pour obtenir des ren-
seignements. Cet artiste crut devoir décliner la proposition.

, Il en résulta qu'une discussion était devenue inutile. Comme
les raisons de M. Van de Kerckhove ne pouvaient plus être
l'objet d'un examen de la part d'un de ses adversaires, le comité
résolut de poursuivre l'enquête, en dehors de toute participation
des intéressés,et d'abandonner les questions de valeur artistique.
L'enquête devait se borner dès lors à une recherche des faits

la commission ont donc tendu à établir
i° Si Fritz a peint ;

20 Si les panneautins exposés à Gand, Liège, Anvers et
Bruxelles sont de lui et entièrement de sa main.

En réponse à cette lettre, le comité a écrit à M. Rousseau,
dans les termes suivants :

« Bruges, le 15 Avril 1875.

» Monsieur,

» Le Comité d'Enquête nous charge de vous faire observer que ce
n'est pas à juste titre que vous pouvez suspecter notre impartialité,
puisque la phrase que vous citez est une phrase que l'Écho du
Parlement a tronquée et que malgré trois lettres rectificatives, il a
refusé de rétablir dans son entier. Cette phrase était conçue comme
suit s

„ « Comme Flamands et comme Brugeois, nous ne recherchons
» point des gloires de contrebande. La vérité seule sera notre
» objectif dans ces recherches. Mais nous désirons ardemment voir
„ conserver à Bruges et à la Flandre artistique le bénéfice d'une
„ renommée aussi originale que celle du petit Fritz Van de Kerck-
» hove. «

» Vous avez d'ailleurs à Bruges des amis ou connaissances qui
pourraient vous renseigner sur notre honorabilité personnelle et sur
la cmestion de savoir si, ayant accepté le mandat de rechercher

impartialement la vérité, nous serions capables de la trahir. plusieurs fois a ces dames des dispositions qu il remarquait chez

» Enfin, nous pensons que les conditions de l'enquête, dont il nous | l'entant, disant qu'avec le restant des palettes, il trouvait parlois
a été donné connaissance, la faculté laissée aux parties de produire \ des effets qui letonnaient.

La commission a décidé en outre de n'admettre comme vérité,
que ce qui serait prouvé indubitablement, soit par des témoins
loyaux, soit par des preuves matérielles irréfragables.

« Quant au premier point, » dit le rapport, « il paraît établi
que l'enfant peignait, et que ce qu'il produisait n'était pas un
barbouillage informe, mais représentait des objets distinctement
inconnaissables. Le nombre des personnes généralement réputées
loyales, qui l'ont affirmé sur l'honneur, est trop grand pour
que nous puissions douter.

» Il nous suffira de citer ici M. Ritter, vice-consul d'Alle-
magne, à Roulers, et les dames X., qui, du vivant de Fritz,
fréquentaient beaucoup la maison de M. Van de Kerckhove.
Môme du vivant de son fils, M. Van de Kerckhove a parlé
 
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