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SUPPLÉMENT AU N° 22.

» Une fois, une de ces dames a même entendu le père Van de
Kerckhove critiquer le ciel d'un des tableautins de Fritz et
l'enfant répondre que c'était ainsi, et qu'il avait étudié le ciel le
matin même. La sœur de cette dame a vu travailler l'enfant au
moins à l'un des panneautins exposés, celui qui représente le
moulin de St-André, mais elle n'assure pas de le lui avoir vu
achever entièrement.

» D'autres témoins sont encore venus confirmer ces renseigne-
ments. Il est par conséquent h peine possible que M. Van de
Kerckhove n'ait parlé à personne du talent de son enfant, avant
le décès de celui-ci. Plus d'un témoignage prouve le contraire.

» Nous avons même reçu à ce propos une confirmation vo-
lontaire, qui a une valeur particulière, celle de M. le greffier de
la justice de paix à Nieuport

» Ce fonctionnaire déclare qu'un jour, avant la mort de
l'enfant, étant à table à la Clef d'or, le commis de M. Van de
Kerckhove est venu lui parler du jeune fils de son patron, en
disant, lui aussi, que l'enfant peignait déjà de jolies choses.

n Une dernière circonstance fait disparaître tout doute sur ce
fait : nous avons présenté un des panneautins, que M. Van de
Kerckhove nous avait remis, à M. Jules Muzeman, encadreur
et greffier du conseil des prud'hommes à Bruges. Ce témoin a
déclaré le reconnaître comme ayant été encadré chez lui. Ses
livres de commerce démontrent que M. Van de Kerckhove n'a
plus fait encadrer de panneaux de ce genre depuis le 22 no-
vembre 1872, c'est-à-dire peu de temps avant la mort de Fritz,
qui a eu lieu en août 1873. Et à cette époque déjà, les panneau-
tins, autant que le témoin se le rappelle, portaient le nom de
l'enfant.

» Pour être complets, nous devons ajouter qu'ayant appris
que la sœur de Fritz, MUc Louise Van de Kerckhove, âgée de
14 ans, peignait également des tableautins dans le genre de ceux
attribués à son frère, nous nous sommes rendus chez M. Van de
Kerckhove, et que la jeune demoiselle a esquissé, en notre pré
sence, à l'aide d'une petite truelle et en 15 minutes de temps, un
petit paysage, que nous avons emporté. Cette esquisse, assez
remarquable pour une fille de 14 ans,reste cependant au-dessous
de ce qu'on fait valoir pour l'ouvrage de son frère.

» On nous a montré également d'autres tableautins de M!le
Van de Kerckhove ; ne les ayant pas vus peindre, nous n'avons
pas cru pouvoir les prendre en considération.

« Un jour nous avons trouvé un panneautin, provenant de
la maison Van de Kerckhove, avant le décès de Fritz. Il repré-
sente un arbre, qui ressort sur un ciel brumeux ; et les proprié-
taires — les époux De B., — nous assuraient l'avoir eu du jeune
Fritz même. Cependant nous avons trouvé au dos du panneautin
cette inscription : Peint par Fritç' Van de Kerckhove, mort à
Bruges, à l'âge de 10 ans et 11 mois. Nous l'avons fait re-
marquer à la fille De B., qui nous répondit que cette inscription
avait été placée là, lorsqu'on avait encadré le tableautin peu
après la mort de Fritz. Quoiqu'il en soit de cette explication,
nous résolûmes de ne pas nous arrêter à ce témoignage, tout en
nous le faisant connaître.

» La seconde question à résoudre est restée infiniment moins
obscure que la première, et il ne pourrait en être autrement.
En- effet, Fritz est mort, et il n'y a qu'un seul témoin
entendu par nous, qui puisse affirmer avec certitude de lui avoir
vu jamais commencer et achever ; la part prise par lui dans la
composition des œuvres exposées sous son nom, reste conséque-
ment entourée d'incertitude.

« Nous avons cependant pu réunir quelques indications. Nous
avons prié M. Van de Kerckhove de nous montrer les cahiers de
classe de son fils. Nous avons reçu un cahier de calligraphie, un
album et un livre de lecture avec des gravures enluminées par
l'enfant

« De l'examen de ces pièces, il a paru résulter qu'en prenant
en considération quelques dessins, l'enfant ne dessinait pas mieux
que d'autres enfants de son âge. Cela nous est assuré aussi par
M. Mouzon, directeur de l'Ecole Moyenne.

« Les gravures coloriées ne le sont pas précisément mal pour
l'ouvrage d'un enfant ; mais il n'y a rien qui puisse faire
soupçonner le talent et le goût qui brillent tant dans les

panneautins. Nous devons cependant ajouter que le cahier de
calligraphie et l'album paraissent dater d'une époque bien anté-
rieure à celle où furent peints les panneautins, et que M. Van de
Kerckhove ne les indique que pour établir que l'enfant avait
le goût du dessin dès sa jeunesse. On pourrait donc en conclure
que certains arbres, les détails d'architecture et quelques petites
nuances ne sont pas dues à Fritz. Au reste, nous ne pensons
pas que la déclaration de M.Van de Kerckhove à ce sujet ait été
absolue ; il a même reconnu être l'auteur de certains arbres et
des lignes architecturales, que l'on trouve dans l'ouvrage attribué
à Fritz. Cette déclaration a été faite en présence de M Van
Gheluwe, directeur de l'école de musique, à Bruges, et M. Van
de Kerckhove a ajouté qu'il avait déjà lait cette déclaration en
public.

» Jusqu'à quel point Fritz achevait-il les panneautins qu'il
esquissait ? — D'après les dames X, il achevait ses panneautins
suffisamment, pour que le sujet et. même un point de vue déter-
miné fut reconnaissable; d'après M.Dumon, négociant à Bruges,
et associé de M.Van de Kerckhove, l'un des panneautins exposés
serait au moins entièrement de la main de Fritz. Ce témoin
assure avoir été présent pendant tout le temps que l'enfant y a
consacré. Ce petit tableau représente un hiver. — Nous n'avons
pas pu rassembler à cet égard d'autres preuves matérielles.

» Un incident encore inexplicable pour nous s'est produit
dans le cours de notre enquête. Le jeune Y. s'est présenté au
comité et nous a montré une esquisse à la mine de plomb, en
disant qu'il l'avait reçue de Fritz, qui était son voisin de classe
à l'Ecole Moyenne. Ce dessin aurait été fait sous les yeux du
jeune Y. et lui aurait été donné immédiatement après. Il re-
présentait une ferme et des arbres, esquissés avec une justesse
remarquable, même sous le rapport de la perspective. Cette dé-
claration avait à nos yeux une importance trop grande, pour ne
pas devenir l'objet d'un examen sérieux. Nous nous rendîmes
donc chez M. le directeur de l'Ecole Moyenne, et là nous
avons eu la conviction que le récit du jeune Y. n'était qu'une
fable, inventée on ne sait pourquoi. Le jeune Y. n'a même
jamais été dans la même classe avec Fritz.

« Voilà, Messieurs, le résultat matériel de l'enquête, dont
vous nous avez chargés.Nous croyons nous être acquittés de notre
tâche avec toute l'impartialité et avec tout le soin exigibles. Tous
les certificats (à l'exception de deux provenant de deux témoins
qui ne demeurent pas à Bruges,) comme tous les arguments pro-
duits dans la polémique des journaux, ont été récusés par nous,
parce que nous voulions entendre les déclarations de la bouche
même des témoins. Chaque témoignage a été rédigé, puis signé
par le déclarant, ainsi que par les membres du comité. Tous les
membres qui nous ont été indiqués comme pouvant nous four-
nir des renseignements, soit pour, soit contre l'authenticité des
œuvres de Fritz ont été entendus par nous. Nous avons recher-
ché avec soin, s'il n'y en avait qui eussent subi une pression quel-
conque, prêts comme nous l'étions à indiquer le lait dans notre
rapport, si nous pouvions le constater ; mais nous n'avons
trouvé aucune trace de pression, même chez ceux qui se
contredisaient eux-mêmes ou au témoignage desquels nous
n'avons pas crû devoir ajouter foi.

» Nous ne pensons pas qu'il soit possible d'obtenir, sur le
terrain matériel, des renseignements plus nombreux et plus
complets que ceux que nous avons rassemblés. S'il nous eût été
donné de traiter les questions d'art, alors peut-être nous eussions
pu vous donner des explications plus étendues ; mais vous savez
que cela n'a pas dépendu de nous.

» Lu ainsi, en séance extraordinaire du Willemsfonds, le
18 octobre 1875.

» Le Président du Comité d'enquête,

Georges Fernau.

» Le Secrétaire,
» Jules Sabbe. »

Le Halletoren promet pour son numéro de décembre la
publication des pièces officielles. Ces pièces peuvent' dès à pré-
sent être consultées à la Bibliothèque Communale, à Bruges.
 
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