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N° 17.

15 Septembre 1875.

Dix-septième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTERATURE

paraissant deux fois par mois, sous la direction de M. Ad. S1RET, membre de l'Académie royale de Belgique, membre correspondant
de la Commission royale des monuments, membre de l'Institut des provinces de France, de. la Société française .d'Archéologie, etc.

OU" S'-A-BO^NTSTir; : à AriTers, chez TESSAEO, éditeur; à Bruxelles, chez DECQ et
DDHENT et chez MUQUARDT; à Garid, chez HOSTEet chez EOGGHÉ; à Liège, chez DE SOEB
et chez DECQ .- à Louvain, chez Ch. PEETERS ; dans les autres villes, chez tous les libraires. Pour
l'Allemagne, la Russie et l'Amérique : C. MUQUARDT. La France : DUSACQ et Cie, Taris. Pour
'a Hollande : MART1NUS KYHOFF, à la Haye. — PEIX X)'-A.B03STN"IK!MTTUNTT :
pour toute la Belgique (port compris). Par an, 9 fr. — Etranger (port compris) : Allemagne, Angle-

terre, France, Hollande, Italie et Suisse, 12 fr. Pour les autres pays, même prix, le port en sus. —
PEIX PAE NTJMBEO : 60 c. - RECLAMES : 60 c. la ligne. - Pour les
grandes annonces on traite à forfait. —-A-TOTOISTCES : éO c. la ligne. — Pour tout ce qui
regarde l'Administration ou les annonces s'adresser à l'Administration, rue du Progrès, 23, à
St-Nicolas (Flandre orientale) ou à Louvain, rue Marie-Thérèse, 22. — Il pourra être rendu compte
des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.

SOMMAIRE . Belgique. Question Van de Kerkhove.
— Le Salon de Bruxelles. •—■ Allemagne : Cor-
respondance particulière. — Fêtes à l'occasion du
centenaire de Michel-Ange. — Exposition de
Zurich. —. Chronique générale. ■— Périodiques
illustrés. — Programmes. — Annonces.

guçu.

{

i

QUESTION VAN DE KERKHOVE.

Depuis assez longtemps déjà, on
nous a. adressé de toutes parts des
questions au sujet de l'épisode Van de
Kerkhove. Ces demandes nous ont
été faites avec une extrême courtoisie
et dans des intentions dont nous som-
mes heureux de constater le carac-
tère patriotique.

Nous aurions voulu attendre le
résultat des enquêtes annoncées qui
se traitent absolument en dehors
de nos relations. Ce résultat, retardé
par des causes indépendantes du bon
vouloir des commissions, sera con-
nu d'ici à quelques semaines, ainsi
que nous l'apprennent les journaux
de Bruges. En attendant nous vou-
lons satisfaire, en partie du moins,
la légitime impatience des question-
neurs dont nous avons parlé plus
haut. Nous ne devons ni ne vou-
lons à aucun prix, on le comprendra
facilement , rentrer dans un débat
complètement épuisé. S'il reste des
incrédules ou des timorés exigeant
plus que ce qui a été donné, c'est-à-
dire le témoignage d'honneur des
hommes les plus hauts placés dans
1 estime publique et qui ont déclaré
par écrit avoir vu exécuter les ceu-
Vres contestées, s'il reste de ces na-
tures fâcheuses par lesquelles tant
de mal arrive et tant de bien ne se
feit pas, nous les plaignons et, si, par
^nrs agissements, ils pouvaient avoir
compromis les suites naturelles d'un
foit glorieux pour l'art national, nous

leur laissons la lourde responsabilité
de leur conduite.

Nous avons réduit nos adversaires
au silence le plus complet ; du mo-
ment où des pièces indiscutables leur
ont été fournies, ils ont refusé de les
publier, déclarant la question vidée,
procédé commode sans doute, mais
peu loyal. Nous constaterons donc
que nous avons terminé la discus-
sion, vis à vis du public honnête et
sensé, avec tous les honneurs de la
guerre. Les enquêtes sérieuses et
faites sans parti pris, ne peuvent que
corroborer ce qui a été dit par nous
ou qu'apporter peut-être quelques té-
moignages de plus en faveur de la
vérité .Nous n'y attachons, pour notre
part, d'autre importance que-celle de
quelques hommes dignes d'estime de
plus se joignant à nous, pour reven-
diquer la jeune gloire que l'on a essayé
d'enlever au pays.

Nous le répétons , nous n'avons
plus à rentrer dans la lutte, mais
nous avons à remplir notre rôle
d'historien, et c'est en cette qualité
que nous prions nos lecteurs et nos
correspondants de jeter les yeux sur
le prospectus imprimé à la huitième
page du présent numéro. Voilà désor-
mais notre réponse.

Quant au sort réservé aux tableau-
tins tant applaudis aux diverses expo-
sitions qui ont eu lieu en Belgique,
ce n'est pas à nous qu'il faut le de-
mander. Nous avons fait — et dans
la plus large mesure — notre devoir
vis à vis de l'art et vis à vis du pays.

Ad. S.

LE SALON DE BRUXELLES.
(deuxième article).
[1 y a une quinzaine d'années, Maxime Du
Camp, à propos du Salon de Paris, jetait un
cri d'alarme el annonçait l'invasion des bar-

bares, c'est-à-dire de l'étranger. « Garde à
toi, France, disait-il, la Belgique est à tes
portes et te menace.» Maxime Du Camp peut
se rassurer aujourd'hui, et, à notre tour,
de crier à la Belgique l'avertissement de
la sentinelle. Malheureusement il est trop
tard. L'étranger nous a envahis de telle
sorte que, si le Salon de Bruxelles de 187o
était pris pour moyenne de noire situation
artistique, il y aurait lieu de considérer
le présent comme bien entamé et l'avenir
comme bien compromis. En réalité, ayons le
courage et la prudence de le dire, la physio-
nomie de l'école belge au Salon de Bruxelles
est pitoyable et humiliante pour le pays, et, si
quelques noms sauveurs n'apparaissaient de
loin en loin, nous assisterions à un véritable
naufrage. Nous recueillons, en ce moment,
le fruit de nos divisions, car, si dans certains
cas,la lutte agrandit et fortifie les lutteurs, il
en est d'autres où elle les annihile et les fait
se perdre mutuellement dans l'outrance du
combat. Oui, il y eu chez nous des influen-
ces funestes venues decette France même qui
brûle aujourd'hui ce qu'elle avait jadis adoré,
de cette France qui nous arrive en ce mo-
ment avec cet appoint de qualités qui étaient
jadis les nôtres, de celte France, toujours à
la recherche inquiète et avide du nouveau et
qui le trouve actuellement dans le trésor de
l'art flamand, de cette France, voisine char-
mante et funeste qui, par l'organe de près de
deux cents de ses artistes, nous fait com-
prendre, avec une souveraine ironie, ce que
furent notre étourderie, notre erreur et notre
ingratitude vis-à-vis de nous-mêmes. Voilà
je ne sais combien d'années que nous faisons
tous nos efforts pour perdre, à la voix de
quelques orateurs personnels et spéculatifs,
les qualités inhérentes à notre essence et à
nos traditions, pour nous lancer à fond de
train dans des systèmes imprévus de hasard
et de circonstance, voilà de longues années
que nous nous attachons avec une sorte d'a-
charnement stupide à nous déformer à plaisir,
à nous contourner, à nous extraire en quel-
que sorte de nous-mêmes, pour nous accom-
moder au goût des autres, et de quels au-
tres! Nous avons menti à notre nationalité;
nous avons trahi notre foi et nos traditions;
nous nous sommes traînés à la suite de gens
qui n'ont ni nationalité, ni foi, ni convictions,
et le navire a sombré. Ma foi, c'est bien fait.'
 
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