Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
N° 13.

15 Juillet 1875.

Dix-septième ànnéë.

JOURNAL DES BEAUX-ART

ET DE LA LITTERATURE

paraissant deux fois par mois, sous Ja direction de M. Ad. S1RET, membre de l'Académie royale de Belgique, membre correspondant
de la Commission royale des monuments, membre de l'Institut des provinces de France, de la Société française d'Archéologie, etc.

ON S'ABONNK : à Anvers, chez TESSAEO, éditeur; à Bruxelles, chez DECQ et
DUHENT et chez MUQUARDT; à (iand, chez. HOSTEet chez KOGGHÉ; à Liège, chez DE SOEE
et chez DECQ : à Louvain, chez Ch. PEETERS ; dans les autres villes, chez tous les libraires. Pour
l'Allemagne, la Russie et l'Amérique : C. MUQUARDT. La France : DUSACQ et Cie, Paris. Pour
la Hollande : MARTINUS NYHOFF, à la Haye. — PEIX »'ABOJS^Î^rI^;]VIIC]^^a, :
pour toute la Belgique (port compris). Par an, 9 fr. — Etranger (port compris) : Allemagne, Angle-

terre, France, Hollande, Italie et Suisse, 12 fr. Pour les autres pays, même prix, le port en sus. —
PRIX T?_A.R JSTXJjMEilï O : 50 c. — EBCLAMES : 50 c. la ligne. — Pour les
grandes annonces on traite à forfait. — A.jSnSrOjS"C.ES : 40 c. la ligne. — Pour tout ce qu
regarde l'Administration ou les annonces s'adresser a l'Administration, rue du Progrès, 2S, à
St-Nicolas (Flandre orientale) ou à Louvain, rue Marie-Thérèse, 22. — 11 pourra être rendu compte
des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.

SOMMA'RE : Belgique : Bibli ographie : La Vie
urbaine. — Iconographie : Société des aquafor-
tistes. — Pensées et maximes. —■ Angleterre :
Correspondance particulière. — Allemagne : Cor-
respondance particulière. — Autriche : Corres
pondance particulière. — Chronique générale. —
Périodiques illustrés. — Annonces.

Bctqi

gupe.

BIBLIOGRAPHIE.
LA VIE URBAINE

de

M. ALFRED NICOLAS

(Second supplément au Congrès de Spa)
PAR JUSTIN ***
(Liège,Gnusé,édit.lS75,l v.in 13).

L'auteur du Congrès de Spa nous avait fait
espérer dans l'épilogue de son dernier livre
un nouveau supplément à ses récits humo
Astiques, une nouvelle réapparition de ses
chers personnages. Il a tenu parole : après
la Vie champêtre, il nous donne la Vie urbaine
de M. Alfred Nicolas. En caractérisant la
première de ces deux œuvres, nous disions
que notre spirituel écrivain n'avait rien
perdu de sa vigueur et de sa saine gaîté ; que
le feu sacré se conservait jusque sous les
glaces de l'âge et qu'il était beau de vieillir
ainsi avec toute la jeunesse de l'âme et la
maturité savoureuse de la raison armée de
l'esprit et du bon sens. Ce que nous disions
alors nous le redisons aujourd'hui. Et nous
y ajouterons le même vœu : c'est que la Vie
urbaine d'Alfred Nicolas ne soit pas un adieu
a la poésie, un adieu à la littérature, et que
Pendant bien des années encore nous puis-
sions goûter les fruits d'une si exquise cul-
ture, d'une si fine observation et d'une si
féconde retraite.

Jetons un rapide coup d'œil sur le nou-
veau volume de M. Grangagnage. Dans un
Prologue où il nous dit ce qu'il pense de
certains jugements de la presse sur le Con-
grès de Spa et la Vie champêtre de M. Alfred
Nicolas, l'auteur signale un fait d'une affli-
geante vérité : l'esprit de parti est le plus
grand fléau de notre littérature. Aucun n'a
de l'esprit que nous et nos amis. C'est entendu.
Soyez de notre bord, nous vous hisserons

sur le pavois. N'en soyez pas, nous vous
jetterons par terre, si nous pouvons. Vous
voulez être indépendant et n'obéir qu'à votre
conscience, c'est le moyen d'être tout à la
fois éloquent, original et honnête, mais vous
froissez ceux qui ont renoncé à la liberté de
leurs pensées pour épouser les doctrines et
les haines des partis. Quel que soit votre
talent, il est de mode qu'on vous censure.
C'est ainsi que dans notre pays on entend
la critique. Voyez du moins l'œuvre en elle-
même, et si elle est vivante, sachez le dire.
Rendez justice au talent. Libre à vous en-
suite de blâmer, selon vos préjugés ou vos
tendances, les principes de l'auteur. Seule-
ment prenez-y garde, pour ceux qui ne pen-
sent pas comme vous, ce blâme est un éloge.

Entrons maintenant dans la Viê urbaine.
11 faut du temps à M. Alfred Nicolas pour
se décider à quitter la vie champêtre. Quelle
ville choisira-t-il d'abord ? Grave question.
C'est la capitale qui aura ses préférences.
Mais notre poète s'est trop fait aimer dans
sa retraite rurale pour n'être point retenu
et assailli par les regrets du départ. N'est-il
pas pour ses voisins un bienfaiteur, un con-
seiller, un ami? Il est devenu juge de paix,
non comme ces avocats de village, fléaux
des campagnes, mais, selon la véritable
acception du mot, un pacificateur et un sage.
Un de ses voisins, très-amoureux de son or,
reçoit le conseil de voler ses héritiers!...

Voici venir la Saint Nicolas. Le poète est
dignement fêté. Les bouquets pleuvent autour
de lui, composés des fleurs qu'il aime, car
il aime les fleurs. Serait-il poète s'il ne les
aimait pas ? Mais en vertu même de ce
poétique amour, il fait la guerre aux savants
qui les déflorent par la barbarie de leurs
appellations scientifiques. De là des vers où
il s'en moque très-agréablement. La fête
du héros ne pouvait aller sans la wallonnade.
Celle-ci roule sur Godefroid de Bouillon.
Lisez-la : c'est très-français, mais c'est belge,
belge jusqu'à la moelle. Il est reçu chez nos
amis les flamingants que rien de national
ne peut s'écrire en Belgique, si ce n'est en
flamand, c'est-à-dire en. Néerlandais. Ils ne
refusent pas l'originalité aux wallons, mais
à la condition formelle d'écrire en ivallon.
La prétention est charmante ! Ainsi de ce
que la langue française nous est commune
avec la France, il s'en suit que l'âme belge

doit s'abdiquer ou se condamner à jargonner
en wallon. Lisez donc Justin ***, c'est-à-
dire Grangagnage, et dites si vous ne sentez
pas, avec l'accent même du terroir, vibrer
dans toute sa puissance la fibre patriotique.

Certes quand on se donne la mission de
travailler à l'éducation du peuple, c'est dans
sa langue qu'il faut écrire. Mais nos amis les
flamingants ne doivent pas oublier que les
Belges ont deux langues et qu'aucune de ces
langues ne leur appartient en propre, puis-
que la langue néerlandaise est aussi hol-
landaise que flamande, comme la langue
française est aussi belge que française.
J'ajoute que la langue française a cet im-
mense avantage qu'elle n'est étrangère à
aucun peuple en Europe. Ceci ne tient pas
avant tout aux conquêtes de la France dans
le passé, comme on le dit souvent, mais à ce
rare privilège d'exprimer surtout des idées
générales et des sentiments humains. Si donc
vous voulez, non pas écrire seulement pour
un petit peuple qui lit très-peu, mais pour
tous les peuples, mais pour l'humanité, et
si vous voulez que le nom belge, franchissant
nos frontières, fasse le tour du monde, évi-
demment c'est en français qu'il faut écrire.

Il nous est difficile d'être connus, même
à Paris, c'est vrai; mais tâchons de . bien
écrire et d'exprimer des idées neuves, et ce
qui est arrivé à Rousseau le genévois pourra
nous arriver à nous, tout Belges que nous
sommes. C'est une question de temps et de
circonstances, mais surtout de génie. Pour
tout dire enfin, la langue française nous ap-
partient par ses origines comme à la France,
puisqu'elle s'est formée du wallon, et elle
appartient à tous les peuples de race latine
puisqu'elle est née du latin. Qu'on cesse donc
de nous dire que nous parlons une langue
étrangère,et que nous sommes Français parce
que nous parlons français. N'eussions-r.ous
à vous opposer que l'auteur d'Alfred Nicolas,
c'est assez : vous ne lui ravirez pas la palme
du patriotisme. Les idées et les sentiments
qu'il exprime ne sont pas exclusivement
belges, non : ils intéressent tout le monde.
Avant d'être citoyen, on est homme, j'ima-
gine. — Il y a là, sur le duel, une lettre qu'il
faut lire. Elle est datée de 1836 et adressée à
Mittermaier, l'auteur des Archives du droit
criminel- Le magistrat-poète avait dès lors
des idées d'humanité qui porteront leurs
 
Annotationen