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N° 1.

15 Janvier 1875.

Dix-septième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTEEATÏÏRE

paraissant deux fois par mois, sous la direction de M. Ad. SIRET, membre de l'Académie royale de Belgique, membre correspondant
de la Commission royale des monuments, membre de l'Institut des provinces de France, de la Société française d'Archéologie, etc.

02$ S'ABONNE : à Anvers, chez TESSAEO, éditeur; à Bruiellcs, chez DECQ et
DURENT et chez MUQ.UARDT; à Gand, chez HOSTE et chez EOGGHÉ ; à Liège, chez DE SOEE
et chez DECQ .- à Louvain, chez Ch. PEETEKS ; dans les autres villes, chez tous les libraires. Pour
l'Allemagne, la Eussie et l'Amérique : C. MUQUAEDT. La Erance : V EENOUAEU, Paris. Pour
la Hollande : MARTIXUS NYHOFF, à la Haye. - PKIX D'ABONNEMIENT :
pour toute la Belgique (port compris). Par an, 9 fr. — Etranger (port compris) : Allemagne, Angle-

terre, Erance, Hollande, Italie et Suisse, 12 fr. Pour les autres pays, même prix, le port en sus. —
PRIX PAR NIj-MEEO : 55 c. - RECLAMES : 50 c. la ligne. -Pour les
grandes annonces on traite à forfait. — AJ-OTOiNrCES : 40 e. la ligne. — Pour tout ce qu
regarde l'Administration ou les annonces s'adresser à l'Administration, rue du Progrès, 28, à
St-Nicolas (Flandre orientale) ou à Louvain, rue Marie-Thérèse, 22. — Il pourra être rendu compte
des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.

SOMMAIRE : Belgique : Concours de gravure pour
1875. — L'art à l'étranger. Véronèse. — L'œuvre
de William Unger. — France : Correspondance
particulière. La dentelle. —Angleterre: Cor
respondance particulière. Valeur pécuniaire de
la galerie nationale de Londres. .— Chronique
générale. ■—■ Périodiques illustrés. — Annonces.

.(jicrue.

CONCOURS

de

GRAVURE A L'EAU-FORTE

ouvert pau le

Journal des Beadx-Arts en 1875.

L'Administration du Journal des Beaux-Arts
ouvre aujourd'hui, pour 1873, son concours
de gravure à l'eau-forte aux conditions sui-
vantes :

Une somme de MILLE FRANCS, qui, dans
aucun cas, ne sera dépassée, est alléctée aux
prix qui se divisent ainsi :

Histoire et genre.

Un premier prix de 300 FRANCS pour la
meilleure gravure à Feau-forte représentant,
soit un sujet inédit, soit une copie d'un ta-
bleau flamand ancien ou moderne.

A mérite égal, la préférence sera donnée au
sujet inédit.

Un second prix de 20QFR : et un troisième
prix de 100 FR : dans les mômes conditions

Paysages. - Intérieurs, etc.

Un premier prix de 200 FRANCS el deux
prix de 100 FRANCS chacun.

La dimension des cuivres ne pourra excé-
der, en hauteur : 260 millimètres, et, en lar-
geur, 190 millimètres. Dans cette limite, les
artistes sont libres d'assigner telles mesures
et telles formes qu'ils jugeront nécessaires, à
leur travail.

Les artistes couronnés dans les concours
précédents, ne peuvent prendre, part au con-
cours que nous ouvrons aujourd'hui qu'à la
condition de ne point remporter un prix égal
en rang à celui qu'ils auraient obtenu anté-
rieurement. Si l'ouverture du billet cacheté
amenait un cas semblable, le prix sera donné
à la planche venant après,dans l'ordre indiqué
par le jury.

Les artistes étrangers sont admis à concou-
rir s'ils ont un an de résidence dans le pays.

Les auteurs devront faire remettre leurs
cuivres, avec deux exemplaires, tirés, l'un

sur chine, l'autre sur papier blanc ordinaire,
à l'Administration du journal, rue Marie-
Thérèse, 22, Louvain, pour le 30 avril 1875
(Affranchir). Toute planche remise après cette
date ne pourra prendre part au concours. Les
auteurs ne pourront pas se faire connaître,
mais ils accompagneront leur envoi d'un billet
cacheté contenant leur nom et leur adresse.
Sur l'enveloppe ils indiqueront sommairement
et clairement le sujet de leur planche.

Les gravures couronnées seront la propriété
du Journal des Beaux-Arts qui s'engage à les
publier et à en remettre 25 Ex. d'artiste aux
auteurs. Les cuivres non couronnés seront
restitués.

Le rapport du jury sur le concours de 1874
a été publié dans le n° du 13 juillet 1874.

etudes sur l aet a l etranger.

PAUL VÉRONÈSE.

Il y a au Louvre une toile de Véronèse qui,
plus que toute autre, à mon sens, donne le
caractère et dit la grandeur de cet étonnant
improvisateur, pour qui l'art ne paraît qu'un
jeu.

Je ne parle pas de ses Noces de Cana. Il
s'agit d'une simple peinture décorative qui a
été longtemps l'un des plafonds de Ver-
sailles.

Le titre du tableau est Jupiter foudroyant
les vices. Véronèse l'avait peint pour la salle
où le conseil des Dix tenait ses séances.
Aussi, s'il faut s'en rapporter à Vasaiï, le
tableau serait-il une allégorie. Jupiter, c'est
le suprême tribunal des Dix qui est, dit Va-
sari, « le fléau des méchants. »

La figure de Jupiter occupe le haut du
tableau. Elle est dessinée dans une pose dont
l'audace aurait effrayé tout autre peintre que
Paul Véronèse. Jupiter ne se précipite pas
seulement sur les vices, il tombe littérale-
ment sur eux, — la tête en bas, — la foudre
à la main, — avec une violence qui, loin
d'être ridicule, est au contraire d'un carac-
tère merveilleusement noble et terrible. —
A la droite de Jupiter l'aigle traditionnel
plane, les ailes déployées.

Plus bas apparaît une sorte de génie ailé,
dont la faee est empreinte d'une suprême
sérénité, et qui tient dans ses mains un grand
livre. On peut croire que Véronèse, dans
cette figure, a personnifié l'Intelligence, —

L'Ignorance est représentée par une figure
d'homme qui se tord aux pieds du génie, et
dont la main serre convulsivement un feuillet
arraché du livre.

Un groupe qui symbolise sans doute la
Luxure, occupe le bas du tableau, à la gau-
che du spectateur. Il se compose d'un homme
et d'une femme qui se tiennent, en tombant,
étroitemeut embrassés. — Plus bas encore,
et du même côté, est l'Avarice, figurée par
un homme dontla main crispée laisse échap-
per des pièces d'or. — Ajoutez maintenant,
à droite, et sur le même plan, une dernière
figure dont nous n'avons pas réussi à pé-
nétrer le sens, —une figure de vieillard-
vue presque de dos et enchaînée. — Voilà le
tableau.

Toutes les figures sont nues, à part quel-
ques bouts de draperie par-ci par là. Elles
se renversent, se culbutent et roulent dans
les espaces célestes, entraînées par une
force invisible et invincible. Par leurs* pro-
portions colossales, elles rappellent les Ti-
tans^de la mythologie antique et les anges
déchus de la Bible. Enfin, elles se détachent
sur un ciel bleu qui sert de fond à cette
magnifique et effrayante dégringolade.

Pour rendre l'impression générale du ta-
bleau, il n'y a qu'un mot : — c'est l'épopée
dans la peinture. Ceci est simple, éclatant e*
grand comme une page d'Homère. Il n'est
personne qui n'ait admiré la pompe et la
magnificence de ces Noces de Cana, que je
nommais plus haut et où Véronèse a réuni
toutes les somptuosités de Venise, ses pa-
lais, ses seigneurs, ses artistes, ses esclaves.
Mais les Noces de Cana ont beau présenter
un spectacle éblouissant : la scène reste
dans le possible; elle est empruntée à la vie
réelle. — Dans le Jupiter foudroyant les vices,
Véronèse s'abandonne à l'élan superbe de
son imagination, et il parvient à se dépasser
lui-même. Il laisse bien loin, en dessous de
lui, ses Noces de Cana. Il y a entre le Jupiter
et les Noces toute la différence de niveau qui
sépare le style du roman de mœurs du style
de la poésie lyrique.

Pour vous faire une idée de l'aspect géné-
ral de la peinture, éloignez-vous, sortez du
salon carré et regardez le tableau du seuil de
la grande galerie de Rubens. Le Véronèse
éclate sur le mur comme une explosion de
lumière, Tout ce qui a le malheur de l'entou-
 
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