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N° 14.

31 Juillet 1875.

Dix-septième Annkk.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTERATURE

paraissant deux fois par mois, sous ia direclion de M. Ad. S1RET, membre de l'Académie royale de Belgique, membre correspondant
de la Commission royale des monuments, membre de l'Institut des provinces de France, de la Société française d'Archéologie, etc.

ON S'ABOKME : à Anvers, chez TESSAKO, éditeur; à Bruxelles, chez DECQ et
DUHENT et chez MUQDARDT ; à Oand, chez HOSTE et chez EOGGHÉ ; à Liège, chez DE SOEE
et chez DECQ ; à Louvain, chez Ch. PEETERS ; dans les autres villes, chez tous les libraires. Pour
1 Allemagne, la Russie et l'Amérique : C. MUQUARDT. La France : DTJSACQ et Cie, Paris. Pour
la Hollande : MARTINUS KYHOl'F, à la Haye. — PRIX DABONNIMKNT :
pour toute la Belgique (port compris). Par an, 9 fr. — Etranger (port compris) : Allemagne, Angle_

terre, France, Hollande, Italie et Suisse, 12 fr. Pour les autres pays, même prix, le port en sus. —
PEIX rjAR NITMÉKO : sOc.-KECLAMES : 50 c. la ligne. — Pour les
grandes annonces on traite à forfait. — A-JN~]NrOINrOii3S : 40 c. la ligne. — Pour tout ce qu
regarde l'Administration ou les annonces s'adresser à l'Administration, rue du Progrès, 2S, a
St-Nicolas (Flandre orientale) ou à Louvain, rue Marie-Thérèse, 22. — 11 pourra être rendu compte
des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.

SOMMA'KE : Belgique : Architecture. Histoire :
Arabeschi etgroteschi—Bibliographie. Nouveaux
mélanges d'archéologie du P. Cahier. — Pensées et
maximes. — France : Correspondance particu
lière : Eglise de Normanville. ■— Chronique géné-
rale. — Périodiques illustrés. — Nécrologie. ■—
Annonces.

Belgique.

ARABESCHI " E GROTESCH1.

origine gréco-romaine. — éléments raphaêles-
ques. — l'arabesque hispanique du style
plateresco. — les GROTESC111 flamands.
cartouches, cuirs, compartiments, diagram-
mes, caricatures.

Le genre arabesque ou grotesque a joué un
rôle considérable dans l'esthétique de l'art
du Cinque-centô.

Les incarnations opulentes de ses élé
ments, les nuances infinies de ses interpré-
tations, les variantes inépuisables de ses
pastiches, suffisent pour caractériser non-
seulement la nationalité de toute œuvre
peinte, sculptée ou bâtie, mais encore l'in-
dividualisme des maîtres, les tendances par-
ticulières des ateliers, l'originalité des écoles
fameuses de la Renaissance.

Jamais veine décorative ne fut exploitée
avec plus de bonheur et de talent par les
artistes, n'obtint un plus éclatant et plus
durable succès de la part du public.

Depuis le siècle de Léon X, l'engouement
resta universel pour les grotesques; leur
vogue, vingt fois rajeunie, se maintint jus-
qu'à l'époque Louis XVI et résista à l'in-
fluence dissolvante de Part poncif du temps
de Bonaparte. L'arabesque fournit aux diffé-
rentes périodes de la Renaissance une source
inépuisable de thèmes et se voit encore
cultivée avec honneur de notre temps.

Ludius. peintre romain cité par Pline,
exécuta le premier, du temps d'Auguste,
cette espèce de peinture qui excitait au plus
baut point l'animadversion de Vilruve. Si
l'on en juge par les panneaux à fresque ex-
humés des ruines d'Herculanum et de Pom
Peïa, colonies helléniques, ce genre ne fut
pas inconnu au beau temps de l'art grec.

La renommée de ces fantaisies, dont on
connaissait des fragments, avait déjà com-
mencé au xv° siècle; le dominicain Fran-

cesco Colonna, au chapitre X de son Hyp-
nerotomacliia, écrit en 1467, faisant la
description du palais où la reine des nym-
phes donne audience à Poliphile sujet
traité par Le Sueur — dit que «les murail-
les étaient décorées d'arabesques composées
de rinceaux de feuillage, de fleurs et d'oi-
seaux.» Les artistes de'l'époque primordiale
de la Renaissance pratiquaient donc le «gro-
tesque ou rustique, » mais ce genre ne joua
que plus tard, dans l'architecture et la déco
ration, le rôle important qu'il conserva
jusqu'à la fin du xvin0 siècle.

Depuis Raphaël, Nicoletlo de Modènê,
Énée Vico, Augustin Vénitien. Andréa di
Cosiino, qui décora la Casa de la Via Maggio
à Florence , Bernardo Pocetti, dont l'incom-
parable verve couvrit de compositions gro-
tesques la Casa di Brogo S. Croee et le
Pulazzo Ramirez di Moltano dans la même
ville, Polidore de Caravage qui peignit la
façade du palais de la Maschera oVOro et
Matuino auquel on doit les sgrajjiti de la
maison à boutiques Via San Lucia à Rome,
jusqu'au recueil publiéenl789 à Florence par
Carlo Lasinio,l'arabesque italienne,même aux
jours de décadence, où elle tomba dans les
fantasmagories qui décorent les majoliques
du style Pellame, conserva un type distinct,
facilement reconnaissable, essentiellement
national.

*

Sous le pontificat de Léon X, on découvrit
parmi les imposantes ruines des Thermes
de Titus, quelques chambres peintes de
petites figures et de rinceaux dont les idées
étaient si heureuses, si variées, si fertiles et
si bien raisonnées,qu'elles fixèrent l'attention
de tous les artistes. Ces chambres étaient
sous terre, couvertes soit des débris d'autres
monuments ruinés, soit enfouies par l'ex-
haussement séculaire du sol ; on les consi-
déra donc, au début, comme des souterrains
ou grottes et le genre fut appelé Grotesco
en souvenir des lieux où il fut découvert.
Les'alleinands nommèrent ces peintures Raf
jaellesche du nom de l'artiste génial qui lus
fondit dans sa manière.

Plusieurs parties du Vatican, entre autres
les Loggia, qui bordent la cour de Saint-
Damase, étaient restées imparfaites par la
mort de Bramante. Léon X chargea Raphaël
de les terminer. Aidé de Jean d'Udine, de

Jules Romain, de Perino del Vaga, de Poli-
dore de Caravage, de Jean-François de Bo-
logne, de Pelegrino de Modène et d'autres
élèves, il entreprit de décorer les quatorze
pilastres.

Tout le monde connaît, au moins par les
nombreuses estampes qui en existent, les
arabesques et les stucs du Vatican.

Les Groteschi sont avant tout, pensés,
raisonnés, symboliques. C'est un distique
d'Ovide, un rébus, un hiéroglyphe charmant
dont l'artiste laisse l'interprétation à la
sagacité du spectateur versé dans la con-
naissance de la mythologie et des poètes.
Polymnie la camène et Églé la grâce, s'en-
lacent aux rinceaux de fucus versicolore et
d'algues verdoyantes à réveillons de corail,
sous lesquels se tapissent cauteleusement
la sirène Thelxiépie et sa sœur l'harmonieure
Molpo. Jeunes satyres et vieux silènes, toute
la troupe dansante des asgipans, ondule en-
lacée aux nymphes uraniennes ou épigées.
Les iklhuocentaures lutinent les limnandes
et les potamides ; les tritons de Glaucus
servent de monture aux océanides et aux
naïades. De souples anguipèdes surprennent
en rampant sous les grottes classiques de
Tempé, les corycides et les hamadryades
endormies. Panisques, faunisques et syl-
vains, au son du cistre et au crépitement
des crotales, mènent les pétulants ébats des
oréades et des napées. Chiron le centaure
poursuit sans l'atteindre Philyre, la femme
cavale aimée de Neptune, tandis qu'un
gi'oupe de vaillantes amazones glissent leurs
bras blancs dans les énarmes du pelte et,
brandissant le javelot, s'apprêtent à suivre
au combat la reine Penthésilée.

La gracieuse arabesque, pour varier l'en-
chantement de nos yeux par le piquant con-
traste de l'impression tragique, devient
parfois farouche et funèbre. Des minéides,
chauves-souris au visage de vierge, étendent
leurs ailes noires sur les perspectives d'édi-
cules d'argent, aux colonnettes fuselées,
graciles supports d'une aérienne coupole
d'azur. Sambithée la sybille interroge d'un
œil inquiet Lachésis la parque. Les redou-
tables Phorcides, Enyo la grée et Méduse la
gorgone, hagardes, échevelées, forment
pendant à Mégère la furie et à Sthénélée la
danaïde.

Parfois des scènes dramatiques viennent
 
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