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15 Novembre 1875.

Dix-septième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTERATURE

paraissant deux fois par mois, sous la direction de M. Ad. S1RET, membre de TAcadémie royale de Belgique, membre correspondant
de la Commission royale des monuments, membre de l'Institut des provinces de France, de la Société française d'Archéologie, etc.

OUST S'ABONNK : à Anvers, chez TESSAEO, éditeur; à Bruxelles, chez DECQ et
DUHENT et chez MUQUARDT; à Gand, chez HOSTE et chez KOGGHÉ; à Liège, chez DE SOEK
et chez DECQ : à Louvain, chez Ch. PEETERS ; dans les autres villes, chez tous les libraires. Pour
l'Allemagne, la Russie et l'Amérique : C. MUQUARDT. La France : DUSACQ et Cie, Paris. Pour
la Hollande : MARTINUS NYHOFF, à la Haye. — PEIX J3'^.BONjSTIC]MB;]S"T :
pour toute la Belgique (port compris). Par an, 9 fr. — Etranger (port compris) : Allemagne, Angle-

terre, France, Hollande, Italie et Suisse, 12 fr. Pour les autres pays, même pris, le port en sus. —
PEIX IPAPi NUMERO : 60 c. — EECLAMES : 60 c. la ligne. — Pour les
grandes annonces on traite à forfait. — .AJNrNOjSTCES : 40 c. la ligne. — Pour tout ce qui
regarde l'Administration ou les annonces s'adresser à l'Administration, rue du Progrès, 28, à
St-Nicolas (Flandre orientale) ou à Louvain, rue Marie-Thérèse, 22. — Il pourra être rendu compte
des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.

SOMMAIRE : Belgique : Lettre de M. Gênant au
sujet de Rubens. — Exposition à Anvers au profit
des inondés du Midi. — Le Salon de Bruxelles. —
Michelangiolo Buonairotti. — Chronique géné-
rale. — Avis. — Annonces.

Belgiq-

ue.

Anvers, le 29 octobre 1875.

A m. Adolphe Siret, Directeur du Journal des
Beaux Arts.

Mon cher directeur,

L'Italie vient de célébrer le 400° anniver-
saire de la naissance d'un de ses plus grands
artistes : Michel Angelo Buonarrotti.

A son tour la Belgique pourra, dans un
an et demi, fêter le 3Ô0U anniversaire de la
naissance du plus grand peintre de l'école
flamande : Pierre-Paul Rubens.

Vous le savez, la tradition veut que Ru-
bens naquit le 29 juin 1577, jour de la fêle
des SS. Pierre et Paul ; mais M. B. du Mor-
tier fait remarquer avec beaucoup de saga-
cité qu'il résulte de la déclaration même du
grand peintre, confirmée plus tard par
l'inscription composée par le greffier Gaspar
Gevartius, que Rubens avait vu le jour dans
le courant du mois de mai de la même année.

M. du Mortier, dans ses deux brochures
intitulées : Recherches et Nouvelles recherches
sur le lieu de naissance de P. P. Rubens,
publiées en 1861 et 1862, persiste à affirmer
que la ville d'Anvers est la patrie du chef de
notre école qui, lors même qu'il eût vu le
jour à l'étranger, n'en appartiendrait pas
moins entièrement à notre pays.

M. du Mortier, après avoir réfuté les opi-
nions émises tour à tour par feu M. Back-
huizen-Van den Brinck et par M. Ennen —
écrivains qui prétendaient, le premier, que
Rubens naquit à Siegen, le second qu'il vit le
jour à Cologne — résume de la manière sui-
vante les arguments produits én faveur des
droits de la ville d'Anvers.

I.

«L'épitaphe de P. P. Rubens par son ami
Gevartius, prouve, dit M. du Mortier, que
notre grand peintre est né, non le 27 juin
1577, comme on le dit erronément, mais
avant le 30 mai 1577, et la lettre de Rubens
à Geldorp (Recherches, p. 73;, montre qu'il
est né en mai 1577 (Nouvelles rech., p. 5). Ce
fait est reconnu par MM. Ennen et Back-
huyzen (Nouv. rech., p. 18j. 11 s'agit donc de
savoir où résidait Marie Pypelinckx, sa mère,
à l'éqoque de ses couches, en mai 1577.

II.

« Par procuration authentique du 26 avril
1577, Jean Rubens, interné à Siegen, députe
Marie Pypelinckx, son épouse, grosse de

8 mois (deputavit Mariam Pypelinck) pour
aller aux Pays-Bas, rentrer en possession
des biens qui lui étaient rendus par la paci-
fication de Gand et de l'Edit de Marche-en-
Famenne, du 12 février 1577 (Rech. pp. 34
et 77 et Nouv. rech. p. 24). Marie Pypelinckx
part donc pour les Pays-Bas à la veille de
ses couches.

III.

» Marie Pypelinckx, de retour à Siegen dit,
dans sa lettre du 14 juin 1577 au comte Jean
de Nassau, qu'elle a eu récemment une
entrevue avec le Prince d'Orange pour sol-
liciter la grâce de son mari, et Clara Pype-
linckx, sa mère, ajoute que malgré son grand
âge, son indisposition et les difficultés du
chemin, elle a entrepris le voyage de Siegen,
pour appuyer la demande de sa fille (Nouv.
rech. pp. 38 et 58). Or, les faits authentiques
accumulés, établissent que le prince d'Orange
n'a pas quitté les Pays-Bas, durant le mois
de mai et de juin 1577 vNouv rech. p. 35).
Donc Marie Pypelinckx était en Belgique à
l'époque de ses couches et son fils Pierre
Paul y est né.

IV.

» C'est ce que prouvent les hautes fonc-
tions politiques dont Rubens fut investi
(Rech. pp. 56 et 82), sans que jamais aucune
réclamation ait été soulevée au sujet de sa
naturalité (Nouv. rech. p. 30). Le fait de sa
naissance en Belgique était donc de noto-
riété publique.

V.

» Quant au lieu de naissance de P. P. Ru-
bens, l'acte de notoriété du Sénat d'Anvers
cité par J. Brant (Rech. pp. 53 et 80) porte
que tous les frères et les sœurs de Philippe
Rubens, et par conséquent Pierre-Paul, sont
nés à Anvers, ubi fratres sorores, uterque
parens hune aerem primum hausere (Rech.
p. 53). Cette déclaration est confirmée par
l'acte de Charles I portant que Pierre-Paul
Rubens est natif d'Anvers : Urbe Antverpia
oriundus. (Rech. pp. 55 et 80 ; Nouv. rech.
p. 41). Voilà comment P. P. Rubens est né
à Anvers, quand son père était interné à
Siegen, et pourquoi il se qualifie toujours
lui même A'Antverpiensis. »

Il faut le dire à l'honneur de M. du Mor-
tier, les arguments du savant tournaisien
n'ont, jusqu'à présent, pas été réfutés. Loin
de là : il résulte d'un grand nombre de do-
cuments que j'ai découverts dans plusieurs
dépôts publics et dans des collectious parti-
culières, que la mère de Rubens doit avoir
été à Anvers vers l'époque de la naissance
du grand peintre. J'aurai l'honneur, mon
cher directeur, de communiquer ces pièces

in extenso à l'Académie royale de Belgique ;
vous me permettrez d'en extraire quelques
dates qui se rapportent à la question en li-
tige.

Ainsi que M. du Mortier l'a fait remarquer,
Jean Rubens signa, le 26 avril 1577, la pro-
curation, base de son argumentation. Or,
d'après les comptes de la ville d'Anvers,
notre ancien échevin avait une rente au
montant de 75 livres, dont, à cette époque,
la réduction obligatoire n'avait pas encore
été faite depuis le" sac de la ville en novem-
bre 1576. Le paiement de cette rente se
faisait le 27 juin et le 27 décembre de chaque
année. Il est donc de toute probabilité, que
Marie Pypelinckx se rendit à Anvers avant
l'époque' de la première de ces échéan-
ces, pour régler toutes les questions relati-
ves à la réduction, en même temps que
celles qui se rapportaient aux biens rendus
à son mari à la suite de la pacification de
Gand et de l'Edit de Marche-en-Famenne.

Toutefois le paiement de l'intérêt ne se fit
pas immédiatement après; l'état des rentes
de la ville prouve que l'obligation inscrite au
nom de Jean Rubens fut réduite à 45 livres et
que l'intérêt échu le 27 décembre 1576 et le
27 juin 1577, ne fut payé que le 2 septem-
bre 1579 à certain Guillaume Van de Venne.

Marie Pypelinckx vint à Anvers le 15 jan-
vier 1580, pour percevoir elle-même l'inté-
rêt échu le 27 juin 1578. Elle remit la
quittance de l'année d'intérêt échue le
27 juin 1579 à Pierre Panhuys en paiement
d'un compte de vins et de sucre. Panhuys
présenta la quittance au receveur de la ville
le 17 mars 1580. Je conserve aux archives
les pièces originales signées de la main
de la mère du grand peintre.

Un autre motif peut avoir exigé en 1577
la présence de Marie Pypelinckx à Anvers :
la succession de Jean de Landmeter et de
Barbe Arents, à laquelle se rapporte un acte
du 26 août 1576. Il est même très probable
qu'à cette dernière date, Marie Pypelinckx
se trouva également à Anvers.

A ce propos, je crois devoir signaler de
nouveau le testament de la mère de Rubens,
signé à Siegen le 1 juin 1576, pièce conser-
vée aujourd'hui aux archives d'Anvers ; elle a
été publiée dans le Bulletin des Archives
t. II, p. 294.

Heureux d'avoir appelé l'attention du pu-
blic sur une des dates les plus importantes
de notre histoire artistique, je vous pré-
sente, mon cher directeur, l'expression de
mon entier dévouement.

P. Génard.
 
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