Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
N° 19.

15 Octobre 1875.

Dix-septième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE

paraissant deux fois par mois, sous la direction de M. Ad. SIRET, membre de l'Académie royale de Belgique, membre correspondant
de la Commission royale des monuments, membre de l'Institut des provinces de France, de la Société française d'Archéologie, etc.

OUST S'ABONNE : à Anvers, chez TESSAEO, éditeur; à Bruxelles, chez BECQ et
DUHENT et chez MUQUARDT; à Gand, chez HOSTE et chez EOGGHÉ ; à Liège, chez DE SOEE
et chez DECQ à Louvain, chez Ch. PEETEES ; dans les autres villes, chez tous les Horaires. Pour
l'Allemagne, la Eussie et l'Amérique : C. MUQUAEDT. La France : DTJSACQ et Cie, Paris. Pour
la Hollande : MAETINUS NYHOFF, à la Haye. — PRIX r>'AB03SrNÏCMICN"T :
pour toute la Belgique (port compris). Par an, 9 fr. — Etranger (port compris) : Allemagne, Angle-

terre, France, Hollande, Italie et Suisse, 12 fr. Pour les antres pays, même prii, le port en sus. —
prix l'^Vll jNT TJMÉRO : 60 c. — RECLAMES : 60 c. la ligne. — Pour les
grandes annonces on traite à forfait. -ANNONCES : 40 c. la ligne. — Pour tout ce qui
regarde l'Administration ou les annonces s'adresser à l'Administration, rue du Progrès, 28, à
St-Nicolas (Flandre orientale) ou à Louvain, rue Marie-Thérèse, 22. — Il pourra être rendu compte
des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.

SOMMAIRE : Belgique : Album de 1875. — La
Madone de Michel-Ange à Bruges. — Salon de
Bruxelles. —- Bibliographie : Les épines, par
Mlle E. Coeckelbergh. — Ekahce : Correspon-
dance particulière. — Allemagne : Corresp. par-
ticulière. Quelques mots sur la collection Minutoli.
— Chronique générale. — Annonces.

Belgique.
ALBUM DE 1875.

Nous annonçons la très prochaine distribution de
notre Album de 1875, composé de dix eaux-fortes
inédites, dont cinq ont été couronnées à notre
concours annuel (voir le rapport du jury inséré dans
le no 11 de la présente année).

Les cinq autres planches sont publiées hors con-
cours. Une de ces planches attirera l'attention des
amateurs, c'est le portrait de Léopold Flameng,
supérieurement gravé par lui-même d'après le por-
trait peint par son fils. Nous devons la faveur d'offrir
cette planche à nos abonnés à cette circonstance,
qu'uni par les liens d'une vieille amitié avec le célèbre
artiste, nous avons cru pouvoir lui demander de po-
pulariser ses traits dans le pays où il a obtenu ses
premiers succès. Notre demande a été gracieusement,
et, disons-le, splendidement accueillie. Nous en re-
mercions publiquement le populaire auteur de tant
de chefs-d'œuvre si universellement recherchés et
que la Belgique n'a pas été la dernière à applaudir.

LA MADONE DE MICHEL-ANGE
A BRUGES 11).

M. Ch. Noé nous fait remarquer à propos
de la discussion qui s'est élevée au sujet de
l'authenticité de la Madone de Bruges attribuée
à Michel-Ange, qu'un document publié dix
ans avant la mort du grand sculpteur, constate
cette authenticité. En etfet, on lit dans l'ou-
vrage de Van Vaernewyck un passage écrit en
flamand et d'où il résulte que la statue est bien
de Michel-Ange. Voici le passage du livre de
Van Vaernewyck.

« Ende in onzer liever Vrouwen kercke is
oock een mar1enbeelde yak witten marmor,
alsoo groot als tleven, guedaen by die zeeiï
constige handt van mlchael angeles, bona-
rotus van florencen, ende is van boomen met
groote costen ghehaelï en betaelt, met
schattet op bet van ihi duyzent guldenen,
sonder de costen die daer nog aenghehangen
worden, van xii parcken van onservrouwen :
daermede dat dit stick in een over costelicke
tafel becleet sal worden, die m en meent dat
vi ponden grooten costen zal, waer af meester
jan d'heere te Ghendt den patroon geordineert
ende meester lucas zyn z00n gheteekent

heeft. »

(1) Au moment où nous mettons sous presse, nous
recevons l'Art universel qui contient un article sur le
même sujet. Notre traduction diffère avec celle donnée
par l'Art sur quelques points qui laissent à désirer,
comme clarté, dans l'original.

Traduction. «... Et dans l'église de
Notre-Dame se trouve aussi une image de
la vierge, de marrre blanc et de grandeur
naturelle , faite de la main habile de
Michel-Ange Bonarotus, de Florence. Elle
est venue de Rome a grands frais et payée
environ quatre mille florins sans les frais
qui doivent encore être faits pour xii com-
partiments {contenant des épisodes) de N.-D.
Cette pièce formera ainsi un retable (?) in-
finiment précieux ; on croit qu'elle coutera
vi livres de gros ; jan d'hEERE de G.\nd a
ordonné le plan et c'est LuCAS son fils qui
a fait le dessin (l). »

On le voit, ce passage du vieil historien
gantois ne laisse aucun doute sur l'authenti-
cité de la statue de Michel-Ange et la discus-
sion peut être considérée comme terminée.

L'extrait que nous venons de citer parle
d'un rétable précieux qui aurait dû être exé-
cuté par les D'Heere. Sans doute ce projet ne
fut pas réalisé ou bien l'œuvre aura disparu. Le
Guide de Bruges de M. Weale (1862) qui émet
l'idée que la statue est faussement attribuée à
Michel Ange, ne nous dit rien qui puisse nous
éclairer sur le rétable en question.

L'ouvrage de Marcus Van Vaernewyck d'où
le passage cité est extrait, porte pour titre :
Historié van Belgis die men anders namen
mach : den Spieghel der Nederlantscher audt-
heyt etc. La première édition de ce livre parut
à Gand en 1560. D'autres lui succédèrent.
Celle à laquelle nous empruntons notre cita-
tion est de 1574. Une édition moderne parut
en 1829 chez Vander Haeghen à Gand, mais
elle a été abrégée et le passage concernant le
rétable n'y figure pas. Ad. S.

LE SALON DE BRUXELLES.

{Quatrième article).

De Gebhardt, Portrait d'un vieillard. Chef-
d'œuvre d'exécution et de sentiment devant
lequel on s'arrête avec un véritable bonheur.
Jamais l'idée et la matière ne se sont mieux
comprises l'une l'autre et ne se sont mieux
fondues dans une harmonie commune. Il faut
recommander ce magnifique exemple à nos
portraitistes de Belgique et notamment à
M. VanHavermaet qui, parla comparaison de
ses méticulosités avec la largeur de Gebhardt,
parviendra peut-être à se corriger de sa re-
cherche de l'infiniment exact dans la peti-
tesse. — Rougkron. Une Querelle, gracieux
motif et gracieuse peinture, mais pourquoi
ces dimensions si fortes pour un sujet que
la plus simple logique devait réduire à des
proportions de tableau de chevalet. Passe
pour les lutteurs de Falguière, mais une
jolie femme couchée, de rose vêtue et qui

(1) M. Ed. De Russcher a publié sur la famille D'Heere
une monographie du plus vif intérêt.

lutine un perroquet! Pas n'était besoin pour
prouver le talent de M. Rougeron de nous
représenter cela de grandeur naturelle. —
Schlesinger. Le Colombier ; rien de gracieux
et de fin comme le sourire de cette jeune
lille, sourire compromettant peut-être pour
le degré de son instruction, mais n'ou-
blions pas qu'elle pense à huis-clos. Ce qui
nuit à l'effet du tableau de Schlesinger, c'est
le ton de la brique qui entoure ce frais visage
et le trop grand développement donné aux
accessoires. Mais c'est égal, ce doux et délicat
minois a des qualités d'attraction à nulles
autres pareilles. La peinture aussi est fraîche
et riante sans exclure cependant un certain
degré de force. — Biscara. Othello, peinture
violente à l'excès et par cela même désagréa-
ble à regarder. Les types ont peut-être de la
valeur, mais la violence du coloris arrête,
l'analyse. MM. Tschoumakoff et Volingsby ont
exposé l'un une Charlotte Corday et deux
tableaux de mœurs russes qui ont des qua-
lités peut-être un peu vieillottes mais enfin
que l'on apprécie ; l'autre une Jane Grey
assez estimable.

Fidèle à la marche fantaisiste que j'ai
adoptée, je reviens à quelques belges que je
rencontre sur ma route et dont les compo-
sitions peuvent être rangées, à cause de leur
caractère, dans ce compromis de convention
où la peinture d'histoire et celle de genre
doivent se rencontrer. Ce n'est pas toujours
le sujet qui détermine d'une manière absolue
le classement d'un tableau dans une de ces
deux catégories, c'est ce je ne sais quoi
d'austère et de convaincu donnant à l'œuvre
l'importance qui la fait admettre au rang
le plus élevé de la hiérarchie méthodique
adoptée par les traditions.

M Théodore Gérard, qui devient .de plus
en plus maître de lui-même, nous présente
deux œuvres traitées avec une rare intel-
ligence et brossées avec cette sûreté de
main qu'on retrouve chez les talents vrai-
ment supérieurs. Ses sujets généralement
empreints d'un cachet alsacien, ont toujours
de la grâce, du sentiment et de la bonhomie.
Ses types de femme ont une élégance sim-
ple et naturelle, leurs physionomies respirent
la franchise, la sérénité et le bonheur; on
y suit une intention nette et franche. Rien
d'outré ni même d'exagéré dans le choix de
ses sujets : un baptême, une fête de famille,
des jeux d'enfants, et voilà tout. Thèmes usés
mais que M. Th. Gérard sait rafraîchir avec
un tact exquis. Je remarque aussi un énorme
progrès dans sa pratique : Une couleur plus
uniforme, plus harmonieuse et plus claire,
en sommera remplacé la coloration un peu
tranchante de sa première manière ; le des-
sin a également progressé, il semble, en
vérité, que ce soit un nouveau lutteur qui
nous arrive aujourd'hui et qui pour son coup
 
Annotationen