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N° 7.

15 Avril 1875.

Dix-septième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE Ui A LITTERATURE

paraissant deux fois par mois, sous la direction de M. Ad. S1RET, membre de l'Académie royale de Belgique, membre correspondant
de la Commission royale des monuments, membre de l'Institut des provinces de France, de la Société française d'Archéologie, etc.

ON S'ABONNE! : à Anvers, chez TESSAKO, éditeur; à Bruxelles, chez DECQet
DUHENT et chez MUQUAKDT; à Uarid, chez HOSTE et chez EOOGHÉ ; à Liège, chez DE SOEll
et chez DECQ ; à Louvain, chez Cn. PEETEES ; dans les autres villes, chez tous les libraires. Pour
l'Allemagne, la Russie et l'Amérique : C. MUQUAKDT. La France : DUSACQ et Cie, l'aris. Pour
la Hollande : MAKTINUS NYHOFF, à la Haye. — PRIX D'ABONiXKMIÏfT :
pour toute la Belgique (port compris). Par an, 9 fr. — Etranger (port compris) : Allemagne, Angle-

terre, France, Hollande, Italie et Suisse, 12 fr. Pour les autres pays, môme prix, le port en sus. —
PRIX PAE NUMÉRO : 50 o. — RECLAMES : 50 c. la ligne. — Pour les
grandes annonces on traite à forfait. —ANNONCES : 40 c. la ligne. — Pour tout ce qu
regarde l'Administration ou les annonces s'adresser à l'Administration, rue du Progrès, 28, à
St-Nicolas (Flandre orientale) ou à Louvain, rue Marie-Thérèse, 22. — Il pourra être rendu compte
des ouvrages dont un exemplaire sera adressé a la rédaction.

SOMMAIRE : Belgique : Concours de gravure. —.
L'Enfant de Bruges. — France : Correspondance
particulière de Paris. — Chronique géuérale. —
Périodiques illustrés. — Annonces.

Belgique.
CONCOURS

de

GRAVURE A L'EAU-FORTE

OUVEUT PAlt lE

Journal des Reaux-Arts pour 1875.

Nous rappelons a qui de droit que le terme
fatal- du Concours que nous avons ouvert
expire le 30 avril courant. Les planches de-
vront être expédiées franco aux bureaux de
l'Administration du Journal, à Louvain, rue
Marie-Thérèse, n° 22. (Voir le programme
dans les n°° l et 3 de la présente année).

L'ENFANT DE BRUGES.

Le dernier numéro du Journal des Beaux-
4rtsaparu.le 2 avril. Datée de Bruges,, du S,
publiée dans Y Echo du Parlement du 5 et
reçue par moi le 6 avril, la lettre suivante
m'a été adressée par M. Victor Van Hove :

Rruges, le 5 avril 1875

Monsieur.

Dans le dernier numéro du Juumal des Beaux-Arts,
et à propos de l'enfant de M. Van de Kerkhove, vous
diles qu'à la dernière exposition de Gand, je vous au-
rais dit que les deux petits paysages exposés sous le
nom de cet enfant, était très bien, que c'était un enfant
génial, etc , etc.

Cette dernière expression ronflante n'est pas de moi.
Voici comment la chose s'est passée. Nous étions réunis
à trois, Van de Kerkhove, vous et moi, devant les pe-
tits tableaux ; Van de Kerkhove m'a alors interpellé
me demandant si j'avais vu peindre son enfant et j'ai
répondu affirmativement. Oui , monsieur, je l'ai vu
peindre, et, comme je l'ai dit à M. Rousseau lors de sa
visite chez moi, je l'ai vu remplir par des teintes plates
de terre de Sienne pure les intervalles laissés entre
des contours dessinés pur son père. D'ailleurs la dou-
leur que lui causait la mort de son enfant était si
navrante, que je l'approuvais dans tout ce qu'il disait de
son enfant, croyant par là le consoler. J'ai eu tort de
me laisser impressionner à ce point et il aurait beau-
coup mieux valu pour lui et pour moi, ne pns l'encou-
rager dans cette folie.

Je ne pouvais prévoir alors le bruit considérable que
vous alliez faire, par la suite, de cette affaire.

Je n'ai jamais vu faire de paysages par |e flls de
M Van de Kerkhove; j'ai terminé ch.-z lui un tableau
que je lui avais cédé contre des tableaux anciens et des
antiquités. Ce travail a duré trois à quatre semaines,
et pendant ce laps de temps M Van de Kerkhove a fait

pour ainsi dire sous mes yeux 40 à 50 petits paysages
de la même grandeur et ressemblant identiquement
aux petits tableaux exposés au Cercle, à Rru.xelles. A
cette époque l'enfant était mort depuis sept à huit mois.

Jamais je n'aurais parlé de cette affaire si vous ne
lui aviez donné l'extension exagérée que l'on connaît,
mais devant tout ce bruit j'ai cru de mou devoir de dire
à mes amis ce que je savais à ce sujet.

J'ai tardé autant que j'ai pu de me mêler publique-
ment de tout cela et je sais de bonne part que vous avez
été très étonné de ne pas voir un certificat signé de
moi parmi ceux recueillis à Bruges par M. Van de
Kerkhove. Malgré les meilleures relations que j'avais
avec lui et la plus sincère amitié, je ne puis pourtant
pas dire ce que je ne pense pas.

Je vous préviens, monsieur, que c'est tout ce que
j'ai à dire à ce sujet, et que dorénavant je ne répondrai
plus un seul mot aux insinuations les plus malveillan-
tes, pns plus que je n'ai répondu à la lettre ordurière
dont m'a gratifié M. Van de Kerkhove il y a trois à
quatre jours.

Veuillez insérer la présente dans votre plus prochain
numéro et recevoir mes civilités.

V. Van Hove.

Je n'ai absolument rien a changer à ma
version, que, du reste, l'auteur de la lettre
ne contredit pas. Je la maintiens donc pour
exacte en lésant remarquer que, dans la con-
versation rappelée, je n'ai point attribué
à mon correspondant la «ronflante expression
d'enfant génial.» Il aura mal lu. Il fait égale-
ment erreur lorsqu'il avance que c'est devant
M. Van de Kerkhove qu'il a approuvé tout ce
que celui-ci disait de son enfant. C'est à moi,
et à moi seul qu'il a dit ce que j'ai écrit dans
mon article. Par discrétion je n'eusse pas
interrogé qui que ce fût sur l'enfant devant
le père et personne n'eût agi de cette façon.
C'est de convenance élémentaire. Ensuite,
pour rendre hommage à la vérité, je dois
dire que la douleur du père n'avait plus ce
cachet navrant que lui prête l'auteur de la
lettre. L'enfant était mort depuis treize mois
et le chagrin du père était devenu celui d'un
homme fort, raisonnable et résigné. Je n'ai
absolument rien vu qui aurait obligé mon
correspondant à se laisser impressionner de
la sorte, surtout dans les moments où
M. Van de Kerkhove n'était pas présent.

Je n'ai jamais songé à faire un bruit con-
sidérable autour de cette affaire. Ce bruit,
on sait d'où il est venu. Mon correspondant
voudra bien remarquer qu'en supposant que
sa déclaration fût «le coup de grâce» pour
M. Van de Kerkhove, il aurait pu, en parlant
il y a six mois, épargner à celui-ci «la tor-
ture» qu'on lui fait subir avec des raffine-
ments vraiment indignes.

Je m'y perds : j'ai là, dans plus de quarante
lettres, tant de citations qui prouvent que,
du vivant de Fritz, alors qu'il n'y avait
aucune douleur à respecter, M. Van Hove
appréciait le talent de l'enfant. Fritz a faisait

des paysages plus nature que nature», c'était
son expression (i). Le 19 septembre dernier,
il va chez le père Van de Kerkhove. « J'ai eu
ici Victor Van Hove; nous avons encore examiné
quelques panneaux de Fritz et lui aussi en est
extasié. Tout en l'ayant vu faire ces petits
tableaux et tout en voyant qu'il y avait là de
l'avenir, il n'y attachait pas plus d'importance
que nous ; il nous engageait à le laisser faire, à
le laisser tripoter (2). »

Dans une lettre, datée du 1er mars, je lis,
à propos d'un portrait de Fritz : « Van Hove
» va faire un médaillon, grandeur naturelle.
» Ce sera un véritable objet d'art, je me pro-
» pose de le faire foudre en bronze. »

Une autre, toute récente encore, datée du
8 mars, peu de jours avant l'enquête-Rous-
seau, contient deux passages bien faits pour
exercer l'esprit le plus perspicace- «Toujours,
» toujours, cher ami; marche! marche!
» comme dans le Juif errant; mais du cou-

» rage, c'est pour notre Fritz........

» Voici cependant une idée de Van Hove
» qui me paraît bonne et qui doit donner,
» dit-il, le dernier coup aux incrédules. —
» Assommez-les, dit-il, avec les attestations
» dont vous avez plus qu'assez. Que M. Siret
« fasse imprimer une feuille cn plus pour
» son prochain numéro et les y mette toutes.
» Si après cela ils doutent encore, ce sera
» une insulte à tous les signataires.

«Van Hove m'a encore dit qu'il se fait
» en ce moment une enquête dirigée par
» M. Leclercq (Jacques) de la Chronique. 11
» s'est adressé à lui. J'ai lu la lettre dans
» laquelle M. Leclercq lui demande s'il est
» vrai que Fritz a travaillé avec lui dans son
«atelier etmême pour lui ; il lui demande
» en outre comme ami, de lui dire la vérité,
» toutela vérité.Van Hove a répondu qu'étant
» toujours à Heyst, il lui arrivait de temps
» en temps de venir me rendre visite et qu'il
» avait vu peindre Fritz une fois sans y faire
» plus d'attention que les parents eux-
» mêmes, que les artistes et tout le monde
» avait tort d'exagérer cette affaire , qu'il
» avait lui-même en sa possession un tableautin
» où se retrouvaient toutes les qualités de
» l'enfant ; mais qu'il n'y avait là rien de
» miraculeux, etc... M. Leclercq lui demande
» aussi des noms. Van Hove répond qu'il ne
» veut pas se mêler de cette enquête, que le
» temps lui manque, etc. etc... »

Je le répète, malgré ma bonne volonté,
mon esprit ne parvient pas à voir clair dans
cette conduite. Cette amitié, cette apprécia-
tion du talent de l'enfant, même pendant sa
vie, cette absence complète de doute, de
toute allusion faite à n'importe qui sur la

(1) Lettre du 12 septembre 1874.

(2) Lettre du 20 septembre.
 
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