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Journal des beaux-arts et de la littérature — 23.1881

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https://doi.org/10.11588/diglit.18918#0123
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N° 15. 19 Août 1881. f ? 27 MJG 81 ? ] Vingt-troisième Année.

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JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.

membre de l'académie rov. de belgique, etc.

SOMMAIRE : France : Des pierres gravées. —
Octave Tassaert. — Chronique générale. — Ca-
binet de la curiosité. — Annonces.

France.

DES PIERRES GRAVÉES.
(Suite).
VII.

Toutes ces gemmes sont transparentes.

La prase, l'opale, l'agate et la cornaline
sont demi-transparentes. Le jaspe et la tur-
quoise sont opaques.

VIII.

La prase a les tons verts de l'émeraude.

L'opale ondoyante varie sa couleur au gré
du soleil. Selon qu'on les expose à ses
rayons, les ondes laiteuses de l'opale réflé-
chissent tour à tour le jaune, le vert, le noir
et le bleu. Les Grecs donnaient à cette
gemme un surnom qui signifie «beau comme
l'Amour. » Au moyen-âge, Albert, le Grand
désignait l'opale sous'le nom à'orphana,
voulant marquer ainsi l'isolement de cette
pierre parmi les plus précieuses qu'elle
éclipse de sa beauté.

L'agate rappelle alternativement la neige,
la cire ou le sang. Diaphane, elle est dite
orientale ; nébuleuse, elle prend le nom de
calcédoine. Si l'eau de la pierre est brouillée,
l'agate est appelée cacholong.

A-t-elle reçu de la nature un ton de chair,
elle devient une sardoine ou une cornaline.

IX.

Le jaspe est des plus varié dans sa gamme.
Il passe du vert au brun, du jaune d'or au
gris. On connaît encore les jaspes veiné,
fleuri, sanguin et grammatique.

La turquoise n'est pas une gemme, c'est
une substance osseuse, pétrifiée par le mé-
lange d'un oxyde de fer. Dès longtemps, les
artistes l'ont travaillée ; les vieux Égyptiens
gravaient sur turquoise. La Turquie, la Perse
et les Indes fournissent la turquoise orien-
tale ; la Silésie, la Bohême et la France, la
turquoise d'Occident. Monochrome, elle est
toujours bleue ; mais la pâleur ou la vivacité
de la nuance fait le prix de la turquoise.
Quand elle reflète le- ton pâle et clair de
l'azur, elle est sans défauts.

paraissant deux fois par mois.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS.

étranger : 12 fr.

X.

La turquoise, le jaspe, la prase, l'opale et
les gemmes transparentes dont j'ai parlé,
servent le plus souvent à graver l'intaille.
Et si l'intaille a précédé le camée dans l'ordre
du temps, si les scarabées d'Egypte, les
cônes, les barrillets et les cylindres de
Ninive et de Phénicie sont des intailles,
tandis que les camées les plus anciens ne
remontent à grand'peine qu'à l'époque d'Oth-
ryades, c'est le camée qui l'emporte chez
les modernes parmi les pierres gravées.

XI.

Modelé comme un bas-relief, il resplendit
et rayonne à l'exemple d'une fresque. Que
dis-je ! si vives que soient les couleurs dis-
posées sur le mur d'un monument, elles
reçoivent la lumière et l'atteignent. En effet,
la réfraction n'est jamais plus puissante que
sur une surface blanche et nue. Les rayons
du soleil tombant sur une page de Parrhasius
ou de Raphaël se brisent et s'émoussent.

Un autre phénomène se produit quand les
ondes lumineuses baignent une pierre gravée.
C'est de l'œuvre elle-même que semblent
jaillir les rayons. On dirait d'une flamme
intérieure, d'un foyer subtil et pénétrant sur
lequel la main de l'homme, ajoutant à celle
du Créateur, a jeté comme un manteau
d'âme. L'émeraude et le jaspe ne cessent de
brûler; ce sont des pierres incandescentes
dont les teintes chaudes et mobiles font
songer aux laves des volcans. Mais la lave
passe éternellement du rouge vif au rouge
blanc, tandis que les gemmes projettent
toutes les couleurs du prisme.

Il était toutefois nécessaire que l'artiste
pût fixer le ton d'une draperie, en opposition
avec le nu, le caractère d'un accessoire fai-
sant équilibre au héros principal d'une scène
compliquée. Il importait, en un mot, que les
teintes fusibles et scintillantes de certaines
pierres demeurassent immobiles sous le
regard. La sardonyx a permis de résoudre
ce problème.

XII.

Formée le plus souvent de trois couches,
la sardonyx est brune, blanche et noire.
Mariette a cru pouvoir dire que Crozat avait
possédé un sardonyx à quatre couches.

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE

a s'-nicolas (belgique).

Millin nous apprend que Mariette s'est
trompé ; cependant les anciens ont travaillé
des sardonyx à quatre et cinq couches.

Au reste, trois couches bien distinctes,
d'épaisseur régulière, d'un grain serré, d'une
teinte nette et pure, quelle fortune pour le
graveur! Il peut concevoir son drame sur
deux plans, et le fond du tableau tranchera
par sa couleur avec la gravure. Certaines
variétés de sardonyx n'ont que deux couches.
Ce n'est pas moins cette pierre que préfére-
ront toujours les artistes pour sculpter un
camée.

Malgré la ressemblance du nom, la sar-
donyx ne doit pas être confondue avec la
sardoine, qui est une agate monochrome,
tandis que la pourpre de la sarde et le blanc
de l'ongle (Svu?) sont les tons majeurs de la
sardonyx.

XIII.

Ce que j'admire en face des pierres pré-
cieuses, ce n'est pas la fécondité de la nature.
Celle-ci est l'œuvre de Dieu, et chaque jour,
à chaque heure, ses merveilles, à peine pres-
senties, confondent l'intelligence humaine.
La nature n'a pas besoin d'éloges. La célé-
brer, ce n'est pas la grandir, c'est témoigner
de notre impuissance. Ce que j'admire, c'est
le génie de l'homme, qui s'est emparé des
gemmes et les a travaillées.

Il était à craindre qu'après avoir fouillé le
lit des fleuves, percé les flancs de la mon-
tagne pour en extraire ces constellations
terrestres, le diamant, le rubis, la topaze,
l'homme voulût borner son effort à se faire
uue parure de brillants. Son génie ne l'a pas
souffert. La glyptique devait prendre place
dans ses découvertes. La topaze fut gravée.
Un ornement exquis vint se surajouter à
l'éclat de ses feux. C'est la main de l'homme
qui la parachevée.

XIV.

Certes, l'artiste a chèrement payé son
audace. Il a dû tracer son dessin à la pointe
du diamant, dégrossir la pierre et la sculpter
lentement à l'aide du touret et de la boute-
rolle. Tâche difficile, je vous le jure. Et
quand on songe que quatre années, dix
années peut-être d'incessant travail seront
exigées pour un camée de quelques milli-
mètres carrés, la patience humaine apparaît
 
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