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Journal des beaux-arts et de la littérature — 25.1883

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https://doi.org/10.11588/diglit.19244#0155
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Le causeur est d'une autre école. Plein
d'esprit et de mots, il n'a pas seulement le
talent de faire monter à l'arbre l'interlocuteur
naïf, et celui-là même qui se croit très-malin ;
il jongle avec le paradoxe, et déploie dans cet
exercice une telle virtuosité et un tel sang-
froid qu'on se demande avec angoisse s'il
pense ce qu'il dit. Mieux que cela, le point de
vue est si neuf et le développement si ingé-
nieux qu'on est sur le point de se rallier à
l'opinion... qu'il ne partage pas.

Il y a aussi un quatrième Reyer : le pianiste
chanteur. Mais ce Reyer là ne se maniieste
que dans l'intimité. 11 n'a pas de doigts ; il n'a
pas de voix. On ne sait pas avec quoi il joue.
Impossible de deviner avec quoi il chante. Et
quand il esquisse sa musique ou celle d'un
maître favori, on est pris tout de même. Cela
n'a rien d'humain, et. comme dirait M. Ré-
gnier, c'est presque féerique. C. T.

(Guide musical).

INFLUENCE DES LECTURES.

En relisant le premier journal de ma vie,
je m'aperçois avec chagrin de l'influence que
peuvent exercer les écrivains sceptiques qui
se sont joués de l'âme en tournant sa gravité
en dérision. On ne fait d'abord que sourire
aux saillies de ces esprits railleurs ; mais
bientôt ou se laisse séduire par le charme
d'une ironie élégante qui a certaine marque
du génie. On la croit puissante parce qu'elle
ne respecte rien et qu'elle a pu mener à la
renommée. La véracité cependant, la bonté,
l'expansion généreuse, ne sont pas du côté
des amuseurs ; elles sont plutôt chez ces
hommes qui ont beaucoup souffert parce
qu'ils avaient sincèrement aimé, et qui surent
chanter leurs souffrances d'une voix grave et
résignée. On ne connaît que trop tard cette
vérité ! Dans les premières années de la jeu-
nesse, on ne voit le bonheur ailleurs que
dans les jeux; tourmenté d'un esprit puéril,
on cherche l'originalité, et l'on croit la trou-
ver dans l'étrangeté des sentiments. On
ignore que l'individualité réside dans la fran-
chise de l'esprit et dans la simplicité du
coeur. Il faut bien des jours et des douleurs
comprises pour apprendre à se garder de^
livres qui nous dénaturent. L'enfant et l'ado-
lescent ne peuvent saisir la vie sous son as-
pect sévère ; ils s'imaginent que tout plaisir
est consolation ; ils ne devinent pas combien
sont cruels aux infortunés les rires stériles du
front qui osent retentir en présence de leur
misère. Le jour vient cependant où, portant
Un regard réfléchi sur le monde, ils ont cessé
de croire au printemps perpétuel.

O. PIRMEZ.

BIBLIOGRAPHIE.

La céramique dans les constructions, pal*
G. Foy, gr. in-8°, 250 pages et 12 planches.
— Paris : Duclier et Cie.

Dans l'Introduction, l'auteur signale l'im-

portance que la céramique a opérée de nos
jours dans les constructions et expose le but
de son livre : «Fixer l'état actuel des procédés,
des machines et des fours adoptés dans les
grandes fabriques qui servent à transformer
l'argile en terre cuite ou faïence. »

L'ouvrage est divisé en deux parties :
Céramiques dans les constructions, — Céra-
mique décorative. Chacune d'elles est traitée
avec les développements qu'elle comporte ; il
n'est pas un produit, — depuis le brique de
campagne jusqu'au carreau de faïence, — qui
ne soit étudié, par un procédé pratique, une
manipulation qui ne soit décrite L'auteur,
après avoir étudié les argiles en général,
caractères, composition, gisement ou prove-
nance, expose sa matière dans un plan très
méthodique pour chaque produit, il donne
un aperçu historique appuyé de nombreux
exemples qui montrent bien l'étendue de ses
connaissances et le soin qu'il a apporté à la
rédaction de son livre. Il entre alors dans les
détails de fabrication : composition et prépa-
ration des pâtes, méthode de fabrication,
mode de cuisson, etc. Enfin, il décrit les prin-
cipaux appareils mécaniques les plus perfec-
tionnés employés aujourd'hui, on fait ressortir
les avantages ou les inconvénients, soit au
point de vue de la perfection du produit, soit
à celui du prix de revient pour le fabricant.

Le style toujours simple et clair de M. Foy
met la science céramiste à la portée de tout le
monde; son livre est un.guide indispensable
pour l'industriel, une source de renseigne-
ments et de documents du plus haut intérêt
pour l'architecte ou pour l'homme d'étude.
C'est enfin, — comme l'auteur l'indique lui-
même, — une tentative de rapprochement
entre le producteur et l'architecte et qui aura
pour conséquence de donner au goût du
public ou des constructeurs une impulsion
nouvelle en faveur de cette charmante appli
cation de la céramique à la décoration archi-
tecturale.

Les douze grandes planches qui terminent
le volume, toutes parfaitement gravées, don-
nent les plans et détails des machines les plus
perfectionnées, des divers systèmes de fours
les plus récents, en usage pour le cuisson.

Quand à l'exécution typographique, elle
porte, comme toutes les publications de la
maison Ducher, ce cachet d'élégance et de
correction qui distingne les livres sortis de
ses presses. D.

Bruxelles à travers les âges. — La 6e livrai-
son de cette importante publication vient
d'être distribuée; constatons avec une véri-
table satisfaction que ce beau livre tient
largement toutes ses promesses. Citons, dans
les dernières feuilles, une série de portraits
et gravures, reproductions superbes de pièces
rares enfouies dans des collections particu-
lières ou les cartons de la Bibliothèque royale :
les portraits des ducs et duchesse de Bour-
gogne, de Charles-Quint, de Philippe II,

d'Albert et Isabelle ; — les vues de l'église
Saint-Nicolas, etc., la Chapelle, de la maison
des orfèvres, — une page de Harrewyn tirée
du Luyster van Brabant, Isabelle abattant
l'oiseau, l'Ommegang devant l'hôtel-de-ville,
par Callot. Tout cela constitue un vrai régal
de gourmet et nous ne saurions trop exprimer
notre reconnaissance aux généreux collection-
neurs qui ont ouvert avec tant de bienveil-
lance leurs portefeuilles, et puis à M. Hymans
et à ses éditeurs de mettre ainsi sous les yeux
du public une foule d'œuvres dont il ne soup-
çonnait guère l'existence et qui cependant au
point de vue de l'étude de nos annales autant
qu'à celui de l'histoire de l'art présentent un
si haut intérêt.

Quant au texte, l'auteur a terminé l'histoire
des lignages par l'épisode d'Anneesens; il nous
donne le récit de l'incident, de l'arrestation,
du jugement et de l'exécution du grand pa-
triote, et cela, d'après des documents authen-
tiques; il substitue ainsi l'histoire vraie à
l'histoire plus ou moins fantaisiste qu'on nous
a jusqu'ici débitée. D.

Chronique générale.

— Nous recevons la circulaire suivante qui
intéresse bon nombre de nos lecteurs :

Anvers, 5 octobre 1883.

Monsieur,

Bien qu'à Anvers les expositions soient fré-
quentes et que notre ville ne manque pas de mar-
chands de tableaux, j'ai cru cependant qu'il y
avait moyen de créer une chose qui n'y existait
pas encore : des expositions — par invitation
d'abord et ensuite publiques — composées d'œu-
vres le plus possible Belges, ou bien d'œuvres
d'un seul artiste, ou bien encore d'un groupe
d'œuvres appartenant à une même école étran-
gère.

Pour commencer la réalisation de ce pro-
gramme, j'ouvre samedi 6 courant, à une heure
de relevée, une première exposition, ancien hô-
tel David, 23, place de Meir, où, il y a deux mois,
j'avais organisé celle de MM. H. Le Roy et fils
dont le succès n'est pas oublié.

Quoique n'ayant point aujourd'hui à vous mon-
trer des tableaux dus aux grands maîtres de
l'Ecole française, je puis cependant vous offrir
un ensemble de toiles que je crois assez intéres-
sant pour mériter votre visite.

Dans cet espoir je vous prie, Monsieur, d'agréer
l'assurance de ma considération distinguée.

J. Dupont.

— Concours international. Monument Grotius
à la Haye. Monument à ériger à Delft, place du
Marché mesurant 120 mètres de longueur sur 60
de largeur. La statue sera en bronze de trois
mètres de hauteur sur un piédestal de pierre de
taille. La maquette, un quatrième de l'exécution,
devra être remise avant le 1 décembre 1883 au
musééMeermanWeestreenen,Princessengraeht,
30, La Haye.

Pour plus amples renseignements s'adresser à
 
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