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Journal des beaux-arts et de la littérature — 26.1884

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https://doi.org/10.11588/diglit.19245#0006
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— 2 —

pas en ville, il n'y a guères que les étrangers
qui les viennent voir : il ferme soigneuse-
ment sa porte à ses concitoyens. Du reste, si
vous voulez en savoir davantage, voici trois
habitués du matin, trois Belges employés par
Pétroleus pour raccommoder ses tableaux.
Ils viennent ici boire la goutte avant d'aller
travailler. — Ah ! ce sont des Belges. Les
connaissez-vous? — Oui (il me dit leurs
noms). — Quels gens sont-ce? —Tranquilles
et peu bavards. Le grand habite avec sa fa-
mille une belle maison du faubourg. Voilà
cinq ans qu'il est ici. Les deux autres sont
des Flamands. On pouvait leur arracher les
cheveux mais une parole, jamais.

J'en avais assez et me considérai comme
suffisamment instruit.

Après le déjeûner M. X .. me conduisit
avec un peu de mise en scène dans sa galerie
de tableaux. Elle était bâtie en forme de
croix latine. La grande branche était réservée
aux tableaux des XVIIe et XVIIIe siècle ; les
branches latérales aux œuvres gothiques et à
celles de la Renaissance. Le fond était destiné
aux primitifs. M. X... me vanta l'arrange-
ment général, le bon aspect, l'excellente dis-
tribution de la lumière, etc A propos, me
dit-il, êtes-vous fort sur les gothiques? —
C'est ma spécialité, répondis-je vigoureuse-
ment. — En vérité. — Je vis l'œil de maître
Pétroleus un instant inquiet. Cela passa. Il
m'attira vers les petits maîtres hollandais. —
Si vous le permettez, lui dis-je, nous irons
directement aux gothiques.

Le jour était habilement distribué par un
vélum ingénieusement combiné. Je m'établis
au centre de la branche après avoir jeté un
regard circulaire assez rapide. Je fis remar-
quer à maître Pétroleus l'étrange et désa-
gréable effet de tant de tableaux gothiques
qui semblaient faits d'hier. Il répondit avec
un peu d'aigreur que c'était à cause des ca-
dres tout neufs et de l'intensité du vernis que
venait d'être posé. Je lui dis en m'approchant
d'un Christ au tombeau de Schongauer dont
j'avais vu la gravure dans la mansarde, que
si ce petit panneau était vrai il vaudrait
5 àôooo francs.—Il en vaut dix mille, rugit il
avec une sorte de fureur : il est de la plus
belle eau et me vient du couvent de ... où il
était depuis trois siècles. — Je jugeai inutile de
discuter avec ce misérable et j'abrégeai ma
visite autant que je le pus. La seule remar-
que que je me permis en quittant sa collec-
tion fut de lui dire que ses gothiques était
d'une admirable fabrication. Il me salua iro-
niquement en me félicitant de mes vastes
connaissances.

J'avais oublié mon voyage et ses péripéties
quand je lus dans un journal qu'on venait
de vendre la collection Pétroleus aux en-
chères publiques à des prix fabuleux. Je me
procurai péniblement et à beaux deniers un
catalogue annoté et ma stupéfaction fut
grande de voir que la plupart des tableaux

gothiques que j'avais vus pour ainsi dire co-
piés et contrefaits sous mes yeux, avaient
presque tous été acquis pour des musées
publics !

Quelle conclusion, quelle moralité tirer de
cette navrante histoire? D'un côté l'audace
des voleurs, de l'autre l'ignorance (ou la com-
plicité) des acheteurs. De garantie? nulle
part. Quand les lois atteindront sûrement et
sévèrement les fabricants de faux tableaux
comme elle sait atteindre et punir les faux
monnayeurs, alors, peut-être, pourra-t-on
s'enorgueillir des originaux que l'on pos-
sède. D'ici là les amateurs devront se tenir
en garde et se montrer méfiants vis-à-vis
des œuvres modernes ; soupçonneux devant
les petits maîtres et absolument incrédules
devant les gothiques. Comprend-on que le
fait que je viens de signaler ait été si loin que
les plus fins connaisseurs ou réputés comme
tels n'y ont vu que du feu et que plus tard le
fabricateur circulait dans les musées d'Eu-
rope devant des Durer, des Schougauer, des
Van Eyck, des Metsys, des Memling, etc.
sortis de ses mains et venait vivre somptueu-
sement aux portes de Bruxelles où il est mort
il y a quelques années?

(A suivre).

L'ART MODERNE

ET

LE JOURNAL DES BEAUX-ARTS.

L'Art moderne, qui, dit-il, lit peu le
Journal des Beaux-Arts, a entendu raconter
{sic!) que ce dernier avait énuméré les revues
et journaux d'art disparus depuis la fonda-
tion de son journal à lui.

Comme si nous n'en n'avions pas le droit !

L'Art moderne qui est très bien renté et
qui devra sans doute, à cette circonstance
heureuse, la grande longévité que nous lui
souhaitons, nous demande d'un air vexé et
renfrogné, si nous sommes subsidiés par le
gouvernement.

Faisons remarquer à Y Art moderne que
cela ne le regarde pas,mais puisqu'il a soulevé
la question, il nous plaît de lui répondre.

Non, nous ne sommes pas subsidiés par
le gouvernement. Celui-ci a souscrit, comme
il le fait pour d'autres publications, à un
certain nombre d'exemplaires pour les biblio
thèques publiques et académies du royaume,
où le Journal des Beaux-Arts trouve par-
faitement sa place, à cause du caractère sé-
rieux et scientifique de la plupart de ses
articles (1). L'Art moderne veut-il savoir à
quel chiffre s'élève la souscription de librairie
du gouvernement? Mon Dieu! lui qui paraît
s'adresser à des sources sûres, doit le savoir.
Laissons-lui donc le soin de faire connaître
à ses lecteurs, ce quantum formidable. En

(i) Si Y Art moderne veut prendre des renseigne-
ments, il saura que nos collaborateurs sont en gé-
néral, payés à raison de 3 fr. par colonne.

vérité on croirait que Y Art moderne est ja-
loux de notre succès. Nous disons : on croi-
rait, mais bien certainement cela n'est pas.

Peut-être notre confrère fait-il allusion au
subside que, d'initiative, le gouvernement
nous alloue pour notre concours de gravure ?

Voyons : pour notre concours de 1880-82
nous avons reçu 1600 francs, au moyen de
quoi nous avons à payer a5oo francs, mon-
tant des prix offerts; plus un millier de 1rs.
pour frais d'impression des Albums soit en-
semble 35oo francs dont il faut déduire les
1600 francs du gouvernement à qui nous
devons fournir 3o exemplaires représentant
une valeur réelle de 3oo francs.

Nous avons donc, de ce chef, à supporter
une perte sèche de 2200 francs.

L'Art moderne croit-il sérieusement que
la vente des Albums couvre ce déficit ?

Le cas de longévité extraordinaire du
Journal des Beaux-Arts tient à d'autres
causes que celles que soulève le misérable es-
pionnagedu graincheux journal de M. Picard.

En vérité, L'Art moderne a encore une
fois perdu une bien belle occasion de se taire.

Puisque nous y sommes et comme suite à
ce qui précède, nous croyons opportun de
donner ici la liste des collaborateurs qui
depuis un quart de siècle ont contribué, dans
la plus grande mesure, à établir la popularité
européenne de notre publication. L'Art
moderne qui enfonce les dents partout où il
croit pouvoir nous mordre, aura sans doute
ici beau jeu. Qu'il y aille donc et gaiement.

En Belgique : J. Weale.— Moke, prof, à
l'université de Gand. — Baron de Se S' Gé-
nois.—Jules Borgnet. — H. Hymans, de
l'Académie.— E. Greyson. — F. Stappaerts,
de l'Académie. — A. Pinchart, de l'Acadé-
mie. — E. Baes. — J. Swerts, art. peintre.

— H. Raepsaet. — Bon Kervyn de Volks-
kaerbeke. — de Ceuleneer, prof, à l'uni-
versité de Gand. — Aug. Schoy, architecte,
prof, à l'Académie d'Anvers. — Van Le-
rius, avocat. — Genard. — Vermoelen. —
P. Gervais. — Octave Pirmez. — Em. Van
Arenbergh, avocat. — E. Verhaeren, avocat.

— Albert Giraud. — Chev. van Elewyck,
de l'Académie. — Otto Mundler.

En France : G. Duplessis.—Jules Re-
nouvier. — J. Guiffrey.— H. Jouin. — Ch.
Cournault. — Le Roy de Ste Croix. —
J. Blum. — A. de Montaiglon.

En Allemagne et en Hollande: E. Weyden.

— Dr Forster. — Dr Bruno Meyer. —Julius
Hubner. — Muller von Koningswinter. —
Dr Julius Meyer. — L'abbé Brouwers.

De plus nous comptons bon nombre de
collaborateurs qui ont désiré garder l'ano-
nyme.

DEUX NOUVEAUX JOURNAUX.

Deux nouveaux journaux littéraires viennent
d'éclore. L'un à Bruxelles : La Renaissance,
 
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