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Jomard, Edme François [Editor]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 4,1,1: Texte 1): Etat moderne — Paris, 1809

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https://doi.org/10.11588/diglit.4822#0456

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4j 4 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS

MEMOIRE

SUR

LA PESTE.

JLjA peste avoit déjà attaqué quelques militaires à Qatyeh, à el-A'rych et à Gaza,
lors du passage de l'armée dans ces endroits pour se rendre en Syrie ; mais elle ne
se déclara d'une manière bien marquée qu'à Ramleh. Pendant le siège de Jafïk, plu-
sieurs soldats, bien portans en apparence, périrent subitement de cette maladie ;
et après la prise de cette ville, elle se développa avec une telle intensité, que,
durant le séjour que nous y fîmes, le nombre des morts étoit depuis six jusqu'à
douze et quinze par jour. Cette maladie s'apaisa pendant quelque temps, mais
ce ne fut que pour reparoître avec plus de violence ; et elle ne quitta point l'armée
jusqu'au siège de Saint-Jean-d'Acre, où elle exerça le plus de ravages.
• Voici les principaux phénomènes qu'elle m'a présentés, à des degrés différens,
chez tous les malades que j'ai vus ou traités.

On languit quelque temps dans un état d'inquiétude, de mal-aise général, qui
empêche de rester un seul instant dans la même position. Tout devient indiffé-
rent ; l'appétit pour les alimens ordinaires disparoît ; on conserve, dans les pre-
miers momens, le désir de prendre quelques liqueurs stomachiques, telles que
du vin ou du café ; on éprouve une difficulté de respirer, et on cherche en vain
de l'air pur. A cette anxiété succède une foiblesse générale ; il survient des dou-
leurs sovirdes à la tête, principalement au-dessus des sinus frontaux, et aux arti-
culations ; toutes les cicatrices deviennent douloureuses ; il y a souvent des co-
liques ; des frissons irréguliers se font sentir dans toute l'habitude du corps, et
particulièrement aux extrémités inférieures ; le visage se décolore; les yeux sont
ternes, larmoyans et sans expression ; les excrétions sont suspendues ; il se déclare
des nausées, des envies de vomir, et même des vomissemens de matières d'abord
glaireuses, ensuite bilieuses. Dans les premiers momens, le pouls est petit et
prompt ; quelques heures après l'invasion de ces symptômes, il se manifeste une
chaleur universelle qui paroît se concentrer dans la région précordiale ; le pouls
s'élève et devient accéléré ; la surface de la peau est bridante et se couvre d'un
enduit gommeux. Les douleurs de tête augmentent et produisent des vertiges ;
les yeux sont hagards, la vue se trouble, la voix s'affoiblit ; le malade s'assoupit,
et éprouve, par intervalles, des contractions involontaires dans les muscles des
extrémités et de la face. Alors la fièvre est allumée; le délire arrive plus ou moins
vîte, et devient furieux chez quelques-uns. J'en ai vu, sous Acre, sortir de 1 hô-
pital ou de la tente, courir dans les champs, entrer dans la mer jusqu'à mi-corps,
 
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