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Le Journal d'Abou Naddara = Abū Naẓẓāra = The Man with the Glasses = garīdat abī naẓẓāra = The Journal of the Man with the Glasses = Journal Oriental Illustré — Paris, 1887

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La France n’a jamais fait que dubien à l'Egypte et l’Angleterre ne
lui a jamais fait que du ma] A quoi ceia tient-il '' A ce que la France
a toujours aspire'à laisser l’Egypte maîtresse de ses destinées, et l'An-
gleterre jamais. Cela étant, il nous importe pou que le Khédive actuel
ait peur ou n’ait plus peur des Anglais; ce qui nous importe unique-
ment, c’est que l’Egypte, avec la sympathie de tous les esprits libéraux,
rentre en possession d’elle-même et du souverain légitime que lui
assigne la loi de la tradition musulmane.

ABOU NADDARA AUX PATRIOTES ÉGYPTIENS

Chers Amis et chers Concitoyens,
Beaucoup d'entre vous m’ont demandé, séparément et par lettres
privées, ce que l’oç devait penser, en Egypte, de la révolution prési-
dentielle qui vient de se produire en France. Que devait il en résulter
de bon ou de mauvais pour nous?
.Je vais vous répondre collectivement et par lettre publique, car la
chose en vaut la peine.
Mais d’abord, sachez, mes amis, qu’il en va tout autrement en
France que chez nous.
Chez nous, c’est le Khédive, si domestiqué qu'il soit devenu par les
Anglais, qui est l'homme, et c'est la nation égyptienne qui est la
femme.
En France, c’est absolument tout le contraire. C’est le couple,
représenté par un parlement, qui est l’homine, et c’est le Ôouver-
nement, représenté par le président delà République, qui est la
femme.
En ma qualité d’étranger, recevant une noble et généreuse hospi-
talité parmi les Français, il va de soi que je ne puis me permettre
d'apprécier, soit en bien, soit en mal, un pareil état de choses. Je le
constate, et voilà tout.
Par malechance, pendant ces derniers mois, il est arrivé que beau-
coup de cancans et de calomnies ont été débités sur le compte du
président Grévy et de sa famille.
Je vous le dis, dans toute la sincérité rie mon cœur, ces cancans et
ces calomnies n’étaient pas fondés. On faisait des montagnes de ce qui
était à peine une taupinière. Et, pour moi, comme pour beaucoup
d’autres, le président Grévy est resté l’homme éminent, honoré et
honorable entre tous, que j'ai si souvent présents à votre sympathie et
à votre respect.
Mais le peuple et le parlement français ne l’ont pas entendu de cette
oreille ; et ces républicains, tout aussi fiers et tout aussi orgueilleux
que le plus grand des autocrates romains, se sont écriés, eux aussi .
— « Il se peut que le président Grévy soit la victime sacrifiée de tous
les bruits qui s’élèvent aujourd’hui contre l’Elysée, mais la femme de
César ne doit pas même être soupçonnée, et nous le répudions rien que
sur un soupçon, qu’à part nous, nous sommes les premiers à estimer
injuste. »
Vous connaissez, mes chers amis et concitoyens, les suites de cette
répudiation. Le président Carnot a succédé au président Grévy dans
les faveurs du peuple et du parlement français, et c’est lui qui, selon
l’expression célèbre du poëte Racine « partage à la fois et leur trône
et leur lit. »
Qu'est-ce que M. le président Carnot, élevé à une si haute fortune et
à l’honneur d’un pareil choix? La France est si riche en hommes d’Etat
plus célèbres que lui, qu’au premier moment on s’est demandé ce que
signifiait son élévation aussi subite qu’inattendue.
Ce que signifie cette élévation, je vais vous le dire :
M. Carnot est le petit-fils d’un homme qui, dans son temps, égala
presque le général Bonaparte en talents militaires, et qui le surpassa
en vertus civiques. Le grand père de M, Carnot fut surnommé « l’or
ganisateur de la victoire » sous la première République, et je ne doute
pas que son petit fils mériterait le même titre, si la fatalité des cir-
constances, lançait de nouveau laFrancedans les luttes européennes du
dernier siècle. C’est une âme profondémen pacifique, mais c’est un
cœur ferme, n’étant en dessous de rien de ses traditions de famille et
capable de faire face à toutes les éventualités d’un avenir prochain.
Quant à sa politique vis à vis de l’Egypte, elle est bien simple : c’est
celle qui veut son émancipation nationale, dans le double intérêt de
l’équilibre de la Méditerranée et de la liberté de la mer Rouge.

Nous lisons dans Le Figaro du 5 décembre 1887 .
Notre confrère égyptien, le cheikh Abou Naddara, le doyen
des écrivains orientaux résidant à Paris, affirme que l’élec-
tion du nouveau Président de la République sera favorable-
ment accueillie par les peuples d'Afrique : il dit :
Son double nom sonne agréablement aux oreilles arabes.
Sadi signifie bonheur, chance, félicité : Carnot signifie du siècle.
Cela s’interprète tout naturellement : « Sadi Carnot, le bonheur de
: son siècle, »
Qu’Allah l'entende !
Nous lisons dans la Correspondance Havas du 5 décembre ce qui suit g
Notre excellent confrère égyptien, le Cheikh Abou Naddara,
doyen des journalistes orientaux résidant à Paris, félicite le
nouveau Président de la République, dans une improvisation

en vers qui nous révèle cette curiosité : Sadi Carnot sont deux
mots arabes qui signifient : Bonheur de son siècle.
Voici la strophe qui renferme cotte interprétation.
Paix et gloire à toi, Président
Bien-aimé de la République !
Ton double nom est sympathique
A tout le peuple musulman ;
Car,dans la langue du Prophète:
Bonheur du siècle, il s’interprète.
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